Feux de brousse : toute une famille périt dans un champ à Mali…
MALI- Au moins quatre personnes ont été consumées par les feux de brousse qui ont ravagé le district de Dioulabaya situé 45 km de la sous-préfecture de Balaki dans la préfecture de Mali. Trois des victimes sont d’une même famille. Il s’agit d’une femme et ses deux enfants dont un bébé de deux mois. Elles étaient parties aider leur voisin à faire la récolte de mil quand elles ont été prises au piège par un puissant feu de brousse venu du Sénégal. Sous le choc, Mody Boubacar Langama le père de famille que nous avons interrogé raconte les circonstances dans lesquelles ce drame a eu lieu.
« Nous ne sommes pas de Mali mais de Koubia précisément à Langama dans la sous-préfecture de Matakaou. Nous sommes à Mali précisément à Balaki pour des travaux champêtres après les récoltes nous rentrons chez nous.Le jour où les feux ont touché les champs, je n’étais pas avec ma femme. A la veille du drame, dans la nuit du mercredi à jeudi, j’ai dit à ma femme d’aller aider Thierno Souleymane Camara dans son champ pour ne pas qu’il se sente abandonné. Parce qu’il a perdu sa femme il y a deux mois suite à un accouchement. Ma femme a accepté volontiers d’aller l’aider en compagnie de mes 2 enfants. Aux environs de 13 heures, les feux ont atteint la zone où ils étaient. Ils étaient pris au piège. Sinon 3 jours avant, nous avions appris qu’une partie du territoire sénégalais brulait avec une allure inquiétante. Nous étions tous inquiets que le feu arrive chez nous détruire nos champs de mil. Ils étaient en train de récolter quand le feu en forme de tourbillon est tombé sur eux. Le temps pour eux de quitter les lieux, ils étaient déjà pris au piège. D’un côté, il y avait la montagne d’herbes sèches qui favorisent la propagation du feu. Ils ont croisé le destin dans ces circonstances douloureuses. Ils ne sont pas rappelés qu’il y a une partie en jachère où ils pouvaient s’abriter.
Ils ont couru jusqu’au pied de la montagne dans les herbes sèches et touffues, c’est là qu’ils ont été rattrapés par le feu accompagné du vent. Thierno Souleymane avait pris mon bébé de 2 mois pour se sauver avec lui. Malheureusement celui qui n’a pas pu se sauver ne peut pas secourir quelqu’un d’autre (pleurs). Quand nous avons été dépassés par l’ampleur des feux, nous ne pouvions plus rester sans alerter les autorités qui ont envoyé une ambulance transporter les blessés à l’hôpital. Avant ça, il a fallu qu’on transporte les blessés et le corps du bébé à une longue distance jusque-là où nous avons des huttes pour passer la nuit. Nous y sommes restés jusqu’au petit matin avec les blessés.
La première victime c’est mon bébé de 2 mois Habibatoulaye morte sur les lieux vers 16 heures le jour même du drame, à mon arrivée elle était déjà morte. Ensuite sa sœur Aissatou 11 ans décédée à l’aube du vendredi, la troisième personne qui a suivi c’est Thierno Souleymane que ma femme était partie aider. Il est décédé au moment où l’embarquait dans l’ambulance. A cause de l’état des routes il y a eu un retard énorme de l’ambulance entre Mali centre et Balaki.
Ma femme Fatoumata Binta aussi est décédée sur la route de l’hôpital de Labé. Elle était très affaiblie. Elle a rendu l’âme entre la sous-préfecture de Toutouroun( 10 Km de Labé NDLR) et le centre urbain de Labé . J’ai ramené son corps pour l’inhumer dans notre village à Matakaou dans Koubia, mes deux enfants et Thierno Souleyamane reposent à Balaki.
Aujourd’hui je suis attristé et abattu. Je me sens seul, j’ai perdu ma femme, mes enfants et un ami proche Souleymane qui a suivi sa femme décédée il y a 2 mois suite à un accouchement. Aujourd’hui il reste une seule rescapée qui suit des soins. Depuis ce drame, je n’arrive plus à fermer les yeux, c’est toute ma vie qui est réduit au néant. Malgré tout, il fallait obligatoirement payer les frais de transport de l’ambulance à 2500,000GNF, c’est un ami vendeur de bétails qui a assuré les frais pour moi ».
Alpha Ousmane Bah(AOB)
Pour Afrciaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 2 janvier 2020 18:02Nous vous proposons aussi
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