Immigration clandestine : la vie dure des « sans-papiers » guinéens au Maroc…

Un migrant subsaharien dans un centre de rétention

MAROC-Certains ressortissants guinéens vivant au Maroc traversent des moments difficiles depuis quelques temps. Sans papiers ou pas, ils seraient victimes d’"arrestations" suivies de "déportation", selon certains d’entre eux que nous avons interrogé. La plus part dénoncent le traitement "discriminatoire" qui leur est infligé par les autorités marocaines qui ont davantage accentué la lutte contre "l’immigration clandestine". En quoi faisant? Interdire la vente des tickets de bus aux migrants n'ayant pas de titre de séjour. Alors que cette mesure fait des vagues, d'autres "abus" sont dénoncés par des guinéens. 


«Je suis là depuis des années maintenant mais la situation que nous migrants subsaharien vivons ici actuellement est difficile. Même si tu as des papiers on peut  te cueillir à tout moment pour te déposer à la gendarmerie. Si tu as la chance, on te libère à défaut tu es déporté. Dans la ville de Nador, même dans les maisons on ramasse des gens. Il y a des ambassades complices puisqu’une fois que vous êtes arrêtés, ils viennent signer les titres de voyage. A Tanger ici où je vis, la situation  est très grave. Les domiciles sont violés, même les étudiants ne sont pas épargnés de la chasse à l’homme. Beaucoup même ont quitté la ville de peur d’être arrêté, le dérangement est total. Dans la rue même les femmes enceintes ne sont pas épargnées. Avant ce n’était pas comme ça, mais le Maroc a cessé d’être accueillant. La répression est plus intense dans les villes de Nador et Tanger. Même sur le chemin du lieu de travail, muni de votre document de séjour que vous présentez, on vous dit conduit à la gendarmerie, tu perds la journée parce que la gendarmerie prendra du temps à te libérer » déplore Amadou Oury Diallo, migrant guinéen résidant dans la ville de Tanger.

K. Traoré 26 ans, est une guinéenne mère d’un enfant de 4 mois. Etablie dans ce pays depuis 6 ans maintenant, elle vit des travaux ménagers qu’elle fait dans diverses familles marocaines pour assurer son quotidien. Elle explique son calvaire  depuis certains temps.

 « Les agents viennent défoncer les portes pour arrêter les gens. Je vous précise que c’est à la maison et non dans les côtes comme ils donnent l’impression souvent. Finalement les compatriotes guinéens se méfient du personnel de l’ambassade de Guinée, ils sont obligés de dire qu’ils ne sont pas guinéens de peur d’être identifiés et renvoyés au pays. La complicité des ambassades subsahariennes  est notoire. A cette allure c’est eux-mêmes qui poussent les gens à tenter la traversée dans les eaux sinon ils ne doivent pas confondre ceux qui travaillent sur place et les candidats à l’immigration. Avec cette chasse à l’homme, tout le monde ne partira que vers la mer pour échapper à la déportation vers le désert. Imaginez qu’on vous trouve chez vous on vous ramasse et on vous jette. C’est même difficile de revenir en ville parce que vous ne pouvez pas acheter les tickets de bus pour revenir. Vous êtes obligés de dépenser beaucoup pour retourner d’où vous venez. Les convoyeurs des bus ne vendent pas de tickets aux sans-papiers. Moi, qui vous parle je suis victime », dénonce-t-elle.

Afin de lutter contre l’immigration clandestine au Maroc, les autorités marocaines ont interdit la vente de tickets de bus aux africains en situation irrégulière. I Sylla, un autre guinéen regrette du fait que même les conditions de voyage de la Guinée vers le Maroc se durcissent. Il révèle que seuls les noirs sont visés alors que des ressortissants d’autres nationalités en situation irrégulière ont la paix du cœur. Une discrimination qu’il dénonce.

«  Chez nous en Guinée il y a des marocains qui se présentent sous de  fausses nationalités qui sont tranquilles. La compagnie royale Air Maroc est bien représentée en Guinée, ils nous vendent les billets pour venir chez eux. Maintenant ils ont inventé tout un problème autour des AVN en Guinée (autorisation de voyage vers le Maroc NDLR), tu prends l’AVN à  Conakry tu viens, on te refuse le cachet d’entrée au Maroc sur ton passeport. Ce qui est synonyme de retour au pays suivi d’une perte du billet. Il faut donner 50 euros contre le cachet. Pourtant c’est leur agence qui vend les billets chez nous à Conakry. Donc c’est une double perte. Les noirs sont victimes de ségrégation au Maroc surtout les migrants alors que des ressortissants de l’Algérie, la Tunisie, des philippines, des Bangladesh, des syriens, eux tous sont des migrants mais jamais on ne leur demande de papiers à plus forte raison les arrêter ou violer leurs domiciles. Ils marchent partout sans aucun papier, sans titre de séjours, ils ne connaissent même où ils habitent. Mais partout où on voit un noir subsaharien notamment c’est des problèmes, où que vous habitez ils connaissent. C’est insupportable », fustige ce compatriote.

Interpelé sur cette situation l’ambassadeur de Guinée à Rabat, Boubacar Dione a indiqué que l’ambassade ne peut pas intercéder en faveur des migrants sans papiers.

« Nous n’avons aucun rôle à jouer, c’est comme si  vous voulez un visa pour la France, votre ambassadeur ne peut rien pour vous. On ne peut rien, que les gens prennent des dispositions pour leur propre sécurité. Ne croyez pas à ce qu’on vous raconte. Quelle facilitation nous pouvons faire ? Il y a l’OIM qui travaille avec les autorités marocaines. Ils (des guinéens NDLR) viennent ici, ils ne se présentent pas à l’ambassade, nous ne voyons aucun migrant. Il y a des guinéens en difficulté qui viennent volontairement voir l’OIM pour être rapatrier. Ce sont ceux-là que l’OIM renvoie chez nous, on les identifie après l’OIM leur apporte assistance pour les faire voyager. Je connais cette catégorie qui vient d’elle-même pour se faire identifier sur une longue liste pour rentrer volontairement au pays », explique le diplomate guinéen en poste à Rabat.

L’ambassadeur soutient que les identifications que les services de l’ambassade font concernent les personnes en détention. C’est même  une question de sécurité. Le même cas vient de se passer chez nous. Inspirons nous de ça pour aider les jeunes à rester au pays (…). Certains viennent avec des bébés et des choses pour dire nous étions dans la forêt aidez-nous à rentrer. Après ils font l’amalgame autour de leur retour, nous ne forçons personne à rentrer. Des femmes nourrices, des enfants malades viennent demander à rentrer avec le papier de l’OIM (…) Si vous saviez le nombre de guinéens que nous avons perdu dans la mer vous serez surpris et dépassé. Aidez-nous à sensibiliser la jeunesse. Il y a tellement de projets chez nous pour leur permettre de rester. C’est plus rentable que de faire de l’aventure », a lancé le diplomate guinéen Aboubacar Dione.

Alpha Ousmane Bah(AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

 

Créé le 8 novembre 2019 20:44

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