Makalé Camara: « Verser ce pays dans le chaos n’est pas la solution… »
CONAKRY-Empêchée de voter ce dimanche faute carte d'électeur valable, la candidate du parti FAN (front pour l'alliance nationale) vient de briser le silence. Interrogée ce lundi 19 octobre par Africaguinee.com, madame Makalé Camara a fait des confidences. L'ancienne ministre des affaires étrangères, lance également un appel aux guinéens. Interview.
AFRICAGUINEE.COM : Vous n'avez pas pu voter ce dimanche. Pouvez-vous revenir sur cet épisode ?
MAKALE CAMARA : Ils ont égaré ma carte comme pour beaucoup de guinéens. Beaucoup de guinéens n’ont pas voté hier, juste parce qu’ils n’ont pas pu retrouver leur carte. Ce qui est curieux, dans ma famille, tout le monde chacun a reçu sa carte, les enfants avec lesquels je suis allée me faire recenser ont leur carte et ont voté. Ensuite, ils disent que je ne me suis pas fait recenser. C’est notre pays, ce qui fait que notre pays a besoin de changement. Ces choses sont inacceptables. A la limite, on expulse du fichier les fictifs mais pas qu’à même une personnalité connue et reconnue comme moi. En plus une candidate aux élections présidentielles. Ils auraient pu faire une dérogation. Qu’est-ce que voulez que j’en dise plus ? Ce pays est comme ça aujourd’hui.
Quel est votre constat globalement sur le déroulement du vote ?
Les guinéens se sont largement exprimés Dieu merci. Parce qu’ils tiennent à ce qu’il y ait un changement dans ce pays. Je souhaite que leur vote régulièrement exprimé soit reflète les résultats, qu’il n’y ait pas de fraude massive. Bien qu’à certains endroits, on a relevé des choses qui ne sont pas correctes. Hier, sur la rue on a photographié des urnes près de Taouyah. Des urnes ont été subtilisées, des gens les entouraient et étaient en train de manipuler. La route était barrée personne ne passait. Quelque part dans Dubréka, des militaires sont venus enlever des urnes. Dieu fasse que tout se passe dans les meilleures conditions du monde, que les suffrages valablement exprimés soient sauvegardés.
Vous dénoncez des irrégularités et des cas de fraudes. Allez-vous reconnaitre les résultats ?
Ça, je ne peux pas me prononcer d'abord. Attendons. On ne peut pas dire que je ne reconnais pas les résultats sans qu’ils ne soient là. Attendons de voir les résultats qui vont sortir des urnes. Je ne veux pas allez vite en besogne. Je ne peux pas prédire l’avenir. J’attends les résultats qui vont sortir et justement, j’aurais toutes les raisons de les reconnaitre ou de ne pas les reconnaitre.
Avez-vous un message à l'endroit des guinéens qui attendent les résultats ?
Je dirais tout simplement nous devons être calmes. Rien ne sert à continuer de fracturer ce pays. Nous avons des moyens légaux pour revendiquer nos droits. Je demande à mes partisans de ne pas aller dans la rue, parce que dans la rue des gens trouvent la mort. Tout guinéen qui meurt est une perte de trop. En tant que maman je ne supporte pas de voir surtout des enfants dans la rue en train d’être tués. Mais la communauté internationale est avisée. L’éveil de la population est là, ce sont maintenant les militants qui veillent eux-mêmes sur leurs voix.
Je demanderais au peuple guinéen d’être vigilant, de ne pas se laisser voler impunément, de sauvegarder leurs voix et de les revendiquer si jamais elles étaient détournées. Ce que je veux dire qu’on utilise les voies légales de revendication. Qu'on attire l’attention de la communauté internationale et de notre nation sur les pratiques d’un autre âge qui se passent au cours des élections ici. Mais de ne pas céder à la violence et à la rancœur parce que ça ne nous amène nulle part. Verser ce pays dans le chaos ce n’est pas ça la solution. La solution c’est de revendiquer légalement ce qui ne va pas et le dénoncer jusqu’à ce qu’on aboutisse à la satisfaction de l’audimat.
Entretien réalisé par Bah Aїssatou
Pour Africaguinee.com
Tél : (+224) 655 31 11 14
Créé le 19 octobre 2020 14:54Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Election présidentielle, Interviews, Makalé Camara