Dr Sakoba Keita : « Comment éviter le Coronavirus… »

Dr Sakoba Keita

CONAKRY- La Guinée est-elle exposée à la maladie du Coronavirus qui s’est déjà propagée dans de nombreux pays ? Le Directeur Général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire se veut pour le moment rassurant. Dr Sakoba Keita annonce une batterie de mesures pour limiter les risques de contagion en Guinée. 


Dans cette interview, Dr Sakoba est également revenu sur les moyens de prévention et les mesures d’urgence à prendre si un cas suspect venait d’être détecté. 

 

AFRICAGUINEE.COM : L'épidémie du Coronavirus se propage en Chine et dans certains pays de l'Asie. Le virus a même atterri en France. La Guinée est-elle exposée ?

Dr SAKOBA KEITA : C’est ce qui a fait l’objet de notre première réunion le 23 janvier. A date nous avons vu que le risque de propagation du virus vers la Guinée est très faible.  Il n’y a pas de vol direct entre Whuan et Conakry. Deuxièmement, les bateaux qui arrivent en Guinée ne quittent pas là-bas, parce que Whuan est une province centrale, elle n’a pas de côte. Troisièmement, les commerçants qui vont en chine ne vont pas vers cette ville. Ils vont à Guangzhou, la ville commerciale où se trouve la plupart de nos compatriotes. Et les quelques étudiants guinéens qui sont là-bas on a vérifié, il n’y a pas d’étudiants pratiquement dans cette ville de Whuan. Ils peuvent l’attraper peut-être à partir des gens qui se sont échappés de cette ville avant la quarantaine. Mais on a estimé pour le moment, selon nos informations, que le risque est très faible. C’est en ce moment qu’on a convoqué la seconde réunion hier. Et dès qu’on nous a signalé un cas suspect à Abidjan on a jugé nécessaire de prendre des mesures idoines. 

De nombreux opérateurs économiques guinéens vont en Chine pour acheter des marchandises. Est-ce un facteur de risque d'importation de cette maladie dans notre pays ?

En réalité la mobilité, le transport et le voyage des gens sont considérés comme un facteur de risque pour tout le monde entier. Parce que la Chine est un grand pays où  il y a assez de tourisme et le commerce très florissant.  C’est par le biais de ceci que la France et les Etats-Unis en ont eu la maladie. Je pense que la Chine a pris des mesures rassurantes et pour le moment l’OMS (organisation mondiale de la santé) n’a pas recommandé d’interférer sur la mobilité des gens, parce que les mesures prises sont sûres. Comme nos commerçants vont dans les villes où on n’a pas signalé des cas, il n’y a pas un risque élevé par rapport à leur mobilité. Nous avons mis en place un système de contrôle de tous les passagers qui viennent de la chine. On va prendre leur température, ils vont remplir des fiches et ensuite on va leur donner un numéro vert pour que s’ils ressentent des symptômes qui ressemblent à cela qu’ils appellent nos services. Vous savez cette maladie ressemble à la grippe. Et beaucoup de guinéens souffrent de grippe surtout en cette période d’harmattan en moyenne Guinée, en haute Guinée et même à Conakry. Pour être suspect de cette maladie, il faut avoir fait des voyages dans les pays ou les cas sont signalés. On a pris ces dispositions, mais pour le moment on ne nous a pas conseillé des restrictions par rapport aux commerçants et aux voyageurs de la Chine en partant ou en rentrant en Guinée. 

Sur quoi ont porté les discussions avec vos partenaires du secteur de la santé ? 

La réunion d’hier découle de celle qu’on a tenue le jeudi 23. Vous savez chaque jeudi nous faisons la situation épidémiologique du pays. Après on a tenu une réunion spéciale pour évaluer les risques de propagation du nouveau virus vers la Guinée.  

Quelles sont les dispositions prises pour prémunir la Guinée ?

On a déjà réactivé notre cordon sanitaire qui est l’aéroport. Nous avons plus de 40 thermo flashs pour la prise de la température, surtout pour les vols qui proviennent des pays touchés.   

Le Coronavirus est une maladie qui est très peu connue par les guinéens. Parlez-nous en !

C’est un nouveau virus qui est apparu en décembre en Chine. Il se propage de façon très rapide puisqu’il y a déjà quelques pays asiatiques et européens tels que la France et les Etats-Unis qui ont déjà notifiés des cas. C’est un nouveau virus qui n’a pas été encore détecté par les scientifiques du monde. Donc pour l’heure, il y a très peu d’informations que nous disposons. 

Comment se manifeste la maladie ? 

On sait que cette nouvelle maladie se manifeste par un syndrome de grippe. Je veux parler de la fièvre, la toux, l’éternuement avec des courbatures qui peuvent entrainer des infections respiratoires et mêmes dans des cas sévères chez les personnes âgées et des enfants, ça peut entrainer la mort. Sa transmission est très rapide. Ça varie de quelques heures jusqu’à environ deux semaines. Les contacts, ça peut être une transmission entre deux personnes à travers les éternuements et les gouttelettes qui peuvent sortir de la bouche et du nez vers une autre personne qui aspirera cela à travers le vent. A travers les fluides corporels, quelqu’un peut attraper aussi cette maladie. Quant à son origine animale, cela n’est pas encore totalement élucidé mais c’est possible. Parce que certains scientifiques pensent que c’est une maladie qui est venue des animaux vers l’homme. Avec l’évolution des choses pour qu’on puisse avoir des preuves. Ce qui est bon, il faut déjà prendre des précautions standards par rapport à la manipulation des animaux sauvages et domestiques. Et aussi les précautions pour éviter d’aspirer les éternuements et la toux d’une personne qui souffrirait d’infections respiratoires. 

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Cette maladie est-elle plus dangereuse qu’Ebola ? 

Non, pas du tout ! Nous pensons qu’Ebola est un virus plus dangereux. Dans ma carrière de médecin, c’est Ebola qui a un taux de létalité le plus élevé. La gravité d’une maladie il y a deux indicateurs pour mesurer. D’abord par rapport à sa vitesse de transmission d’une personne à une autre. Il faut reconnaitre que le Coronavirus a une transmission plus rapide qu’Ebola. Par contre quand vous prenez le critère le plus important, c’est la mort.  Combien de cas de morts ça produit ? Le coronavirus c’est 3 à 4%. Ce qui veut dire de 96 à 97% des sujets qui vont attraper la maladie ont la chance de survie, alors qu’Ebola le taux de mortalité est au tour de 60%. Donc sur 10 personnes qu’il a prises, il tue 6 personnes au moins. Ebola est plus dangereux que le Coronavirus et les deux maladies ne se manifestent pas de la même manière. 

Qu'est-ce qu'il faut faire lorsqu'il y a un cas suspect ?

On a pris des mesures idoines pour pouvoir détecter le premier cas suspect qui viendra pour pouvoir l’isoler afin de limiter la propagation. On a un centre d’isolement à Nongo qui était là pendant Ebola qu’on a réactivé. Le personnel est en place. Voilà des mesures que nous avons prises pour isoler ces cas de sa famille  et de la communauté afin de lui donner le traitement symptomatique qui est recommandé par l’OMS en cette période. 

Quel comportement adopter pour se prémunir du Coronavirus ?

Le comportement devrait être ce que nous tous nous devons observer en longueur de journée. La plupart d’entre nous, nous arrivons à faire au moins, une à deux fois notre état grippal. Les mesures pour se prémunir de cela c’est qu’il faut se laver les mains, couvrir la bouche et le nez en éternuant. Etre à une distance de 20 mètres en parlant avec quelqu’un qui est grippé ou qui a une infection respiratoire. Et surtout si vous avez quelqu’un qui a des antécédents, qui a déjà  voyagé dans les pays touchés, il faut augmenter la vigilance. Ce qu’on conseille, c’est le lavage des mains avec des solutions désinfectantes. C’est pourquoi quand tu salues quelqu’un qui est grippé, il faut éviter de toucher ta figure ou le nez. Nous conseillons fortement le lavage des mains. Si nous épousons ce comportement, il y a très peu de risque d’attraper ce genre de maladie. 

Est-ce qu'il y a un numéro vert pour accélérer l'alerte 

Oui, on va vous communiquer le numéro vert. Je ne l’ai pas dans la tête mais dans le rapport que nous avons mis en place. Hier, on a réactivé notre centre d’opération d’urgence à Nongo en cas de suspicion vous pouvez l’appeler pour expliquer les dispositions que nous avons prises.  Le seul laboratoire pour confirmer les cas en Afrique, c’est en Afrique du Sud. Il faut envoyer des échantillons là-bas. Donc on a pris des contacts avec nos partenaires ici présents pour que s’il y a un cas pour pouvoir confirmer et prendre des dispositions. On a un centre d’isolement à Nongo qui était là pendant Ebola qu’on a réactivé, le personnel est en place. Voilà des mesures que nous avons prises pour pouvoir  isoler ces cas  de sa famille et de la communauté afin de lui donner le traitement symptomatique et qui sont recommandé par l’OMS en cette période. 

Votre dernier message ?

J’invite tout le peuple de Guinée à garder  le calme et la sérénité. Ce qui est sûre, la Guinée n’est plus à la période de 2013- 2014. La survenue d’Ebola a permis aux autorités guinéennes de prendre conscience de notre retard dans certains domaines notamment dans la lutte contre les épidémies et beaucoup d’efforts ont été faits à la suite de ces grandes épidémies et nous avons tiré des leçons. Des organes ont été mis en place et des ressources humaines ont été bien formées pour faire face avec  la collaboration des partenaires. On a des équipes d’interventions rapides dans toutes les préfectures et  au niveau de Conakry. Il y a un service qui a été mis en place pour surveiller et gérer les urgences. Il s’agit de l’agence nationale de sécurité sanitaire et les moyens ont été mobilisés pour faciliter leur intervention. Pour le moment, je les invite à observer les mesures d’hygiène ordinaires notamment le lavage des mains. 

Pour ceux qui ont des grippes ou des infections respiratoires, se couvrir le nez et la bouche. Eviter de jeter des mouchoirs de mouchage dans la nature. Il faut les mettre dans les poubelles. 
 

Interview réalisée par Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

Créé le 29 janvier 2020 12:27

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