Cellou Dalein Diallo à Africaguinee.com : « la ligne rouge a été franchie… »
CONAKRY- Que vont faire Cellou Dalein et ses pairs du Front National pour la Défense de la Constitution après l’annonce du Président Alpha Condé au sujet de la nouvelle Constitution ? Quel est le mot d’ordre du Chef de file de l’opposition guinéenne ? Alors qu’une réunion du FNDC est annoncée pour cet après-midi de ce vendredi 20 décembre 2019, le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée vient de clarifier sa position face à la nouvelle annoncée par le locataire du Palais Sékoutoureya. Cellou Dalein Diallo s’est exprimé au micro d’Africaguinee.com !
AFRICAGUINEE.COM : Dans une adresse à la Nation le président Alpha Condé a annoncé que la nouvelle constitution est prête et qu’il engage son Gouvernement à la vulgariser avant son adoption par référendum. Quelle est votre réaction ?
CELLOU DALEIN DIALLO : C’est un évènement, mais ce n’est pas une surprise dans la mesure où tous les guinéens savaient que monsieur Alpha Condé s’obstinait effectivement à changer cette constitution à l’effet de s’octroyer un troisième mandat. La position de l’UFDG est déjà connue par rapport à cette question. Cette position a été exprimée et réaffirmée à plusieurs reprises d’abord au sein du parti, ensuite au sein du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution, Ndlr). Nous nous opposerons par tous les moyens à ce changement de constitution. Nous sommes réunis au sein du FNDC pour nous opposer à ce changement inopportun et illégal de la constitution dans notre pays.
Comment jugez-vous la démarche du Chef de l’Etat ?
C’est parce que monsieur Alpha Condé se rend compte qu’il va rendre le tablier en 2020, mais il n’a pas envie de le rendre. Sinon lorsque vous écoutez les gens qui défendent ce projet de nouvelle Constitution, ils n’ont pas d’arguments. Il semble qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre le nouveau texte que je n’ai pas lu et l’actuelle Constitution. Le seul objectif visé par ce changement de Constitution, c’est de permettre à monsieur Alpha Condé de briguer un troisième mandat en 2020 en disant maintenant les compteurs seront remis à zéro.
Selon l’avant-projet du texte qui circule, le mandat présidentiel passe de 5 ans à 6 ans renouvelable une fois…
Tout ça n’est pas important. Aujourd’hui la majorité des pays de la sous-région et même dans le monde, c’est 5 ou 4 ans la durée du mandat présidentiel. Mais je ne rentre dans le débat du contenu. Je suis sur le principe de mon opposition catégorique de changement de la Constitution.
Aujourd’hui des fronts sont ouverts partout, il y a les législatives avec le fichier que vous dénoncez, le combat contre le changement constitutionnel. Est-ce une stratégie bien murie pour disperser vos efforts et votre énergie ?
Sans doute c’est une stratégie, mais on ne tombera pas dans son piège. Nous avons un objectif qui est celui d’empêcher le changement de la Constitution parce qu’il y a aucune justification sauf celle de permettre de briguer un troisième mandat en 2020. Nous allons nous y opposer au sein du FNDC. On sait que le peuple de Guinée aussi est largement opposé. Tout le monde se lèvera comme un seul homme pour marquer de manière ferme et catégorique son opposition à ce projet de nouvelle constitution.
Selon vous qu’est-ce qui doit être aujourd’hui la priorité pour l’opposition entre le combat pour avoir des législatives crédibles et la lutte contre le changement de la Constitution ?
Les législatives telles qu’elles sont aujourd’hui préparées dénotent bien que Alpha Condé veut faire un hold-up électoral pour s’octroyer la majorité qualifiée au Parlement. Vous avez vu les conditions dans lesquelles cette révision des listes électorales ont été menées. Ça montre bien que l’objectif de monsieur Alpha Condé n’est pas d’organiser une élection libre et transparente, mais plutôt de s’octroyer une majorité suffisante pour montrer à la communauté internationale qu’il est majoritaire dans son pays et que son peuple veut qu’il s’éternise au pouvoir. Or, tout le monde a vu comment la population guinéenne a régi aux mots d’ordre du FNDC aussi bien à l’intérieur du pays qu’à Conakry. Ça démontre que les guinéens n’en veulent pas. Nous allons nous mobiliser pour montrer non seulement que les guinéens ne veulent, mais n’accepteront pas ce changement de Constitution.
Si votre revendication d’avoir un fichier assaini et propre n’est pas respectée, allez-vous boycotter ou empêcher la tenue des élections ?
Nous n’avons pas vocation de boycotter des élections. Mais nous n’avons pas non plus vocation à participer à une mascarade électorale. Nous exigerons que les conditions d’une élection équitable, juste et transparente soient réunies. Sinon il n’y aura pas d’élections parce qu’on n’est pas là pour boycotter le scrutin. Nous allons imposer notre droit de participer aux élections, mais à des élections libres et équitables.
Le FNDC se réunit à 15 heures aujourd’hui. Qu’est-ce qui pourrait sortir comme décision cet après-midi ?
Ce n’est pas à moi de le dire. Le FNDC a un porte-parole qui exprimera le point de vue du FNDC.
La Guinée est dans une phase charnière, quel est le message que vous adressez aux guinéens ?
Je demande aux guinéens de se mobiliser massivement, de ne pas avoir peur, de ne pas céder à la campagne d’intimidation pour refuser la mise en œuvre de ce projet de monsieur Alpha Condé de changer notre constitution. C’est la priorité des priorités. Je sais que les guinéens sont déterminés, ils l’ont prouvé à chaque fois qu’ils ont été appelés. Maintenant, la ligne rouge a été franchie, c’est le moment de la mobilisation, de la résistance et du refus catégorique de ce projet de monsieur Alpha Condé.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 20 décembre 2019 12:07Nous vous proposons aussi
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