Guinée : le calvaire « infernal » des transporteurs routiers…

KINDIA-Les transporteurs routiers traversent un véritable calvaire ! Sur la route nationale numéro 1 Conakry-Kindia-Mamou, ce sont des centaines de camions qui sont bloquées à différents barrages érigés sur cette voie en application des mesures imposées par l’état d’urgence sanitaire.
Le barrage de Sèguèya situé à 10 kilomètres de la ville de Kindia est devenu un véritable goulot d’étranglement pour les poids lours. La circulation est coupée systématiquement sur ce tronçon. Selon une source sécuritaire contactée par notre correspondant dans la région, certains véhicules en provenance de Conakry auraient clandestinement franchi le barrage de Kouriah dans Coyah et Sabouyah dans la Commune Rurale de Friguiagbé avec à leur bord des passagers soupçonnés d’avoir effectué leur test de dépistage au Covid-19, mais qui n'ont pas attendu leurs résultats.
Informée de cette situation, une équipe des forces de l’ordre s'est rendue sur ce barrage afin d'interpeller les suspects. Selon les usagers de la route, sur ce barrage qui est contrôlé par une unité mixte des forces de sécurité, on exige aux passants de brandir les résultats de leur test au Coronavirus. Faute de quoi, ils sont refoulés.
En provenance de Conakry, de nombreux poids lourds remplis de marchandises sont bloqués dans le district Sèguèya. Certains chauffeurs que nous avons interrogés dénoncent les exactions des forces de l’ordre.
« Ils sont venus dans leurs pickups et ont mis un barrage pour frapper les gens. Ce barrage n'est pas reconnu par l'État. Pourquoi ils bloquent le passage aux citoyens ? Ils n'ont qu'à nous libérer la route », dénonce François Sagnoh en provenance de Conakry. Sur ce barrage, des usagers de la route sont victimes de bastonnade. D'autres qui ont des marchandises périssables comme du poisson croisent les doigts. Depuis hier, ils sont bloqués. Le calvaire des transporteurs routiers ne se limitent pas qu’à ça.
Seuls autorisés à quitter Conakry pour les villes de l’intérieur du pays, ils font face à d’autres difficultés. Désormais ils sont obligés de faire un test de dépistage du Covid-19, se munir des résultats avant de voyager. Situé dans la préfecture de Coyah, le camp Kwamé N’Krumah dédié à cette opération qui ne se passe pas sans anicroches.
Arrêtés sous un soleil de plomb, masques sur le visage, de nombreux chauffeurs sont confrontés à un véritable calvaire pour faire leur test de dépistage du Coronavirus. Selon notre constat sur les lieux, il y a l’absence de tentes pour accueillir les personnes venues se faire dépister. Regroupés à la rentrée, les chauffeurs qui sont reçus pour le test reçoivent des tickets des médecins qui leur disent de revenir le lendemain pour réaliser le dépistage. Certains conducteurs croisés sur les lieux ont exprimé leurs souffrances.
Visage crispé, un conducteur de citerne en partance pour Boffa s'insurge contre la mauvaise gestion du dépistage. Selon lui, il a passé plusieurs heures sous le soleil ardent avant d’avoir un ticket.
« Quand les gens se regroupent on ne sais pas qui est positif ou négatif. Cela aussi est un risque de propagation la maladie. On doit limiter le nombre qui doit venir. Par exemple dire à chaque parc d’envoyer 5 ou 10 chauffeurs par jours. Mais avec tout ce monde là qui vient en même temps, c’est très compliqué. Les gens sont regroupés, avec ça on peut propager la maladie jusque dans nos familles », a dénoncé Monsieur Camara.
Selon nos informations, jeudi dernier seulement 80 personnes ont été testées malgré le nombre pléthorique trouvé sur les lieux par un reporter d’Africaguinee.com. Les médecins auraient interrompu le travail aux environs de 12 heures.
Certains transporteurs de marchandises dénoncent un favoritisme. Selon eux, les chauffeurs des camions citernes sont privilégiés. Ce n’est pas tout. Un camionneur qui transporte des marchandises a fait part de son inquiétude, expliquant que des centaines de camions sont bloqués à Kouria à la sortie de Coyah.
Un reportage de Bah Aissatou
Et de Chérif Keita pour Africaguinee.com
Créé le 16 mai 2020 15:45Nous vous proposons aussi
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