Troisième mandat pour Alpha Condé : les femmes avaient-elles raison de réclamer une nouvelle Constitution ?
CONAKRY-La position affichée de certaines femmes le 8 mars dernier au palais du peuple à propos d’un troisième mandat continue à alimenter les débats au sein de la cité. Rencontrés par un reporter de notre rédaction, plusieurs citoyens de la capitale guinéenne se sont exprimé sur ce sujet, si les uns pensent que ce groupe de femmes était manipulé par certains caciques du régime en place, d’autres expliquent plutôt que ces femmes ont raté l’objectif réel de cette journée qui devait être l’occasion pour elles de débattre sur leur avenir.
Rencontré à Lambanyi dans la commune de Ratoma, Hamidou Cissé a estimé que ces femmes sont manipulées par le régime en place. Il demande aux femmes guinéennes d’éviter le piège qui leur serait tendu par le parti au pouvoir.
« Je déplore l’acte des femmes qui demandent un troisième mandat pour Alpha Condé. Elles-mêmes ignorent dans quelles conditions nous vivons. Demander un troisième mandat pour Alpha Condé c’est un recul de la démocratie. Ce n’est pas encore toutes les femmes, c’est juste une portion des femmes et puis manipulées par les gens du RPG, du pouvoir en place. Nous déplorons l’acte de ces femmes, nous sommes indignés de leurs propos, ce n’est pas ce qu’on attend de la femme africaine, particulièrement les femmes guinéennes. L’appel que je lance à toutes les femmes c’est de ne pas se laisser piéger par ce régime. Dès que les élections pointent à l’horizon on manipule les femmes et les jeunes. C’est pourquoi je demande à toutes les femmes de respecter la Constitution », a affirmé ce citoyen.
Alseiny Keita lui est étudiant. Selon lui, ces femmes ont juste exprimé leur sentiment, mais ajoute-t-il, il appartiendra à tout le peuple de Guinée de se prononcer sur la question de troisième mandat pour Alpha Condé.
« Je dirais qu’elles ont exprimé leurs sentiments parce qu’il y avait d’autres qui avaient écrit sur des pancartes pour dire NON au troisième mandat et à une nouvelle constitution. Qu’à cela ne tienne, c’est le peuple qui va décider la suite comme l’a si bien dit le Président de la République. S’il doit y avoir un troisième mandat, il y aura un referendum et le peuple va décider. On sait que la Constitution guinéenne prévoit deux mandants donc ce n’est la peine de parler de troisième mandat alors que le second n’est pas encore fini », a expliqué cet étudiant.
Alpha Mamadou Diallo est un enseignant chercheur. Selon lui, dans la démocratie ce n’est pas grave de demander un troisième mandat mais le problème explique-t-il, c’est de passer à l’acte.
« On a vu des gens et on ne sait pas pour quelle raison elles ont affiché la position devant permettre au Président de la République de briquer un troisième mandat. Mais on a constaté aussi surles même lieux des oppositions fermes, des personnes qui elles tenaient à ce que le 8 mars soit remis dans son contexte. Dans la pratique, comme c’est la démocratie, la pluralité, moi je ne trouve pas trop grave que des gens expriment leurs positions pour un troisième mandat mais passer à l’acte est un autre problème. Sont-elles manipulées ? Veulent-elles réellement un troisième mandat ? C’est ça les grands problèmes et normalement la loi règle c’est-à-dire, il y a un écart entre ce que la loi veut et ce que certaines personnes veulent, c’est naturel. Mais encore que si nos institutions sont vivantes on est aussi certains que le troisième mandat ne doit pas être d’actualité, même si les personnes le souhaitentpour des raisons inavouées », a expliqué cet enseignant avant de porter quelques précisions sur une éventuelle possibilité de modifier l’actuelle constitution.
« Moi je pense que ces femmes doivent de plus en plus chercher à être conformes à la loi. Être conforme à la loi c’est vouloir faire respecter la close cadenassée du troisième mandat puisqu’il faut le rappeler, sur le plan juridique il n’est pas interdit de modifier la constitution mais certaines dispositions elles ne sont pas modifiables. Mais peut-être que l’amalgame qui va-t-être entretenu c’est qu’à l’occasion d’une modification qui pourra toucher les autres points de la constitution sur lesquels la modification est possible on pourrait toucher les autres qu’on ne peut pas modifier. Il faut que ce soit clair sur ces questions-là. Nous appelons tout le monde à respecter la loi », a-t-il conclu.
Kerfala Touré lui pense que l’éternité n’appartient qu’à Dieu. C’est pourquoi il demande à ces femmes de ne pas mettre à l’eau le travail qu’à fait le Président Alpha Condé en 8 ans à cause d’un problème de troisième mandat. Selon lui, Alpha Condé sortira tête haute en acceptant le changement. Kerfala Touré est persuadé qu’il y aura d’autres guinéens encore qui pourront mieux servir la nation à part Alpha Condé.
« On doit éviter de politiser tout dans ce pays-là, moi mon constat dans ce pays c’est de l’amertume, tout est politisé, qu’on soit à la mosquée, à l’église, dans des cérémonies religieuses qui nous rapprochaient, aujourd’hui tout est politisé. Le 8 mars est réservé uniquement à la fête des femmes, certainement magnifier un peu le Gouvernement (…). En 8 ans, on peut dire que le pays a fait près de 50 ans de décollage, vraiment c’est à saluer et à féliciter ; Mais se mettre à se prononcer pour un troisième mandat, je crois que ce n’est pas le moment. Ils ont encore un an, qu’on laisse le Gouvernement travailler et que d’autres guinéens zélés ne descendent pas pour se mettre à manipuler, qu’on arrête, qu’on fête les événements dans leur contexte. Se prononcer pour un troisième mandat ? Je crois que les guinéens doivent rêver du changement, le Président prôné le changement, il en a apporté, certainement il y a d’autres guinéens qui peuvent apporter mieux que lui, je crois qu’il faut aller dans ce sens-là. C’est quelqu’un qui a œuvré pour la défense des causes de la démocratie pour la Guinée, l’Afrique et le monde entier, je crois qu’il va sortir la tête haute. Il ne doit pas regarder ce que font les autres chefs d’Etats africains, je crois que le Président Alpha Condé n‘a pas ça dans son calendrier. D’autres guinéens qui sont habitués à ce rythme-là, qui veulent aller dans ce sens-là, pardon qu’on ne salisse pas l’œuvre de ce monsieur. Il pourra mieux servir la Guinée même lorsqu’il ne sera pas Président de la République, et surtout ce serait mieux parce qu’il va être plus crédible, respecté par toutes les institutions internationales. Il faut qu’on arrête, il ne faut pas qu’on mette en l’eau tout ce que ce monsieur a fait pour cette nation. L’éternité n’appartient qu’à Dieu », a expliqué ce citoyen.
Elvis Ouokpan Doré lui aussi estime que la date de 8 mars n’était une opportunité pour ces femmes de s’exprimer sur des sujets politiques. Il affirme que cette journée devait être consacrée pour parler des problèmes des femmes.
« La journée de 8 mars c’est une journée qui est consacrée à des actions pour magnifier la femme, ce n’est pas une décision du Gouvernement guinéen, c’est une fête mondiale. L’idée c’est d’accompagner les femmes dans leurs projets, de les permettre de se sentir à l’aise, de les mettre dans leur univers de femmes. Pour moi ce n’était pas une occasion pour les femmes d’exprimer leurs penchants politiques pour parler de troisième mandat même si chacune d’elles a un droit politique. Moi je pense que ce sont des affirmations beaucoup plus populistes puisque nous tendons vers 2020 et chacun aujourd’hui est en train de se positionner sur l’échiquier politique pour savoir sur quel pied danser. Pour moi, ce n’était pas l’occasion d’exprimer ces idées », a-t-il expliqué.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 23 mars 2019 10:24Nous vous proposons aussi
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