Meurtre d’Allah Réni Diallo à Dalaba: le témoignage émouvant de sa veuve…
DALABA-Tué ce jeudi par une balle tirée par gendarme à Dalaba, Mamadou Allah Réni Diallo, agriculteur, a été inhumé ce vendredi 21 août 2020. Son meurtre a provoqué un soulèvement hier soir à Dalaba. Les locaux de la gendarmerie ont saccagés, pillés, puis incendiés. Un calme précaire est revenu aujourd'hui, mais l'émotion était vive dans la famille de la victime. Sa veuve que nous avons interrogée a fait un témoignage pathétique. Elle parle des derniers instants qu'elle a passés avec son feu époux.
« C’est mon mari qui est décédé. C’était quelqu’un de pieux et très gentil. C’était un monsieur qui aime faire du bien à cause de Dieu. C’est comme ça qu’on s’est séparé. Le matin je lui ai servi du café pour le petit déjeuné. J’ai laissé mes enfants en train de préparer avec mon bébé. Lui aussi est parti au travail. A son retour, il a trouvé que les enfants ont fini de faire la cuisine, il a mangé son repas. Entretemps, ça a coïncidé à l’arrestation de ce bandit. Ils se sont mobilisés à la terrasse ici, mais les enfants étaient en train de tabasser le bandit. Après mon mari a demandé à ce qu’ils l’amènent au niveau des autorités. Au moment où il le prenait, les jeunes le frappaient, mon mari tentait de protéger le bandit en le couvrant. C’est dans ça qu’ils l’ont pris pour l'amener aux autorités. C’est lorsqu’ils s’embarquaient dans le véhicule au niveau du barrage, c’est là qu’ils ont tiré sur mon mari. Ce sont mes enfants qui m’ont appris la triste nouvelle parce que je les avais laissés à la maison. J’ai 5 enfants. Ce que je demande au bon Dieu et aux bons croyants c’est de pardonner mon mari. Qu'Allah fasse qu’il soit un homme du paradis. Moi en tout cas, je l'ai pardonné", a témoigné la veuve de feu Allah Rény.
Interrogé, Thierno Mamadou Aguibou, chef secteur et grand frère de la victime raconte. « C’est mon petit frère qui est décédé. Il s’appelle Allah Réni. Il était âgé d’une quarantaine d’années. Marié à une seule femme, il a 5 enfants. C’est moi-même qui lui ai dit d’aller accueillir les gens pour ne pas qu’ils tuent le bandit qui a été arrêté. Qu’il l’amène afin qu’il soit remis aux autorités pour être jugé. C’est à moi qu’on a confié le secteur d’ici. J’ai dit que je ne peux pas accepter qu’une personne soit tuée devant ma maison. Je lui ai demandé d’accepter d’encaisser les coups mais de l’amener au niveau des autorités compétentes. C’est à eux de décider de son sort, mais de ne pas se rendre justice parce qu’avec la mobilisation de la foule, j’ai eu peur. Il y avait des gens armés des machettes, de bois, et autres objets, donc j’ai eu peur pour ne pas qu’on le tue ici et après que je subisse des représailles car, je suis malade et couché depuis 6 mois.
C’est ainsi qu’ils sont partis. Arrivés au niveau du barrage, ils ont appelé les services de sécurité pour l’embarquer à bord d’un véhicule ( pleures). C’est lorsqu’ils sont montés dans le véhicule, j’ai entendu le coup de feu, après les gens ont dit qu’ils ont tué mon frère. J’ai dit qu’ils l’ont injustement tué, les services de sécurité m’ont répondu qu’il y a eu dispute entre eux. J’ai dit non, ce n’est pas vrai. Ils l’ont tué de façon injuste, parce que mon petit frère était parti pour les aider afin que le bandit ne soit pas tué, il n’était pas là-bas pour faire du mal à quelqu’un », a raconté en larmes le grand frère de la victime.
A suivre…
De retour de Dalaba, Habib Samaké
Pour Africaguinee.com
Créé le 21 août 2020 22:24
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