Ibrahima Kourouma réplique : « Sans loi a tort… » (interview)
CONAKRY-Le ministre de la ville et de l’aménagement du territoire a brisé le silence dans l'affaire des baux qui oppose l’Etat guinéen à l’opérateur économique Elhadj Ousmane Fatako Baldé ‘’Sans Loi’’. Alors le président de la coordination haali poular crie à "l'acharnement" et à "l'injustice" à cause de son opposition au troisième mandat, Dr Ibrahima Kourouma, rejette cette thèse. Selon lui, l'opérateur économique est dans l’irrégularité parce qu'il n'a pas respecté les clauses du contrat. Dans cet entretien, le ministre de la ville a également fait une promesse aux commerçants déguerpis de Kindia.
AFRICAGUINEE.COM : Le gouvernement a engagé les opérations de déguerpissement au centre sans loi de Kindia alors qu’un moratoire de deux mois avait été récemment accordé aux occupants. Qu'est-ce qui s'est passé ?
IBRAHIMA KOUROUMA : Il n’y a pas eu moratoire de deux mois, c’est 72heures. Les deux mois qui leur avaient été donnés, c’est parce qu’il y a une loi qui interdit qu’on déguerpisse les gens d’un local pendant la saison de pluie. Donc, en ce moment on ne pouvait rien faire, mais après ça ils ont été saisis par voie d’huissier et on a saisi le procureur pour qu’il puisse être informé de ce qui se passe. Le dernier ultimatum qu’on leur a donné c’était les 72 heures, et ce délai est passé. Donc on ne peut pas continuer à donner du temps alors qu’on en a suffisamment donné.
On a appris que l’affaire est pendante au niveau de la Cour Suprême, pourquoi n’avoir pas attendu que la procédure arrive à son terme ?
Quelle affaire pendante ? Il n’y a aucune décision pendante à la Cour Suprême entre ‘’Sans Loi’’ et l’Etat. On n'est jamais arrivé en justice.
Dites-nous alors monsieur le ministre comment en est-on arrivé là ?
Il y a un bail qui a été donné depuis 2003, ça fait 17 ans, les conditions et les conclusions du bail n’ont pas été prises en comptes par le promoteur. Donc ce qui se passe, nous chaque année nous faisons les revues des différents baux qu’on a. Et je tiens à préciser que ce qui se passe aujourd’hui date de 2019 pas maintenant. Donc il faut qu’on sache que c’est depuis 2019 que le bail avec Sans Loi a été annulé, ça lui a été signifié, lui-même a écrit à un moment donné pour nous dire que le travail n’a pas été fait. Il nous a écrit pour dire qu’il faudrait qu’on lui donne encore du temps. Nous on a dit que 17 ans c’est trop. Comment après 17 ans vous nous écrivez encore pour dire que vous voulez qu’on vous donne du temps pour que vous fassiez les travaux ? Ça ne peut pas continuer.
On a compris à travers ça qu’il y a déjà une mauvaise foi et en suite, au lieu de faire un super marché comme ça devrait se faire pour la zone, il fait du commerce là-dans, il loue à des gens. Les clauses du contrat n’étant pas remplies, on a pris la décision d’annuler et puis le lui signifier par voie d’huissier en donnant plusieurs avertissements pour qu’il quitte les lieux. Maintenant je pense que l’Etat a besoin du site, nous devons faire autre chose avec, on est obligé de récupérer et c’est normal car l’Etat est dans ses droits vis à vis de lui.
M. Ousmane Baldé ‘’Sans Loi’’ parle d’un acharnement contre lui à cause de son opposition contre le troisième mandat et ses prises de position contre la gouvernance actuelle. Que répondez-vous ?
Peut-être lui il a une autre analyse, mais nous on n'agit pas parce que c’est une affaire politique, ça n’a rien à voir. Pourquoi un acharnement politique contre lui ? Il n’est pas le seul dans ce cas, il n’y a aucun acharnement. Plusieurs baux sont annulés à maintes reprises chaque année. On a annulé beaucoup de baux qu’on n'en parle pas. Lui pourquoi il veut se victimiser ? Soi-disant que c’est un acharnement contre lui à cause de son opposition au troisième mandat du président de la République. C’est lui qui le dit, nous on n’est pas dans cette situation. Nous, nous travaillons de manière à ce que l’Etat rentre en possession de ses droits.
La chose la plus importante que je veux pour l’Etat, c’est de récupérer son dû et de faire en sorte que l’ensemble des guinéens puissent bénéficier. Il n’est pas le seul qui va garder un site pendant 17 ans et continuer encore à le garder alors qu’on peut faire autre chose avec. Alors, ce qu’il doit voir, et ce qu’il faut dire aux populations, il est dans l’irrégularité, il n’a pas respecté les clauses du bail et l’Etat retire et en fait ce qu’il veut.
Pourquoi son domaine à Matam est dans vos collimateurs alors qu’il soutient qu’il a bénéficié d’un décret de feu président Lansana Conté lui donnant cette partie ?
Les textes sont très clairs quand on a un décret. Vous ne pouvez-vous accaparer d’un lieu sous prétexte que vous avez un décret alors que la Loi demande que quand vous avez un décret pour récupérer un lieu vous devez payer un prix équivalent. Si on vous dit le prix qu’il a payé pour avoir là-bas vous allez vous prendre la tête. Donc ce n’est pas possible, et les conclusions de cet acte-là n’ont pas été respectées, on ne peut pas continuer à garder ça, et je vous précise encore que ces genres d’attitudes que nous avons ne sont pas des attitudes ciblées. C’est l’ensemble de tous ceux qui sont dans cette situation.
Pourquoi on fait les récupérations des biens de l’Etat aujourd’hui ? On le fait parce qu’il y a certaines choses qui ont été faites de façon irrégulière. Et quand c’est fait de la sorte, l’Etat est obligé d’agir pour récupérer ses droits. Tout ce qu’on va vous dire ce qui est liée à cette situation, Sans Loi même sait qu’il n’est pas la régularité. Les textes existent et le ministère de la ville et de l’aménagement n’agira jamais contre quelqu’un sans que les textes ne soient respectés. Parce que le président de la république ne nous permettra pas de prendre des dispositions contre quelqu’un qu’il soit commerçant ou un homme d’affaire, même un simple citoyen on ne peut pas le faire sans respecter la Loi.
Parlant toujours du cas du CFAO e Kindia, il y a la famille Cissé qui réclame le domaine, déclarant qu'elle a été expropriée en 2003. Parlez-nous-en ?
Le ministère n’est pas encore saisi de ce dossier. Ce que nous nous connaissons dans les documents qui lient le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire, c’est le bail que nous avons avec Sans Loi. C’est sur ça que nous agissons aujourd’hui. Maintenant s’il y a quelqu’un qui se réclame, il n’a qu’à écrire au ministère et en ce moment on verra ce qu’il y a. Mais ce qui est évident, c’est un domaine de l’Etat et nous le récupérons.
Quel sort réservez-vous aux occupants qui ne sont que des victimes collatérales ?
Oui c’est vrai, l’Etat prévoit quelques mesures. Mais nous ce que nous voulons, c’est de façon claire et officielle que la résiliation soit connue, que l’Etat récupère son dû. C’est un lieu commercial, l’Etat décidera ce qu’il en fera ensuite. Mais je voudrais rassurer la population de Kindia et en tout cas ces commerçants que l’Etat ne va pas travailler à ce qu’ils soient brimés.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
& Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 13 novembre 2020 17:46
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