La galère insoutenable de plus de 200 guinéennes coincées à Dakar: « Enlevez-nous ici… »

DAKAR-Plus de 200 femmes guinéennes sont bloquées à Dakar, la capitale Sénégalaise depuis plus de deux mois. Chaque jour, leur galère s’aggrave en prenant de nouvelles proportions inquiétantes. Vivant aujourd’hui dans une précarité quasi insoutenable, certaines d’entre elles étaient parties pour acheter de la marchandise, tandis que d’autres étaient allées pour des soins. Mais l’épidémie de Coronavirus qui frappe le monde leur a joué des mauvais tours. Elles se sont retrouvées bloquées depuis plus de 2 mois dans la Capitale sénégalaise. Elles ont fini de dépenser le peu de ressources qu’elles avaient. Sans aide, ces femmes se retrouvent en groupe à la rue 25 de la Medina ou à Tillel. Africaguinee.com a réussi à joindre certaines d’entre elles qui ont expliqué leur galère. Elles interpellent l’Etat guinéen à leur venir en aide.
« J’étais venue pour des soins à Dakar mais le retour au pays n’est pas facile. Nous sommes autour de 180 femmes bloquées ici. Je viens de compter celles qui sont présentes ici seulement à la Medina rue 25, il y en a pleins dans d’autres endroits. Certaines sont parties prier sinon c’est plus que ça, les unes sont venues pour le commerce, nous autres pour des contrôles sanitaires comme moi. Chacun se débrouille à dormir ou à manger difficilement dans les quartiers le matin elles se retrouvent ici pour passer la journée à attendre. Je réside moi aux Almadies, je viens les voir chaque jours », explique Charlotte Keita.
Partie acheter de la marchandise Mme Dopavogui Soumamaro est à son deuxième mois à Dakar : « Pour mon cas, j’ai passé plus de deux mois à Dakar. Nous sommes des centaines de femme ici. Certaines sont venues pour des soins d’autres étaient venues dans le cadre du commerce. Nous vivons dans une situation précaire. Notre argent de poche est fini. Pour manger c’est tout à fait des problèmes. J’étais venue pour acheter de la marchandise pour les revendre à Conakry mais il y a beaucoup de malades ici également. Nous demandons à l’Etat guinéen de nous venir en aide pour qu’on rentre en Guinée retrouver nos familles, nous avions laissé nos enfants depuis », interpelle madame Dopavogui.
Mariama Keita se lamente de la situation pénible qu’elle traverse sur le territoire sénégalais alors que les frontières guinéennes ont été fermées au moment où elle ne l’attendait pas du tout. Assise à la rue 25, elle attend un hypothétique appui de l’ambassade de Guinée à Dakar qui ne vient jamais.
« Nous souffrons, nous souffrons vraiment, si vous pouvez nous aider c’est ce que nous voulons. Nous sommes fatiguées. Nous n’étions pas venues pour passer tout ce temps ici c’est-à-dire 2 mois. Les frontières ont été fermées derrière nous. La vie est difficile pour nous, nous avons fini tout l’argent que nous avons, la vie est couteuse ici. Nous sommes allées à plusieurs reprises à l’ambassade, ils nous refusent l’accès, ils se contentent de prendre nos contacts dehors et les photocopies de nos pièces d’identité mais ça aussi il n’y a pas de suite pour nous aider. Nous n’avons pas pu voir l’ambassadeur pour lui parler. Nous ne trouvons pas à manger comment nous pouvons appeler en Guinée. Certains parents nous appellent ici mais nous ne pouvons pas les appeler du tout, c’est très cher. On veut rentrer maintenant, tout est fini avec nous » s’exclame cette jeune dame au bord des larmes.
Bontouraby Soumah, marchande est coincée à la Medina, rue 25 de Dakar, elle n’arrive plus à arrêter ses larmes. Son seul souhait est de regagner la Guinée qui lui manque tant.
« Dites au gouvernement guinéen de venir nous chercher s’il-vous-plait. Il n’y a pas mieux que chez soit, nous ne trouvons plus à manger ici. Nous avons deux problèmes maintenant, nous sommes bloquées par-là, nous enfants aussi bloqués en Guinée parce que c’est nous qui les nourrissons, il n’y a plus rien avec eux là-bas, l’un de mes enfants est malade. C’est vraiment chaud, nous sommes en plein mois de ramadan. Nous ne pouvons pas rentrer. Qu’Allah nous sauve. Dites au gouvernement de nous aider à partir chez nous ! » a lancé cette femme en larmes.
Maciré Bangoura est à Tilleul avec un autre groupe de femmes guinéennes. Elle raconte que l’ambassade était venue les secourir, mais l’argent est épuisé : « Il n’y a plus d’argent, il n’y a plus de logement, là où nous passons la nuit c’est 6000 FCFA (96000gnf) par semaine. Ils n’ont qu’à nous aider à rentrer, les ivoiriens sont venus chercher leurs parents et les autres pays aussi. C’est nous les guinéennes seulement qui restons ici. Nous sommes là depuis 2 mois maintenant, on ne travaille pas on ne rentre pas. L’ambassade de Guinée nous avait offert 200,000 FCFA pour manger mais c’est fini depuis longtemps donc nous continuons à souffrir ici ».
« Nous n’arrivons plus à payer nos logements, même le manger en ce mois de ramadan pose problème. Nous voulons que notre cri du cœur soit entendu par le gouvernement guinéen, l’ambassade ne fait que nous repousser. Ils ont photocopié nos pièces depuis plus d’un mois, on pensait que l’Etat serait venu nous chercher mais rien » regrette pour sa part Aminata Camara.
Interpelés, les services de l’ambassade de Guinée à Dakar ont indiqué qu’ils attendent les instructions du gouvernement pour régler le problème de ces femmes. « C’est un peu compliqué parce que c’est les frontières qui sont hermétiquement fermées. Même entre les villes du Sénégal la circulation est interdite. Dakar-Thies, Dakar-mbour ça ne circule pas à plus forte entre la Guinée et le Senégal. Nous sommes en contact avec les dames, nous sommes en train de suivre au niveau de l’Etat, dès qu’il y a quelque chose on fera le nécessaire pour elles », explique Mme Anne, FatouTall.
Alpha Ousmane Bah(AOB)
Pour africaguinée.com
Tel. (+224) 664 93 45 45
Créé le 9 mai 2020 11:03
Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Coronavirus, Dakar, Diaspora guinéenne