Secteur de l’énergie : Alpha Condé, une nouvelle fois face à l’histoire…

Alpha Condé, Président de la République de Guinée

C’est un secret de polichinelle ! Le secteur de l’énergie de la Guinée est malade. Le Gouvernement guinéen à sa tête le Président Alpha Condé a pourtant fait du secteur de l’énergie une de ses priorités. Mais les milliards de francs guinéens engloutis dans le secteur énergétique, notamment en terme de subvention accordée à la société « Electricité De Guinée », n’ont pas encore réussi à sortir la population guinéenne du noir. Conakry et les villes de l’intérieur du pays continuent encore à enregistrer des délestages, surtout en cette période de saison sèche. 


La société EDG manquerait-elle de bons cadres ? S’agirait-il d’un sabotage ? Qu’est-ce qui expliquerait ce manque de résultat ? Immersion dans ce monde que nous appellerons la « mafia du courant électrique ».

A ce jour, EDG est la seule société qui s’occupe de la fourniture de courant en Guinée. Mais cette entreprise qui a subi de nombreuses reformes ces dernières années ne produit pas de l’énergie.

EDG, une entreprise qui fonctionne toujours à perte…

Le courant électrique fourni aux ménages et aux entreprises n’est pas produit par EDG. La société achète cette énergie avec des fournisseurs privés. Des amis du Président de la République et d’autres personnes ayant des entrées au Ministère de l’Energie se bousculent souvent pour avoir ce marché très juteux. Certains parfois ne sont même pas des professionnels dans le secteur. Le clientélisme et le népotisme qui caractérisent l’administration guinéenne finissent par prendre le dessus sur les règles de passation de marché. Chaque producteur fixe son prix ; et l’acceptation de l’offre dépend de règles souvent peu orthodoxes. A titre d’exemple, les prix varient entre 2 000 et 3 000 francs guinéens le kilowattheure, alors qu’EDG revend ce même kilowattheure à 700 francs guinéens. Ce qui constitue un gap énorme. La société Electricité De Guinée fonctionnera à perte aussi longtemps que ce système perdurera. Les autorités guinéennes, conscientes des enjeux liés au secteur de l’énergie, injectent chaque année des centaines de milliards de francs guinéens à titre de subvention accordée à EDG. 

EDG, une entreprise qui vit avec une hémorragie interne…

Le Gouvernement guinéen a engagé ces dernières années de vastes projets de reforme du secteur de l’énergie. Certains partenaires techniques et financiers de la Guinée se sont engagés à accompagner les autorités de Conakry dans ce vaste chantier de reformes.

Malgré l’engagement des autorités au plus haut niveau, et la détermination de certains partenaires, EDG peine encore à sortir la tête de l’eau. La société vit, sinon tente de survivre avec une hémorragie interne. C’est pire qu’un cancer qui a fini par affecter tous les « organes vitaux » de cette entreprise.

La Banque Mondiale est l’une des institutions qui ont décidé d’accompagner l’Etat guinéen dans le cadre des reformes du secteur de l’énergie. A la fin du contrat de gestion d’EDG par l’entreprise française Véolia, le Gouvernement guinéen a transformé EDG en Société Anonyme avec de nouveaux statuts et un Conseil d’Administration. La Banque Mondiale a injecté le pactole de 90 millions de dollars dans le cadre d’un appui budgétaire pour la reforme du secteur de l’énergie. La gouvernance interne d’EDG devrait s’améliorer au terme de ce projet. Mais comme nous l’enseigne un adage de chez nous « les habitudes ont la vie dure ». Les clans mafieux ont réussi à prendre en otage cette entreprise.

A EDG, il n’est pas rare de rencontrer un employé dont la femme et son époux ou ses enfants travaillent tous au sein de la boîte. Une sorte de clan familial s’est instaurée depuis plusieurs années. Le Directeur Général arrive souvent avec son clan ; les autres chefs de département ont eux aussi leurs protégés. Des personnes devenues inamovibles et n’obéissant qu’à leurs « chefs suprêmes ». 

Reforme de la gouvernance interne…

La société EDG regorge de cadres compétents. Ce qui a fait dire à certains qu’en réalité, l’entreprise n’a pas besoin d’une expertise étrangère. Elle a seulement besoin d’une amélioration de sa gouvernance interne. 

C’est d’ailleurs ce qui a motivé le déclenchement d’un long processus de recrutement du Directeur Général et des autres Chefs de département. Un cabinet indépendant a été recruté à cet effet sur appel d’offres. La société SG Group- MAZARR a été sélectionnée parmi tant d’autres. Il faut dire que « MAZZARD » fait partie des « Big 5 » dans le domaine de l’audit, de l’expertise comptable ou encore du conseil aux entreprises.

Ce processus de recrutement a été perçu par certains comme un crime de lèse majesté par certains travailleurs d’EDG, soutenus par des cadres tapis au Ministère de l’Energie avec des ramifications jusqu’au niveau de la Présidence de la République. Pour marquer son opposition à ce processus de recrutement qui est d’une transparence totale, le syndicat des travailleurs d’EDG brandira d’ailleurs son « arme fatale ». La grève. Une paralysie des activités d’EDG en cette période de tumultes politiques ne serait pas à l’avantage du pouvoir. Très vite, des discussions sont engagées ; mais le syndicat reste ferme sur sa position : le processus de recrutement doit être arrêté. 

Après plusieurs semaines de travail, le cabinet canadien présente un premier rapport. 

Le prochain Directeur Général d’EDG signera un contrat de performance. Son salaire et les autres avantages liés à sa fonction seront négociés par le Conseil d’Administration. Ce dernier assignera au nouveau dirigeant de la société EDG des objectifs à atteindre. Faute de performance, le Directeur Général sera remercié et une nouvelle procédure de recrutement sera enclenchée. Il en sera de même pour les autres postes clés de la société.

Parallèlement, le cabinet de renommée internationale se penche sur le recrutement des chefs de département, en respectant la même éthique. Sur appel à candidatures qui est ouvert aux travailleurs d’EDG, un choix définitif des différents chefs de département devrait être fait. Et c’est à partir de là que l’info a fuité sur la poursuite du processus qui doit aboutir à l’instauration d’un nouveau système de gouvernance à EDG. 

Informés de cette situation, les « faucons » ne tarderont pas à appliquer leur plan B. Il faut discréditer le processus. Et pour cela tous les coups sont permis.

La diffamation est l’une des qualités de certains. Au palais présidentiel, il se murmure d’ailleurs que le choix des potentiels futurs dirigeants de la société Électricité De Guinée ne s’est pas fait dans les règles de l’art. Pourtant, le cabinet canadien a été recruté bien avant la mise en place du Conseil d’Administration. 

Le Président Alpha Condé qui est rentré d’une mission à l’étranger ce mercredi 22 janvier 2020 devra à nouveau trancher. Le locataire du Palais Sékoutoureya va devoir arbitrer. Son choix sera d’une portée historique pour le redressement du secteur de l’énergie. Alpha Condé devra choisir entre ses clans mafieux qui vivent sur le dos du contribuable guinéen, et le redressement définitif du secteur de l’énergie.  

Alpha Condé a l’occasion de choisir entre le bonheur de tous et les intérêts d’une minorité. Il a l’occasion de lancer un signal fort à tout le monde. On en a besoin !

 

Amadou Diallo

Créé le 24 janvier 2020 17:06

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