Constitution voulue par Poutine: une semaine de référendum

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À partir de jeudi et jusqu’au 1er juillet, les Russes votent sur un texte qui pourrait permettre à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu’à 2036.


La Russie vote à partir de jeudi et jusqu’au 1er juillet pour un référendum devant permettre à Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036 et d’inscrire ses idéaux conservateurs dans la Constitution.

La date formelle de la consultation populaire est le 1er juillet, mais les autorités ont ouvert les bureaux de vote dès le 25 juin afin d’éviter une trop forte affluence, en raison de la pandémie. Masques et gels désinfectant sont mis à disposition des quelque 110 millions d’électeurs répartis sur les 11 fuseaux horaires que compte la Russie, de Petropavlovsk-Kamtchatsk à Kaliningrad.

Le vote était initialement prévu le 22 avril mais a été repoussé à cause du Covid-19. Cette première réforme de la Constitution de 1993 a été initiée par Vladimir Poutine en janvier. Adoptée au pas de course par le Parlement, elle ne doit pas légalement faire l’objet d’un référendum mais le président russe a tenu à un tel plébiscite, arguant de l’importance du sujet.

Poutine à vie

Pour l’opposant numéro 1 au Kremlin, Alexey Navalny, ce vote relève d’une démarche populiste dont le seul but est de «remettre le compteur des mandats de Poutine à zéro, lui donner droit à une présidence à vie». «C’est une violation de la Constitution, un coup d’État», a-t-il proclamé en juin sur les réseaux sociaux.

La réforme autorise le président en exercice de rester au Kremlin deux mandats de plus, jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. En l’état du droit, Vladimir Poutine aurait dû se retirer de la présidence en 2024.

Du fait de l’épidémie et de l’absence d’accès des voix discordantes aux médias, la campagne contre la réforme n’a cependant jamais décollé. Les rassemblements prévus en avril à Moscou n’ont pu avoir lieu du fait du confinement. Le site «Niet» qui collectait les signatures de Russes opposés aux réformes a lui été bloqué par la justice, le forçant à se relancer sous un autre nom de domaine.

«Stabilité»

De hauts-responsables politiques ont dans l’intervalle insisté sur l’importance de donner à Vladimir Poutine la possibilité de rester. Pour le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, la réforme est nécessaire pour «garantir la stabilité, lever une incertitude».

Dimanche, à la télévision russe, Vladimir Poutine a dit ne pas avoir encore décidé s'il resterait au Kremlin après 2024, mais que lui en donner la possibilité était essentiel. «Autrement, je sais que dans deux ans au lieu de travailler normalement à tous les niveaux de l’État, tous les regards se mettront en quête de successeurs potentiels. Il faut travailler et pas chercher des successeurs», a-t-il martelé.

Si la validation de la réforme est quasi acquise – la constitution révisée est déjà en vente dans les librairies –, elle intervient néanmoins à l’heure où la popularité de Vladimir Poutine a souffert d’une réforme décriée des retraites et de la crise du coronavirus.

Valeurs traditionnelles

De mai 2018 à mai 2020, son taux d’approbation mesuré par l’institut indépendant Levada est passé de 79% à 59%.

Outre la question des mandats, le président renforce avec ce vote certaines prérogatives, comme les nominations et limogeages de juges. À cela s’ajoute une indexation des retraites, la «foi en Dieu» inscrite dans la Constitution et le mariage comme institution hétérosexuelle. Ces principes, censés fédérer les Russes, sont au cœur du système de valeurs patriotiques conservatrices du chef de l’État russe.

Dans les rues de Moscou, la campagne d’affichage sur la réforme ne mentionne d’ailleurs pas Vladimir Poutine et ses mandats. Elle insiste sur les thématiques sociétales comme cette enfant embrassant sa grand-mère sous le slogan «pour une retraite garantie», ou cette famille modèle qui veut «sauvegarder les valeurs familiales».

AFP

Créé le 25 juin 2020 08:27

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