Extravagance sur les réseaux sociaux : Qu’en pense le sociologue Bano Barry ?

Le Sociologue guinéen Dr. Bano Barry

CONAKRY-Face à l’extravagance poussée sur les réseaux sociaux, le Sociologue guinéen Dr. Bano Barry a livré une analyse plutôt singulière. Il s’est confié à un journaliste d’Africaguinee.com. Exclusif !!!


AFRICAGUINEE.COM : Comment en tant que sociologue expliquez-vous le phénomène d’extravagance poussé sur les réseaux sociaux en Guinée ?

DR BANO BARRY : La  problématique de l’utilisation des réseaux sociaux est diverse surtout dans une société qui était orale et pudique. Une société dans laquelle le moment de prendre une photo et le moment pour la récupérer pourraient prendre une semaine au minimum. Parce qu’on avait besoin de développer les images dans un studio photo.

Mais subitement le monde que nous vivons aujourd’hui, tout le monde est capable de prendre sa propre photo et la publier de façon instantanée. C’est une société qui est passée pratiquement de manière très rapide de l’archaïsme à une société postmoderne avec tout ce que cela suppose. Ce n’est pas de l’extravagance, mais c’est vraiment une question de changement de société. On est dans un changement du temps social où pratiquement les images défilent à une vitesse extraordinaire.  

Quelle est la catégorie de personnes la plus touchée par ce phénomène ?

Si vous remarquez bien, les gens qui se font piéger sur les réseaux sociaux, généralement soit, c’est des gens âgés qui ont grandi sans ces réseaux sociaux et subitement qui se retrouvent sur la toile. Et du coup, ils sont piégés parce qu’ils ignorent l’autre facette qui se cache derrière ces réseaux.

Aussi, le fait que des gens qui hier vivaient ou sont nés dans une case au village et subitement se retrouvent un bon matin en ville suivi d’une amélioration de leurs conditions financières, ils achètent un téléphone de dernière génération, ils commencent à utiliser le téléphone, pensant que tout ça c’est innocent. Pour eux, si on se livre à certaines choses aujourd’hui, ça peut disparaitre demain. Ils pensent que tout s’oublie comme ils vivent dans une société qui oublie alors qu’ils se comportent avec des outils qui n’oublient jamais. C’est ça le véritable problème en fait.

À mon avis, les générations à venir auront moins de problèmes avec les réseaux sociaux. C’est pourquoi les personnes d’un autre âge, il faut qu’elles se méfient, vaut mieux qu’elles ne restent pas sur les réseaux sociaux sinon elles vont se faire piéger.

L’autre facette de ce fléau qui gangrène notre société, c’est le fait qu’on voit des images à caractères pornographique sur les réseaux sociaux. Parfois même c’est des intellectuels ou  des religieux qui sont souvent impliqués. Comment expliquez cet de fait ?

Je vais vous dire une chose : Quand le miroir est venu pour la première fois dans notre société, je n’étais pas présent, mais je suis persuadé qu’à l’arrivée du miroir, il y a eu des gens qui se sont déshabillés pour se mirer (éclats de rire). Un être humain a envie de se voir, de s’admirer, de s’apprécier. Même à une période récente, lorsque les gens prenaient des photos avec les pellicules, des femmes et des hommes prenaient des photos nues, mais comme ils les envoient chez une personne pour laver la photo, les intéressés qui l’ont fait de leur propre gré revenaient les chercher, mais à cette époque, ça passait sous la main d’une seule personne. Ça ne sortait pas parce que c’est payant pour qu’on mette l’image sur du papier photo. Et même si ça sortait, tu savais c’est avec qui c’est sorti.

Il ne faut pas considérer que la nudité à laquelle les gens s’exposent aujourd’hui a commencé aujourd’hui. Le plus souvent quand vous raisonnez sur le présent, vous pensez que le monde est né hier.  Toutes ces choses qui dépassent l’imagination aujourd’hui avaient eu lieu hier, mais ça n’a pas pris autant d’ampleurs parce qu’il n’y avait pas cette instantanéité et il n’y avait pas cette capacité de diffusion qui fait qu’à l’instant T l’ensemble de l’humanité peut voir.

 Je vous ai dit au début, les gens qui font ça n’ont aucune conscience que ces images peuvent sortir et que ça peut les rattraper. Ils le font dans une intimité qui ne dit pas son nom et puis un beau jour les choses sortent. Après, tous les gens se rendent comptent, alors qu’ils n’avaient pas fait ces images ou ces photos dans l’intention de les sortir ou les publier dehors.

Mais rassurez-vous que nos enfants et nos jeunes-frères n’auront pas ces problèmes avec ces réseaux sociaux parce qu’ils sont nés avec ces réseaux et ils vont grandir avec ces réseaux. Ils connaitront ce qu’il faut faire ou pas parce qu’ils connaissent la limite des choses.  

Propos recueillis par Alpha Ousmane Bah(AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

Créé le 16 août 2019 08:16

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