Femme de valeur : à la rencontre de Mariam Keita, spécialiste en recyclage de déchets plastiques…

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CONAKRY-Alors que les ordures envahissent la ville de Conakry et menacent la santé publique, une jeune dame a trouvé l’idée originale de transformer ces déchets en pavés et briques. Cette solution a un double avantage : elle lutte contre l’insalubrité et génère de l’argent et de l’emploi. L’histoire de  Mariam Mohamed Keita  devenue cheffe d’entreprise est un cas d’école. Elle a réussi à créer une entreprise de recyclage des déchets plastiques en pavés et briques. 


Rencontrée dans son atelier au KM 36 dans la préfecture de Coyah, la patronne d’entreprise BGS (binedou global service), nous a révélé comment lui est venue l’idée de transformer les déchets plastiques. Interview exclusive. 

 

AFRICAGUINEE.COM : Qu’est-ce qui vous a motivé à être entrepreneure ?

MARIAM MOHAMED KEITA : Après mes études en gestion informatique et comptable, la recherche de mon premier emploi m’a amenée à visiter bon nombre de rues de Conakry. Ma formation en esprit d’entreprise m’a permis de savoir qu’une frustration peut être une opportunité d’affaire. J’ai aussitôt commencé à penser à ces plastiques. Le problème des déchets plastiques était ma plus grande frustration. Je me suis dit qu’il faudrait que je trouve une solution pour résoudre ce problème. Après analyse, j’ai constaté que le recyclage de ces déchets plastiques peut répondre à plusieurs besoins dont entre autres : la protection de l’environnement, la fourniture des pavés et briques aux entreprises de construction et aux particuliers.

Comment avez-vous créé votre entreprise ?

J’avais l’idée et j’ai débuté les activités en 2018 à travers un concours « Osez Innover » qui a été financé par le PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement, Ndlr). Quand j’ai remporté le troisième prix du concours, j’ai eu le financement pour commencer mon travail. Après je me suis auto-formée dans le recyclage des déchets plastiques. 

A ce jour quel est votre chiffre d’affaires ?

Pour le moment je préfet garder ça secret.

Avez-vous des employés au sein de votre entreprise ? 

Oui, pour le moment nous sommes cinq, vu qu’on n’a pas assez de moyens. Parmi eux, il y a deux hommes. Sinon nous avons actuellement besoin de plus de 50 jeunes.

Expliquez-nous comment fonctionne votre entreprise ? 

C’est d’abord les femmes à la tête. Les hommes viennent derrière pour encourager les femmes.  Si j’ai fait cela, ce n’est pas pour me moquer des hommes, Ils ont naturellement beaucoup de force. Nous les femmes même si on a la force, on n’arrive pas à employer cette force. On se tient faible et on dit chaque fois que c’est le travail des hommes. Moi je ne peux pas faire ça. C’est pour montrer aux femmes qu’on peut faire tout. Seulement, il faut se donner la volonté et le courage.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous rencontrons beaucoup de difficultés. Surtout les fumées qui nous fatiguent pendant le travail qui se fait manuellement. Il faut beaucoup de courage pour arriver là où on veut aller. 

Prenez-vous des mesures de sécurité pendant le ramassage des ordures ?

Nous partons dans la rue, dans les caniveaux, on ramasse pour débarrasser Conakry de ces ordures. Mais on se protège en portant des bottes, des gangs et des bavettes. Après, nous faisons la collecte. Si on arrive à ramasser beaucoup, on déplace des tricycles si ce n’est pas beaucoup on met sur la tête. Après, on fait le tri, la fonte, ensuite on fait le moulage. Ça trouvera que le plastique est déjà fondu, on prend la patte pour mettre dans la moule et le séchage prend 15 à 20 minutes. Par jour, on peut faire jusqu’à 45 pavés, mais nous n’avons pas assez de clients parce que le produit est méconnu du guinéen.  

Combien coûtent les pavés ?

Nous vendons les pavés d’1 mètre carré à 50 mille francs guinéens. Le prix est raisonnable parce que les pavés ordinaires, c’est entre 55 mille à 60 mille francs guinéens. 

Quel regard certains hommes portent-ils sur vous ? 

Depuis que je me suis lancée dans ce métier, vraiment je bénéficie du respect et de l’admiration. Les hommes pensent qu’il n’y a pas de femmes qui osent les imiter dans leurs travaux durs. Quand les hommes me voient faire ce travail, vraiment ils éprouvent du respect pour moi et m’encouragent. C’est le courage-là qui m’amène là où je veux aller. 

Avez-vous d’autres projets ? 

Nous avons plein de projets. D’abord, nous devons faire la sensibilisation. C’est un projet qui vise à sensibiliser les femmes et les jeunes sur la méthode à employer pour tirer profits des ordures que nous avons. Nous avons aussi des projets pour étendre nos activités à l’intérieur du pays pour qu’on arrive à récupérer les plastiques qui sont jetés dans les rues par les guinéens.

Es-ce que vous bénéficiez du soutien de l’Etat ?

Pour le moment non.

Quel message avez-vous à lancer aux femmes en général ?

 Mon message, c’est de dire aux femmes que le développement de la Guinée ne peut pas se faire sans les femmes.  Je dirais aussi aux jeunes, il faut qu’on cherche à être créateur d’emploi non chercheur d’emploi. Un autre message à lancer, c’est de dire au gouvernement d’aider les jeunes pour que la Guinée puisse se développer. Il y a des jeunes qui ont de belles initiatives. Même si on a les idées, si tu n’as pas les moyens, ce n’est facile d’y arriver. Il faut qu’on arrive à nous aider puisque le travail que nous sommes en train de faire actuellement nous avons des difficultés. Nous avons besoin de nous protéger. Si on continue à travailler manuellement on ne pourrait pas vivre longtemps. Il faut qu’on ait des machines. 

 

Interview réalisée par Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

Créé le 5 mars 2019 17:20

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