Les anti-inflammatoires, facteur aggravant?
Le ministre français de la Santé Olivier Véran a mis en garde ce samedi contre la prise d'ibuprofène chez les personnes infectées par le coronavirus.
Le ministre français de la Santé Olivier Véran a recommandé samedi de lutter contre la fièvre avec du paracétamol, plutôt que de l'ibuprofène ou de la cortisone, pendant que la France se calfeutrait pour tenter de freiner l'épidémie, dont l'ampleur est impossible à prédire.
L'ibuprofène, vendu sous ce nom et diverses appellations commerciales (comme l'Advil et le Nurofen), est en effet susceptible d'aggraver des infections déjà existantes, avec de grosses complications éventuelles. «Les anti-inflammatoires vont augmenter le risque de complications en cas de fièvre ou d'infection», explique à RTL.fr Jean-Louis Montastruc, chef du service de pharmacologie médicale et clinique du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Toulouse. Plusieurs médecins ont évoqué des cas de patients du Covid-19 jeunes et sans comorbidités, qui se retrouvent dans un état grave après avoir pris de l'ibuprofène contre leur fièvre.
C'est d'ailleurs pour cette raison que depuis la mi-janvier, il n'est plus vendu en libre service dans les pharmacies en France. C'est le cas aussi de l'aspirine, ainsi que du paracétamol (Doliprane, Efferalgan…) qui, lorsqu'il est pris à des doses trop élevées, peut lui-même provoquer de graves lésions du foie, parfois mortelles.
18 décès supplémentaires
Alors que des millions de Français vont se déplacer aux urnes dimanche pour élire leur maire, le dernier bilan communiqué vendredi soir par le ministre de la Santé faisait état de près de 800 nouvelles contaminations et 18 décès supplémentaires en 24 heures, illustrant l'accélération tant redoutée par les autorités.
Dans le pays, qui compte plus de 3600 cas confirmés, «nous sommes au début d'une épidémie d'un virus inconnu», a prévenu le ministre. Il a enjoint toute la population «de modifier strictement et scrupuleusement nos comportements afin de nous protéger individuellement et collectivement». Il a cependant assuré que «toutes les mesures adaptées» ont été prises pour tenter d'enrayer la propagation du coronavirus.
Interdictions et réquisitions
Une nouvelle salve de mesures ont ainsi été publiées samedi au Journal officiel, dont l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes (contre 1.000 précédemment), annoncée vendredi par le Premier ministre Edouard Philippe, ou la réquisition de nouvelles catégories de masques afin d'en réserver l'usage aux professionnels de santé et aux malades.
De nombreux musées, salles de spectacles, parcs d'attractions (dont Disneyland Paris) et établissements culturels à travers le pays ont annoncé leur fermeture aux visiteurs, les uns après les autres. La RATP et la SNCF s'attendent à une «offre réduite» de transport la semaine prochaine, car certains employés, comme des millions de leurs compatriotes, devront rester chez eux pour garder leurs enfants.
Les crèches (comme les établissements scolaires et universitaires) ferment en effet mais le ministre de la Santé a annoncé vendredi une dérogation pour les structures accueillant moins de dix enfants et pour les assistantes maternelles «qui le peuvent». Ces structures et ces nounous pourront continuer de recevoir les petits afin d'alléger le cauchemar logistique des parents.
Chômage partiel pris en charge par l'Etat
Par ailleurs, les enfants de «personnels soignants essentiels» seront accueillis à partir de lundi par des enseignants dans les écoles – qui resteront fermées jusqu'aux prochaines vacances scolaires au moins, qui débutent le 4 avril en Ile-de-France, a indiqué le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
Les parents d'enfants de moins de 16 ans qui ne peuvent pas recourir au télétravail «ont droit automatiquement» à un arrêt maladie, sur demande de l'employeur : l'Etat prendra en charge «intégralement» le chômage partiel demandé par les entreprises pénalisées. Les mesures annoncées jeudi par Emmanuel Macron face à la «plus grave crise sanitaire depuis un siècle» marquent un tournant dans la gestion de la crise. Pourtant, les municipales auront bien lieu.
Alors que la campagne électorale s'est arrêtée vendredi à minuit, les mairies mettent les bouchées doubles pour assurer la bonne tenue du scrutin, en appliquant les consignes sanitaires : bureaux de votes nettoyés, pas de files d'attente pour voter et émarger et des distances à respecter. Edouard Philippe s'est dit convaincu d'«organiser dans de bonnes conditions» le premier tour ainsi que le second, le 22 mars. Le monde du sport se met également en sommeil : Ligue 1 et Ligue 2 de foot sont suspendues «jusqu'à nouvel ordre», tout comme les compétitions et rassemblements d'athlétisme, judo, gym et triathlon français.
Plan blanc maximal
Les mesures économiques «coûteront des dizaines de milliards d'euros», a prévenu le ministre des Finances, Bruno Le Maire. La Bourse de Paris a fini vendredi sur un maigre rebond ( 1,83%) au lendemain d'une débâcle historique (-12%).
Dans les hôpitaux, le gouvernement a déclenché le «plan blanc maximal», ordonnant aux hôpitaux et cliniques d'annuler toute chirurgie non-urgente pour accueillir le maximum de malades du coronavirus; ils disposeront pour cela de «tous les moyens financiers nécessaires».
Des «cellules éthiques de soutien» devraient être mises en place dans les établissements pour aider les médecins obligés de choisir quels patients soigner en priorité si les services de réanimation étaient débordés par l'épidémie de coronavirus, selon les recommandations du Comité consultatif national d'éthique (CCNE).
Dans un entretien au «Monde», le patron de l'AP-HP, Martin Hirsch, a assuré que ses établissements n'ont «jamais, de mémoire de professionnels», été confrontés «à un phénomène d'une telle ampleur avec une telle rapidité et une aussi forte complexité», ni même «d'une telle violence». Et si les équipes sont tout à fait «prêtes», dit-il, «ce serait mentir que de prétendre qu'on aborde cette épidémie dans les meilleures conditions».
AFP
Créé le 15 mars 2020 20:26Nous vous proposons aussi
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