Conakry : Pourquoi les prix ont flambé sur les marchés ?
CONAKRY- Un peu plus de 3 semaines après le scrutin du 18 octobre ayant débouché sur une crise postélectorale, certains marchés de Conakry et de l’intérieur du pays peinent à retrouver le rythme normal des activités. La plus part des commerçants ont toujours leurs boutiques et magasins fermés, les uns par peur d'être victime de pillages, les autres en guise de protestation contre les résultats de la présidentielle.
Selon le constat au marché de Matoto, plusieurs boutiques et magasins sont toujours fermés. Les rares qui sont ouverts, sont partiellement chargés de marchandises. Conséquences : La rareté et parfois le manque des denrées de première nécessité ont provoqué une flambée des prix. Constat.
Le prix d’un sac de riz importé de 50 kg varie de 275 à 310 mille Gnf alors qu’il était vendu entre 260 et 300 mille, selon la qualité. Un sac de sucre de 50 kg qui s'achetait à 300.000 GNF, s'arrache aujourd'hui à 325.000 alors que le bidon d’huile d’arachide de 20 litres s’arrache à 245 mille francs guinéens. Le kilogramme de viande se négocie à 60 mille francs guinéens soit une augmentation de 20 mille francs guinéens. De 7000, le kilogramme de riz du pays s’achète à 8 mille Gnf actuellement sur le marché tandis que le bidon de patte d’arachide est à 380 mille Gnf. Un sac d’oignon s’achète à 300 mille Gnf soit une hausse de 20 mille Gnf.
Rencontré au marché Matoto où il vend, Mamadou Lamine Diallo, commerçant exprime ses inquiétudes et critique l’attitude du maire de Matoto qui a menacé de déloger les commerçants qui refusent d'ouvrir leurs boutiques.
«Presque 90% des prix des produits ont flambé sur le marché. Certains disent qu’au port, les frais de dédouanement ont augmenté alors que d’autres disent que c’est la crise dans le pays. Dans l'un ou l'autre cas, les prix des produits ont grimpé. C'est le constat", a-t-il expliqué, avant de dénoncer les propos du maire Mamadouba Tos Camara.
"Le maire devrait plutôt dire aux commerçants qu’il va assurer la sécurité des marchés au lieu de menacer de les déloger s’ils n’ouvrent pas leurs magasins. Quand on a attaqué le marché, il n’est pas venu pour constater les pillages. Donc, il ne peut pas nous obliger d'ouvrir parce que si on vandalise et pille des marchandises, il ne va pas nous aider. Les autorités doivent sécuriser le marché d’abord en posant des actes concrets. La sécurité qui est là, c’est nous qui les payons, mais quand ça déborde ils ne peuvent rien faire. C’est l’Etat qui peut sécuriser nos marchés en mettant un bon dispositif sécuritaire", a déclaré ce commerçant.
Rencontré dans le marché, un père de famille a fustigé la gestion de la crise par les autorités. Il reproche au maire Mamadouba Tos Camara de n’avoir pas pris à temps des dispositions pour sécuriser le marché afin de prévenir les pillages.
«La cherté des prix sur le marché c’est l’Etat qui en est le responsable. Avec cette crise, la devise est montée. Le stock de marchandise importée dans le pays est épuisé. Nos amis commerçants ont été victimes de pillages. De gens parfois accompagnés par des agents des forces de défense et de sécurité sont venus s’attaquer aux boutiques et magasins. Le maire ne peut pas menacer les commerçants puisqu’il n’a pas envoyé des gens pour sécuriser le marché. Tu te débrouilles et tu cherches pendant des années un fond pour faire ton commerce, des bandits viennent voler en quelques heures. Nous souffrons parce qu’à chaque fois on n’est victime. On n'a rien vu. Pour la sécurisation des marchés par le gouvernement on veut des actes. Nous sommes fatigués des promesses», martèle ce père de famille.
Les consommateurs sont unanimement désemparés face à l’augmentation vertigineuse des prix. Madame Camara Aminata, mère de famille exprime son désarroi. «Le marché est devenu très cher. J’ai demandé le prix d'un petit poisson, on m'a dit que c’est à 20 mille. Aujourd’hui, si tu as 50 mille Gnf, tu ne peux pas faire des achats. Je suis en location et je dois payer les fournitures scolaires de mes enfants qui doivent bientôt reprendre l’école. C’est vraiment dur actuellement. L'Etat doit penser à sa pauvre population pour revoir les prix sur le marché. Sinon, je ne sais pas qu’est-ce que nous allons devenir», s’est lamentée Madame Camara Aminata.
Pour faire face à cette situation, le ministre du commerce, Boubacar Barry a rassuré que des dispositions sont prises par le gouvernement. «Les problèmes ont été classifiés en 4 catégories. Les problèmes de sécurité, d’accessibilité, d’approvisionnement et de prix. Le ministère est en train de travailler avec les opérateurs économiques sur ces questions liées à l’approvisionnement et au prix. Cet approvisionnement consiste à la mise à disposition des produits du centre principal Madina vers les autres marchés de la capitale. Les denrées existent suffisamment et nous avons des stocks qui peuvent nous couvrir jusqu’au mois de mars 2023», a rassuré le ministre.
Un reportage de Bah Aїssatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 9 novembre 2020 15:58
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