Koundara: immersion dans l’enfer des transporteurs bloqués à la frontière de Sambailo…
KOUNDARA-Bloqués à Sambailo, frontière entre la Guinée et le Sénégal, les chauffeurs des camions transportant des marchandises traversent un véritable calvaire. Reportage.
Pour se prémunir d’une « menace terroriste » et « l’introduction d’armes » sur son territoire, le gouvernement guinéen a interdit l’entrée des camions transportant des marchandises sur le sol guinéen. Depuis la rentrée en vigueur de cette décision, des milliers de camions transportant des marchandises diverses sont bloqués au niveau des postes frontaliers.
C’est le cas à la frontière guinéo-sénégalaise l’une des plus importants lieux de transit de marchandises. Des centaines de camions en provenance du Sénégal et leurs contenus périssables pour certains sont stationnés depuis des semaines. Ces mastodontes sont garés sur l’espace commun qui sépare les postes frontaliers des deux pays. Des convoyeurs désemparés vivent dans l’enfer. Ils ne comptent sur la générosité des passants pour manger et boire. A défaut, dépenser énormément d’argents pour se rendre à un point lointain pour se trouver à manger à travers des motos taxis. Certains camions transportent des produits cosmétiques qui fondent sous l’effet de la chaleur exécrable. Immersion dans l’enfer des transporteurs à la frontière Guinée-Sénégal.
La route qui quitte la ville de Koundara en direction de la frontière de Sambailo où la circulation est habituellement dense est quasi déserte depuis la de la fermeture de la frontière. Une situation qui traduit l’arrêt du trafic. Même les taxis qui roulent sur l’axe ont considérablement baissé.
« Nous souffrons à la frontière. Les transporteurs, les convoyeurs, des commerçants sont nombreux à la frontière. C’est difficile de vivre sur un terrain nu comme ça. Les colonnes de véhicules sont énormes. C’est quand les taxis passent que ceux qui sont bloqués vont vers eux demander de l’eau à boire ou un peu d’argent pour acheter à manger. La situation est si compliquée qu’elle a rendu certains malades. Vous savez, c’est une zone perdue entre les deux postes frontaliers de la Guinée et du Sénégal. Même si vous voulez envoyer de l’argent à quelqu’un dans la zone il n’y a aucun moyen. Certains passants apportent du pain et des boites de conserve aux gens en guise de solidarité. Des petits véhicules passent si vous ne transportez pas de marchandises comme de l’alimentation générale. Mais on laisse des matelas comme ce que je transporte ici et certains petits objets passés mais les camions ce n’est pas évident à moins qu’ils soient vides de contenu. Moi-même j’ai pris du retard malgré que j’ai un minibus mais après on m’a libéré. Tu donnes un peu pour passer » témoigne A.M.D un chauffeur de minibus qui venait de franchir la frontière guinéenne en provenance du Sénégal. De peur d’être repéré, il a témoigné sous anonymat et à visage caché.
Maitre Abdoulaye Diallo est conducteur de camion. Son véhicule bloqué depuis 9 jours au point appelé 2Kilos relevant du territoire sénégalais a à son bord des produits périssables. Aujourd’hui, il est dans la crainte.
« La souffrance est trop ici maintenant. Ce n’est pas le problème d’accès qui pose problème maintenant c’est plutôt le problème de survie pour toutes ces âmes qui sont là. Il faut voir pour mesurer l’étendue de la catastrophe. Nous payons des conducteurs de motos taxis pour aller nous trouver de l’eau ailleurs dans des bidons de 20 litres pour faire nos besoins.
Pour manger aussi nous sommes obligés de payer 10.000gnf de transport pour un aller-retour. Je vous précise que les autorités guinéennes ont refusé qu’on gare même nos véhicules dans l’espace qui sépare le poste du Sénégal et celui de la Guinée. Un espace qui fait au moins 2km. Nous sommes garés en territoire sénégalais, nous n’avons pas franchis le mur, pourtant l’espace est commun à tous. Beaucoup de produits perdent leur saveur sous la chaleur. Il y a du monde dans la zone, ce n’est pas facile pour le moment », se lamente ce conducteur joint au téléphone.
Dans la ville de Koundara, vers la sortie en direction de Labé, plusieurs camions vides stationnent là. Certains se rendaient au Sénégal pour ramener des marchandises quand les convoyeurs ont eu vent des difficultés à la frontière alors que d’autres ont déchargé la marchandise en territoire sénégalais pour faire rentrer les camions, précise Bhoye Camara, locataire de véhicules.
«Nous locataires de véhicules avons perdu mais les propriétaires de camions et chauffeurs en souffrent aussi. Au-delà des pertes économiques, c’est tout un monde qui est mis au chômage. Certains véhicules garés ici partaient au Sénégal pour transporter des marchandises. Avec la fermeture des frontières, nous ne pouvons retourner vide. Nous perdrons doublement, nous cherchons des bagages pour minimiser au moins les frais de carburant, mais nous n’en trouvons pas. D’autres camions ont passé plusieurs jours vers le Sénégal avec le blocage, ils étaient obligés de retourner vers la région de Kolda confier les marchandises pour que les camions reviennent en Guinée changer de ligne en attendant que la mesure soit levée. C’est difficile. Le mieux était d’imposer des contrôles stricts au lieu d’interdire définitivement », explique cet acteur des transports.
VUn opérateur économique habitué de l’axe basé de Labé nous confie que la fermeture de la frontière commence à faire un effet sur le marché. Le stock des marchandises se vident d’autres ont même connu la rupture. Une flambée des prix est redoutée dans les prochains jours. D’ailleurs le gaz qui provient du Sénégal manque chez certains fournisseurs à Labé
Alpha Ousmane Bah(AOB)
De retour de Koundara
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 25 février 2020 10:09Nous vous proposons aussi
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