Guinée : Pourquoi les artistes peinent-ils à vivre de leur métier ?
CONAKRY- En Guinée plusieurs artistes y compris même des célébrités n’arrivent à vivre dignement de leur métier. Comment ce paradoxe s’explique-t-il ? Que faut-il faire pour y remédier ? Notre reporter est allé à la rencontre de certains artistes.
Sékou Bembeya Camara célèbre musicien de l’orchestre Bembeya Jazz explique ce phénomène par la piraterie, le manque de fermeté du Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs (BGDA), mais aussi le manque d’un fonds d’entretien pour les artistes.
« Il n’y a pas de fonds d’entretien pour les artistes sinon on aurait pas eu tous ces problèmes-là. Actuellement, avec l’avènement de l’internet, les CD, il suffit qu’un artiste produit un album, son œuvre se retrouve aussitôt dans les mains des pirates alors qu’il y a un bureau des droits d’auteurs qui est là. Il ne protège pas les œuvres musicales. La Côte D’Ivoire par exemple, tu ne vois pas des gens en train de vendre les copies des CD sur la route. Il faut que le bureau guinéen des droits d’auteur soit ferme mais il ne l’est pas. Aujourd’hui, quand tu fais un album, l’argent que tu gagnes le premier jour finit presque le même jour. Quand tu fais une œuvre, il doit se vendre correctement, sans que les voleurs ne s’en approprient », dénonce Sékou Bembeya.
Cet artiste qui pratique ce métier depuis plus d’un demi-siècle demande au gouvernement guinéen de revoir cette situation en rappelant que la culture est un pilier de la fierté nationale.
En juin dernier, le jeune artiste Soul Bang’s avait également interpellé le Ministère de la culture sur le manque de protection de leur œuvre musicale. Interrogé sur ce sujet, le directeur du Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs, Abass Bangoura a justifié l’absence du fond d’entretien des artistes, par l’existence d’une assurance maladie des artistes qui selon lui est financé en majorité par les autorités guinéennes.
« Il n’y a pas de fonds d’entretien pour les artistes, mais il y a l’assurance maladie des artistes qui existe depuis trois ou quatre ans et ça évolue très bien. A la première année on avait fait un dépôt de 200 millions de francs guinéens pour l’assurance de la couverture sanitaire. Le Bureau guinéen des droits auteurs prend en charge 70% des frais d’hospitalisation sanitaire de tous les artistes de la République de Guinée qui vont souscrire à cette assurance », a déclaré Abass Bangoura.
Le Directeur du BGDA annonce qu’une nouvelle loi serait en préparation. Selon lui, une fois adoptée, celle-ci prendra en compte de nouveaux droits comme la copie privée.
“La copie privée, réunit les droits et redevances payés suite à l’importation de tout appareil porteur de son, tout appareil servant à la transmission d’images, à l’enregistrement audiovisuel, à l’enregistrement audio (téléphones, cartes mémoires, CD vierges, disques durs, ordinateurs, téléviseurs…)”, a indiqué Abass Bangoura.
Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 12 août 2019 15:56Nous vous proposons aussi
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