N’Zérékoré: A la rencontre d’Aissatou Soumaoro, la bachelière qui a accouché des jumeaux

Aissatou SOUMAORO , son mari Mory CAMARA et leur jumeaux

NZEREKORE-Sa bravoure et son courage ont forcé l'admiration de tous ! Aissatou SOUMAORO élève de la terminale Sciences Mathématiques au lycée de Kounkan, une sous-préfecture de Macenta, a donné naissance à des jumeaux (un garçon et une fille) pendant l'examen du baccalauréat, session 2020. Mais elle n'a pas eu peur, ni la fébrilité de revenir dans la salle d'examen affronter les épreuves.


Notre correspondant dans la région de N'zérékoré, est allé à sa rencontre, ce mardi 1er septembre 2020, jour du baptême de ses deux jumeaux, dont la cérémonie a été célébrée au quartier Bellevue dans la commune urbaine de Nzérékoré. Elle raconte comment elle a passé l'année scolaire, en étant en grossesse.

 « Au début ce n’était pas facile. Mais à chaque fois je me forçais. Après avoir fait mes travaux de ménage, je révisais. Chaque nuit, je révisais une à deux leçons. Je tombais malade mais ce n’était pas souvent. Je remercie mon mari pour le soutien. C’est pour cela j’ai eu du courage. Mon mari m’a beaucoup soutenu, ma belle-famille aussi. C’est tout ce qui m’a donné le courage d’affronter le bac avec ma grossesse avancée », a soutenu Aissatou SOUMAORO.

Objet de moqueries

Tout au long de l'année scolaire, cette jeune dame faisait l'objet de moqueries de la part de ses amies de l’école, confie-t-elle. Même au centre ‘’Moussa Dadis Camara’’ où elle a fait le bac, cela n'a pas cessé. Mais elle a su surmonter tout ça, en prenant de la hauteur. D'ailleurs, elle tire le chapeau au délégué Boh Mory KOUROUMA qui l’a beaucoup soutenu et encouragé pendant le bac.

‘’Mes amis se moquaient de moi à l’école. Mais moi cela ne me disait rien, ça ne me dérangeait pas. Ils me disaient souvent ton ventre est gros. Quand ils se moquaient de moi, tout ce que je leur disais c’est je dois faire le bac et le décrocher aussi. J’avais un seul objectif : affronter le bac. Je remercie beaucoup le délégué de m’avoir encouragé et soutenu pendant le bac. Le premier jour qu’il m’a vu, il m’a beaucoup encouragé. Il a directement dit : la femme-là est courageuse. Ses conseils m’ont beaucoup réconforté alors que mes amis riaient sur moi.

Le premier jour quand je suis rentrée, mes amis disaient : ton ventre là est gros deh, mais je n’ai pas écouté. Je me disais toujours que je vais faire le bac et l'avoir encore s’il plait à Dieu. Eux ils me disaient:  laisse l’année-là passer pour faire le bac l'an prochain. Je leur répondais : j’ai fait 9 mois, cela n’est pas égal à 09 jours. J’ai eu tout le soutien de mon mari et j’ai pris du temps pour réviser mes cours et affronter le bac. Donc pour rien je n'allais croiser les bras et laisser le bac m'échapper.  Le délégué m’a vraiment encouragé. A chaque instant, il passait dans notre salle pour me demander si ça va. Même le jour où j'ai accouché, le délégué est venu à 12h. Je voulais partir manger, mais je ne pouvais pas me lever. Lorsqu’il est venu, il m’a demandé madame tu peux te lever, je lui ai dit non. Alors il m’a dit : c’est bon tu peux rester assise. Quand ils ont lancé encore la deuxième épreuve, il est revenu pour me demander si ça va mieux.  Je ressentais des douleurs mais j’ai gardé ça pour moi seule’’, explique-t-elle.

J'ai crié

 ‘’Ce jour, j’avais mes pieds lourds. Mais je me suis efforcée en allant au centre. Après la première épreuve je voulais sortir pour trouver à manger mais je ne pouvais pas me lever. Je suis restée tranquille. Ils ont lancé la deuxième épreuve qui était l’épreuve de français. Je sentais des douleurs mais je me suis efforcée. J’avais déjà fini de traiter le sujet, il ne me restait qu'à encadrer, mais je ne pouvais plus tenir. J’ai crié et ils ont fait appel à l’ambulancier parce que notre centre était un peu éloigné du goudron. Ils m’ont embarqué pour m’envoyer à l’hôpital où j’ai accouché des jumeaux. Le lendemain, j’ai laissé les enfants avec ma belle-mère et je me suis rendue à l’école pour poursuivre le bac. Le garçon s’appelle Kerfala Dramé CAMARA. Nous avons donné le nom de la fille à la femme du délégué qui m’a beaucoup soutenu. Elle s’appelle Aissata Keita CAMARA’’, raconte Aissata SOUMAORO qui conseille les jeunes filles à avoir le courage dans toute chose qu’elles font.

 

Mory CAMARA jeune chauffeur qui n’a pas fréquenté l'école est le mari de Aissata SOUMAORO. Il avoue être très fier de sa femme.  

 

« Je remercie beaucoup ma femme. Franchement dit je l’ai soutenu, mais elle aussi a eu le courage. Parce qu’il y a certaines femmes, même si tu les soutiens, elles n’ont pas le courage de faire les études après le mariage. Mais depuis que je suis avec elle, elle est très courageuse. Elle partait toujours à l’école et révisait ses leçons. Donc je suis fier d’elle », a confié le père des jumeaux.

L'heureux papa témoigne toutefois avoir traversé des difficultés pour faire face aux besoins de sa femme qui étaient en état de famille et qui devait aussi faire le bac. « Je suis chauffeur mais le véhicule que je conduis ne m’appartient pas.  Mais je me débrouille avec. Ce que je gagnais n'était suffisant pour faire face à tous nos besoins. Je m'accentuais sur les soins de ma femme, pour qu’elle ait le courage et accouche sans problème. Actuellement, c’est très difficile pour moi, mais on remercie le bon Dieu. L’inquiétude que j’ai c’est lorsqu'elle va décrocher son bac et qu’elle doit aller à l’Université. Comment m’occuper des enfants, ça ne serait pas facile », souligne Mory CAMARA, qui garde toutefois espoir.

Depuis N'Zérékoré, Paul Sakouvogui

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 1 septembre 2020 19:51

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