Fer Simandou :Vale s’en prend aux magnats américains de l’immobilier pour récupérer l’argent dû par BSGR
NEW-YORK-Le groupe brésilien Vale a engagé une procédure pour savoir si une partie des fonds qu'il a versés à la société de Beny Steinmetz dans le cadre de leur partenariat dans le projet de fer guinéen de Simandou a été utilisée pour des investissements dans l'immobilier aux Etats-Unis. Jeffrey Rosenthal, associé du cabinet d'avocats Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, a déposé le 24 avril devant la cour du Southern District de New York une demande en divulgation de documents (discovery) pour le compte de son client, le géant minier brésilien Vale.
Ayant remporté en 2019 un arbitrage à Londres contre Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), qui condamnait cette société de l'homme d'affaires Beny Steinmetz à lui verser plus d'un milliard $ en compensation de "fraude" et "violations de garanties" dans le cadre de leur partenariat passé sur le projet de fer guinéen de Simandou, Vale fait tout pour mettre la main sur la somme. Alors, la justice new-yorkaise ayant confirmé le 5 mars que BSGR devra bien exécuter la sentence arbitrale, à laquelle se sont ajoutés des intérêts et qui s'élève désormais à plus de 2 milliards $, Vale a décidé de s'appuyer sur elle pour savoir si des fonds qu'il a versés à la société de Beny Steinmetz ont été utilisés pour des projets immobiliers à New York et Chicago.
Vale soupçonne qu'une partie des 1,2 milliard $ qu'il a versé à BSGR à partir de 2010 pour acquérir des droits sur les blocs 1 et 2 de Simandou, puis financer des travaux sur ce site parmi les plus grands gisements de fer inexploité du monde, a été ensuite investie dans l'immobilier. Le groupe brésilien doit toutefois en obtenir la preuve pour tenter de récupérer les sommes. De ce fait, la procédure de discovery lancée fin avril entend récupérer tout document pouvant attester que BSGR ainsi que plusieurs de ses dirigeants ont effectué des transactions avec les sociétés HFZ Capital, Signa Holding, leurs dirigeants et une série d'entités liées.
Aide aux rois de l'immobilier ?
Vale assure que BSGR Real Estate (BSGR RE), filiale du groupe de Beny Steinmetz, a monté une joint-venture avec HFZ, grand promoteur immobilier américain fondé en 2005 par l'homme d'affaires Ziel Feldman, afin de financer une douzaine de propriétés aux Etats-Unis. Parmi elles se trouvent, selon Vale, The XI, l'un des plus gros projets de résidences de luxe en développement à Manhattan, et le 500 North Michigan Avenue à Chicago. Pour cette dernière acquisition, qui date de 2017, Vale affirme qu'une des sociétés liées à Beny Steinmetz qui a été partie à la transaction, Fine Arts, était représentée par Marcos Camhis, aujourd'hui actionnaire via Niron Metals du projet de fer guinéen de Zogota, périmètre tout proche de Simandou qui fut autrefois également détenu par BSGR.
En 2019, un accord a été signé entre BSGR et l'Etat guinéen pour solder leur différend sur Simandou, octroyant alors à Niron Metals, dirigé par l'ex-trésorier du parti conservateur britannique Mick Davis, les droits sur Zogota. Vale soupçonne aussi Beny Steinmetz d'avoir appuyé financièrement l'acquisition en mars 2019 par Signa du Chrysler Building, célèbre gratte-ciel de Manhattan, en partenariat avec RFR Holding pour 150 millions $. Signa est détenu par Rene Benko, businessman dont la fortune est estimée à 4,7 milliards $ et investissant principalement dans l'immobilier en Autriche ainsi que dans la grande distribution en Allemagne et en Suisse. RFR, également importante société immobilière aux Etats-Unis, est dirigée par Michel Fuchs et Aby Rosen, par ailleurs collectionneur d'art.
In Africa Intelligence
Créé le 30 avril 2020 21:06Nous vous proposons aussi
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