Nadia Nahman, porte parole de Cellou : « pourquoi le référendum est impossible en Guinée »
CONAKRY- Comment contrecarrer les promoteurs d’une nouvelle Constitution en Guinée ? À l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, on pense avoir la solution. La porte-parole de Cellou Dalein Diallo a accepté de nous accorder une interview pour aborder plusieurs sujets liés à l’actualité guinéenne. Nadia Nahman s’est exprimée au micro d’un journaliste d’Africaguinee.com…
AFRICAGUINEE.COM : Alors que le débat sur le troisième mandat fait rage, Alpha Condé se pose en arbitre entre les supporters et les opposants de la nouvelle Constitution. Comment réagissez-vous ?
NADIA NAHMAN : Je pense que le seul arbitrage qui vaille pour le Président de la République, c’est de se lever et de dire : « je ne serai pas candidat à ma propre succession parce que non seulement, la constitution me l’interdit, mais aussi parce que je n’ai plus de crédibilité et de légitimité, parce que j’ai déçu tous les espoirs qui avaient été placés en l’opposant historique que je suis ». Le meilleur arbitrage à apporter, c’est de dire que la Constitution sera respectée, l’ordre constitutionnel sera respecté et qu’il y aura une alternance démocratique en Guinée. Donc, je pense que tout le reste n’est que diversion. Le seul arbitrage qui vaille, c’est de dire que pour la stabilité politique, économique et sociale du pays, pour le respect et la préservation de l’unité nationale, pour la stabilité régionale, il y aura une alternance démocratique, et que toutes les conditions seront réunies afin que la Guinée connaisse la paix et que la Constitution soit respectée.
Les promoteurs d’une nouvelle Constitution disent souvent que le débat n’est pas pour le moment lié à un éventuel troisième mandat pour Alpha Condé. Que répondez-vous ?
C’est un jeu de dupes. La meilleure Constitution ne garantit pas la meilleure pratique. Ici, c’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité. Cette constitution quand même a été le cadre juridique par excellence qui a permis de sortir la Guinée de l’illégalité. La maturité d’un peuple se mesure à sa capacité à revenir dans son histoire. Que s’est-il passé en novembre 2001 ? A cette époque on a assisté à un référendum qui visait la suppression de la clause limitative des mandats. Quelles sont les conséquences auxquelles la Guinée s’est exposée ? Ce sont des conséquences économiques, sociales, politiques désastreuses, non seulement pour l’image du pays à l’international, mais aussi pour le plan national. Parce que la Guinée était vraiment dans un état difficile. Ce tripatouillage constitutionnel a conduit à des émeutes, des manifestations d’une ampleur inégalée en 2006-2007. Ces émeutes ont conduit l’armée à reprendre le contrôle. Une junte militaire est arrivée au pouvoir à la mort du général Lansana Conté. Cela a abouti à la situation chaotique du 28 septembre 2009.
Il a fallu que la communauté internationale se mobilise pour venir aux chevets de la Guinée, il y a eu les accords d’Ouagadougou du 15 janvier 2010. La communauté internationale a estimé que la Guinée jouait une place fondamentale sur le plan sous régional et qu’il fallait absolument se mobiliser pour le retour à l’ordre constitutionnel, pour le rétablissement des institutions qui avaient été dissoutes. Ces accords ont permis de mettre en place deux organes fondamentaux : le gouvernement d’union nationale et la constitution du 7 mai 2010. Cette constitution constitue aujourd’hui le cadre juridique par excellence. C’est sur ce cadre-là qu’ont eu lieu les élections présidentielles de 2010 et de 2015, le président Alpha Condé a prêté serment sur la base de cette constitution, les élections locales ont été organisées sur la base de cette constitution, les élections législatives l’ont été également.
Il faut savoir une chose qui est très importante. Il n’y a pas d’opposition de principe à ce que les dispositions de la constitution soient révisées et améliorées, mais pour peu que ça soit dans l’intérêt général, et pas dans l’intérêt exclusif d’un seul homme ou d’un groupe d’hommes. Aujourd’hui, ces personnes-là sont moins animées par des préoccupations liées à la légitimité ou à la légalité de cette constitution que par la volonté de se maintenir au pouvoir ad vitam-aeternam et de s’arroger une présidence à vie, afin de continuer la prédation à la tête de l’Etat et la dilapidation des ressources publiques. Pour moi, il faut revenir à ces éléments historiques pour dire qu’on a frôlé le pire ici. Bien sûr que toute œuvre humaine est perfectible, mais pour vue qu’on reste dans le cadre légal, réglementaire et constitutionnel. Il y a quand même une Constitution. Ce n’est pas au crépuscule de la fin du mandat que soudainement, on réalise que la constitution qui nous a élus n’est pas bonne. On peut alors considérer que toutes les institutions de la république sont illégitimes y compris le président de la République. C’est ça fondamentalement.
Il faut aussi rappeler que cette Constitution de mai 2010 est l’émanation d’un solide consensus de tous les acteurs nationaux et même internationaux. Toutes les chancelleries occidentales se sont mobilisées pour que la Guinée rejoigne le concert des nations et qu’elle puisse retourner à l’ordre constitutionnel. Mais après tout, le pays du NON du 28 septembre 1958 ne peut pas se permettre un tel retour en arrière ! On a quand même vécu 26 ans de dictature, 24 ans de régime autoritaire, quelques mois de junte militaire. Les acquis de la jeune et fragile démocratie guinéenne ne peuvent être consolidés si des gens décident de la remettre en cause de manière unilatérale. On ne biaise pas les règles de la sorte. C’est comme dans un match de football, on ne redéfinit pas les règles du jeu qui sont connues d’avance. La démocratie guinéenne est jeune et fragile, on ne peut pas la renforcer si on s’amuse à la remettre en cause de manière unilatérale dans l’intérêt exclusif d’un homme.
En ce moment tout un groupe de couturiers juridiques qui sont dans des hôtels 5 étoiles ici avec l’argent du contribuable guinéen participe à ce projet hautement dangereux et suicidaire pour la Guinée. Mais faut rappeler qu’il y a une barrière constitutionnelle infranchissable. C’est l’article 27 et l’article 154 de la Constitution. Les dispositions de l’article 27 sont claires. Il nous dit ceci : « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels consécutifs ou non ». Les constitutionnalistes de 2010 ne sont pas limités à l’article 27, ils ont ajouté l’article 154. C’est intéressant parce que là on a quand même des dispositions intangibles auxquelles on ne peut pas toucher. Pourquoi ? Parce qu’ils ont appris des leçons, ils ont tiré tous les enseignements de ce qui s’est passé en 2001. C’est le traumatisme parce qu’on peut très bien estimer qu’ils auraient pu s’arrêter à « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». Là Alpha Condé aurait pu laisser quelque venir, après il serait revenu. Mais ils ont ajouté « consécutifs ou non ». C’est de dire à quel point le traumatisme était présent. Ils ont verrouillé la Constitution sur ces aspects-là. Et quand on regarde sur les 55 pays qui constituent l’union africaine, 35 ont introduit des clauses limitatives de mandat. C’est intéressant de le noter. Même le Togo et le Burkina sont en train d’introduire ces clauses dans leur constitution. Les pays qui s’amusent à enlever cette clause, on a affaire à des pays dont les dirigeants sont passés plusieurs années à la tête de l’Etat qui n’ont aucun bilan positif à faire valoir et à défendre, et qui veulent se maintenir au pouvoir.
Revenant toujours sur le cas guinéen, on a ces éléments légaux que sont l’article 27 et l’article 154 de la Constitution. Mais les couturiers juridiques se sont dit attention : une telle modification de la constitution qui viserait à retirer cette clause-là serait très mal vu par l’opinion internationale (…). Ils se sont dit qu’on va penser à une nouvelle constitution. Et là encore que dit l’actuelle Constitution en ce qui concerne l’adoption d’une constitution par voie référendaire ? Il faut savoir qu’une nouvelle Constitution ne peut advenir que lorsqu’il y a rupture de l’ordre constitutionnel : coup d’Etat, révolution, chao généralisé ou encore naissance d’un nouvel Etat. C’est à ces seules conditions que l’on peut parler de nouvelle constitution. Qu’est-ce qui justifie ici l’édition d’une nouvelle constitution ? Rien. Il n’y a aucune opposition de principe à l’amélioration des dispositions, parce que toute œuvre humaine est perfectible, mais pour vue que ça se fasse dans le respect de la Constitution actuelle et pour vue que ça se fasse dans le respect des clauses qui sont révisables et des clauses qui ne sont pas révisables. Sous Nicolas Sarkozy en 2008, il y a eu une réforme qui a amputé la constitution des 2/3 de ses dispositions, mais on n’a pas touché aux clauses intangibles. Elle a été améliorée sur la base dispositions qui pouvaient l’être. Donc, ça c’est une démarche à laquelle on peut souscrire. Mais ce qui est dangereux, on ne peut pas se lever un beau matin, concocter une nouvelle constitution et la proposer au peuple de Guinée sans l’associer. Ils sont en train de tomber dans leur propre piège en disant que le CNT (conseil national de la transition) n’est pas représentatif. NON. Toutes les couches socioprofessionnelles du pays ont été consultées. Il y a eu une large consultation. Donc, il n’y a pas de possibilité tant que cet ordre constitutionnel n’est pas rompu.
Parlant de référendum, il est important d’attirer l’attention sur le fait que la Constitution guinéenne encadre strictement le référendum. Le régime juridique applicable au référendum et fixé par les articles 51 et 152 de la Constitution guinéenne. Aucun de ces articles ne peut servir de fondement de base légal à l’adoption d’une nouvelle constitution. Pourquoi ? Parce que l’article 152 qui régit le référendum s’inscrit uniquement dans le cadre de la révision. Donc, on ne peut pas parler d’une nouvelle constitution. L’article 51 ne peut pas non plus servir de base légale à une nouvelle constitution. Pourquoi ? Parce que le référendum prévu à l’article 51 est un référendum uniquement de nature législative. C’est quoi un référendum ? C’est une consultation directe du peuple sur l’adoption d’un texte législatif ou constitutionnel d’intérêt national ou général dont la réponse est oui ou non. L’article 51 ne peut pas servir de fondement légal à une nouvelle constitution parce que le référendum prévu à l’article 51 est uniquement législatif. Il n’y a aucune possibilité. S’ils veulent améliorer le cadre, il faut que ça se fasse absolument dans le cadre des dispositions légales.
Nul n’est dupe, peu importe la dénomination. Qu’il s’agisse d’une modification, qu’il s’agisse d’une nouvelle constitution, quelle est finalité poursuivie aujourd’hui ? C’est une présidence à vie. Les guinéens le savent. Ce n’est pas un procès d’intention. Cette présidence à vie est promue par les plus hauts dignitaires de ce pays avec la bénédiction même du chef de l’Etat. Voilà pourquoi quand on me parle d’arbitrage, ça me fait sourire. Quand on dilapide autant de deniers publics à organiser des concerts rémunérés à des milliards de francs guinéens, à organiser des sorties à l’intérieur du pays grassement rémunérées, de quel arbitrage peut-on parler quand le président de la république lui-même avalise ça ? C’est lui le seul responsable.
C’est le seul qui est capable de dire aujourd’hui « je ne peux pas être l’antithèse de Mandela ». Je vais vous dire une chose : Après 50 ans de dénonciation, 50 ans de lutte constante à mettre à l’actif de l’homme d’Etat qui est Alpha Condé, il ne faut pas trainer dans la boue l’opposant historique qu’il a toujours été. Cet opposant historique qui s’est toujours battu pour l’avènement et la consolidation de l’alternance démocratique dans ce pays. Cet opposant historique qui a été la figure de proue du FRAD (front républicain pour l’alternance démocratique). Je pense que le seul arbitrage qu’il a à faire, c’est de dire : « à mes cadres véreux, il y a eu l’épisode de Lansana Conté, j’ai 82 ans, je suis à 18 ans de mes 100 ans, je n’aurai pas toutes les aptitudes physiques, mentales et intellectuelles de diriger ce pays, je ne veux que ce pays soit exsangue, je ne veux pas voir ce pays être dirigé par des vampires qui vont se mettre qu’à vider toutes les ressources. Je me suis battu pour l’avènement de la démocratie, je me retire. C’est le seul arbitrage qui vaille ».
Mais quand le président dit lors du meeting le 24 mars dernier que personne ne m’empêchera d’aller devant le peuple et de faire sa volonté ; de quel arbitrage parle-t-on ? De quel arbitrage parle-t-on quand c’est le même président qui dans la presse sénégalaise dit que de toute façon s’il y a modification de la constitution il y a troisième mandat, s’il y a nouvelle constitution il n’y a pas de troisième mandat ? Donc ce n’est pas un procès d’intention qu’on est en train de lui faire. On le juge aux actes et aux propos qui sont posés.
Comment réagissez-vous face aux violences survenues en début de semaine à Kankan ?
Revenons à ce discours du 24 mars dernier. Qu’a dit le président ? C’est préparez-vous à l’affrontement. Le mal était fait. Ses acolytes et thuriféraires ont investi les radios parce qu’il fallait absolument corriger la boulette du président. Je rappelle quand même que cet appel à la haine, à la violence et à l’affrontement est puni par la constitution. Ils se sont mobilisés pour dire NON c’est un affrontement d’idées. On s’est dit bon il a dit ça dans un moment d’égarement, on va lui donner le bénéfice du doute. Mais là, on voit clairement que le tapis rouge est déroulé pour les promoteurs du troisième mandat qui reçoivent le soutien de l’Etat avec les ressources publiques. Et en face, un seul papier format A4 avec quelques mots qui incitent au respect de la constitution peut conduire en prison en Guinée. C’est ça la triste réalité. C’est extrêmement regrettable de voir aujourd’hui, on joue avec la vie des guinéens, on banalise la vie humaine et que c’est la prison pour les opposants au troisième mandat et que c’est le tapis rouge déroulé pour ses promoteurs. C’est extrêmement regrettable ce qui se passe aujourd’hui en République de Guinée. On est en train de jouer avec le feu.
Ce me chagrine, c’est qu’on à affaire aujourd’hui à des gens qui ont des avantages et des privilèges aujourd’hui et qui savent que pour voir prospérer ces avantages et ces privilèges, il faut absolument que ce régime actuel se maintienne. Parce que c’est des gens qui sont d’une incompétence notoire et que seule la survie du régime peut leur permettre de maintenir les privilèges et avantages qu’ils ont acquis. C’est regrettable. Je pense que si les autorités s’en tenaient au respect strict de l’actuelle constitution, ce serait déjà un bon départ. La haute cour de justice n’est pas installée et là ça leur permet de se maintenir à ce coup d’Etat constitutionnel qui est en cours de préparation. L’article 119 de la constitution donne une définition de la haute trahison. « Est considéré comme crime de haute trahison, toute violation du serment du président de la république ». Le Président de la république depuis son avènement au pouvoir, en 2015 surtout s’est illustré par de nombreuses violations des dispositions de notre constitution. Le simple fait de dire que j’enlève mon manteau de chef d’Etat pour revêtir celui de militant à son parti est une violation de la constitution parce qu’il ne se met Pas au-dessus de la mêlée, au-dessus des clivages pour dire que je suis le père de la nation. Et quand on appelle à l’affrontement, c’est une violation de notre constitution. Quand on viole à ce point son serment, dans tout pays normal, on serait vers une procédure de destitution du chef de l’Etat. Parce qu’il a violé son serment et continue de le faire.
Pourquoi les députés de l’opposition n’ont pas déclenché une telle procédure à l’Assemblée Nationale ?
Ça a déjà été fait, mais ça n’a pas prospéré parce que pour pouvoir déclencher une procédure de destitution, il faut un 1/10èmedes députés. Par contre pour que ça prospère, il faut les 3/5ièmede la majorité des députés présents à l’assemblée nationale. Mais on n’a pas cette majorité-là. Sinon c’est une démarche qui a été initiée effectivement. Le droit à lui seul ne suffit pas. Parce qu’on pouvait estimer qu’Alpha Condé a travaillé, laissons-le finir ses chantiers. C’est d’ailleurs l’un des arguments phares que l’ont entends Mais pardonnez-moi ! Le principe de la continuité de l’Etat veut que ce sont d’abord des hommes qui se succèdent à la tête autorités administratives et politiques. Donc, ce principe de continuité de l’Etat ne s’applique pas aux hommes, il s’applique plutôt à l’Etat qui demeure une entité. Mais regardons un peu l’état dans lequel l’économie guinéenne se trouve.
Sur le plan économique, la Guinée fait partie des pays les moins avancés, la Guinée fait partie des pays les plus pauvres au monde, en terme de l’indice de corruption mis en place par Transparency international, la Guinée occupe la 138èmeplace, l’espérance de vie en Guinée c’est 54 ans, plus de 55% de la population guinéenne vit en dessous du seuil de pauvreté, sur l’indice du développement humain du PNUD, on est 178èmesur 187 pays. On a affaire à un pouvoir qui ne mobilise pas. La moindre mobilisation doit être faite à coût de dilapidation des ressources publiques. Et puis ce décret qui rattache la Soguipami à la présidence. C’est pour pouvoir alimenter la machine d’achat des consciences pour monnayer le soutien de tous ces prédateurs qui veulent voir ce pays à plat. Dans tout ça, là où le pouvoir a failli, c’est l’autosuffisance alimentaire. Pourquoi ? Dans un pays où tout pousse, on n’importe tout, malgré la remarquable hydrographie de la Guinée, malgré ces milliers d’hectares de terres arables. Il est inadmissible que dans un pays où tout pousse que l’on importe tout. La Guinée vit d’importation des produits vivriers y compris le riz. On peut reconnaître au président de la République ses promesses non-tenues louables : combien de fois il a tenu des promesses d’usine de pomme de terre à Timbi Madina, d’anacardiers ? Tout ça est resté lettre morte. Il faut absolument que l’on passe d’un pays qui cherche à se nourrir à un pays capable de se nourrir. Quand on parle, on dit que c’est l’UFDG c’est pourquoi il est important de voir les chiffres fournit par des institutions internationales crédibles pour comprendre l’ampleur de la situation.
Sauf qu’Alpha Condé rétorque en disant que la Guinée n’est pas gouvernée par des ONG…
Je pense que c’est tellement facile pour un dirigeant pour Alpha Condé de jouer sur cette fibre anti impérialiste. Quand on n’a aucun argument à faire valoir, c’est soit les raccourcis ethniques, soit les raccourcis panafricanistes. Parlant du panafricanisme d’ailleurs, les promoteurs de la nouvelle constitution disaient que le panafricanisme n’est pas inscrit dans la Constitution. C’est faux. C’est dans le préambule de la Constitution guinéenne. Il faut qu’on arrête d’insulter l’intelligence collective des guinéens. Parlant de tout ça, je voudrai mettre en avant la grande ambivalence du chef de l’Etat parce que d’un côté on agit en Gambie pour l’alternance démocratique, de l’autre côté, il incarne des postures antidémocratiques. Où est la cohérence dans tout ça ? C’est extrêmement difficile.
Aujourd’hui, il n’a aucune crédibilité, aucune légitimité pour parler au nom de ces gens-là. Taper sur Amnesty International ou Human Rights Wacth qui est une ONG de référence en matière des droits de l’homme, c’est quand même petit de voir à quel le président se désintéressait des conclusions de cette ONG. Pourtant elle a fait un rapport accablant sur l’impunité en Guinée qui ne nous honore pas. Human Rights Wacht ne s’est pas limite là, elle a fait des propositions pour venir à bout de l’impunité en Guinée. L’ONG a proposé de mettre en place une entité judiciaire autonome, un panel spécial qui soit totalement indépendant de la chaîne de commandement habituel pour faire en sorte que l’impunité soit vaincue. Parce que l’impunité d’hier encourage la récidive d’aujourd’hui.
Le meilleur des services qu’un président de la République puisse rendre à son pays à défaut d’avoir apporter un développement ou à défaut d’avoir posé les bases du développement, c’est de préserver la paix. C’est fondamental. En Guinée on a un véritable problème avec la franchise. On dit très facilement que la Guinée est un pays de paix. Mais excusez-moi, la paix n’est pas l’absence de guerre. Parce qu’aujourd’hui, on vit une justice institutionnalisée. Celle-ci se nourrit de beaucoup de frustrations, de malaise, d’espoirs déçus. Kaporo rails, ce traumatisme-là ne va pas s’effacer du jour au lendemain.
A suivre…
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 3 mai 2019 11:42Nous vous proposons aussi
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