« Remaniement » au sommet du parti de Cellou : Quels sont les dessous ?
CONAKRY-Quels sont les dessous du "mini-remaniement" intervenu au sommet du parti dirigé par Cellou Dalein Diallo ? Aliou Condé qui vient d’être promu au poste de vice-président par intérim chargé des affaires politiques les a confiés à Africaguinee.com. Dans cette première partie d’une interview qu’il nous a accordée, le secrétaire général de l’UFDG parle également de ses projets futurs. M. Condé répond également aux critiques disant que Cellou Diallo Diallo se dirige vers un isolement politique. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Nous venons d’assister à un ‘’mini-remaniement’’ au niveau de la Direction de l’UFDG. Quels sont les dessous ?
ALIOU CONDE : Ce n’est pas un remaniement, c’est juste un réajustement. Vous savez que le Chef de Cabinet actuel du président, (M. Aroune Diallo) est malade. Il est en convalescence au Canada. Le poste ne peut pas être vacant puisqu’il y a trop de travail à Conakry. Il a été remplacé par madame Nadia Nahman qui était notre Secrétaire Général à Strasbourg qui est professeur de Droit à Science Po et qui a décidé de rentrer en Guinée. Elle va assumer ce poste à titre intérim. Il y a monsieur Bano Sow qui a été désigné pour aller à la CENI où il a été élu vice-président. Il est obligé de raccrocher sa casquette politique. Son poste était vacant au sein du parti. Il fallait qu’il soit remplacé. Donc, le Conseil Politique et le président ont estimé que je pouvais faire ce travail en attendant un congrès. Comme vous le savez, les vice-présidents sont élus. Donc, en attendant le Congrès, je vais assurer l’intérim tout en gardant mon poste de Secrétaire Général.
Accessoirement deux responsables ont été également désignés. L’un est chargé des fédérations du parti à l’intérieur, l’autre à l’extérieur. Parlez-nous-en !
J’en venais. Le vice-président chargé des affaires politiques et le poste de Secrétaire Général, vous êtes d’accord avec moi que c’est un peu trop gros. Le SG est le gardien de la maison qui s’occupe de tous les problèmes administratifs. C’est pour cette raison qu’on a dit que le vice-président que je suis va être assisté de monsieur Mamadou Diouma Bah pour les fédérations de l’extérieur et de M. Cellou Baldé pour les fédérations de l’intérieur. Je ferai des délégations de pouvoir à ceux-là pour abattre le travail. Donc, à vrai dire, ce n’est pas un remaniement, c’est juste pour combler des places vacantes.
Est-ce la seule explication ?
Tous les postes que je viens de citer sont vacants. On ne peut pas aller à des échéances électorales aussi importantes en laissant des postes si importants vacants. Le vice-président, le chef de cabinet ne peuvent pas rester aussi longtemps sans être occupés. Bano est parti le mois de janvier. Donc, il faut bien qu’il soit remplacé.
Quels seront vos prochains chantiers ?
Comme vous le savez, affaires politiques et parti politique riment ensemble. On va s’occuper du fonctionnement même du parti ainsi que des défis auxquels il est confronté. On va s’occuper de ses structures tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, s’assurer de leur redynamisation. Ensuite, il y a les problèmes électoraux qui sont extrêmement importants. Qu’on nous aime ou qu’on ne nous aime pas, nous avons une puissante commission électorale qui arrive à couvrir la totalité du pays lors des élections, nous arrivons à remonter les résultats. On arrive à cerner le processus électoral en temps réel. Lors des communales, le vote a eu lieu dimanche, mais le lundi dans l’après-midi, on a pu donner les résultats sur toute l’étendue du territoire. On savait ce qui s’était passé. C’est ce qui a amené les CACV à modifier les résultats parce que nous les avions déjà.
Nous estimons qu’à la prochaine fois, avec cette expérience, nous allons faire comme dans les autres pays. Qu’il y ait des captures d’écran des PV qui vont être affichés au niveau des bureaux de vote. Nous espérons que lors des prochaines élections, on va les afficher, on aura des fiches de résultat ou des PV sortis des urnes que nous pouvons exhiber dans les juridictions, si c’est nécessaire.
Est-ce là une nouvelle exigence que l’UFDG mettra sur la table pour ce qui est des échéances à venir ?
Absolument ! Lorsqu’on va commencer à parler des élections législatives, les réunions préparatoires avec la CENI et toutes les structures, ce sont des questions qu’on doit régler. La dernière fois, le président de la CENI avait fait une circulaire pour leur (les présidents des CACV) demander de ne pas modifier les résultats issus des urnes, mais ils sont passés outre. Qu’est-ce qu’il faut maintenant pour que cela n’arrive plus ? Le jour des élections tout est calme. Pourquoi après ça dégénère ? C’est parce qu’on a voulu tripatouiller les résultats. Je pense que comme tout le monde a mis le doigt sur la plaie, il faut qu’on dise la prochaine fois, comment on fait pour éviter des problèmes. C’est l’un des rôles de la vice-présidence chargée des affaires politiques de rédiger un mémo par rapport à cette situation et de faire des propositions pour qu’il y ait une discussion autour de ces problèmes afin que, ce à quoi on a assisté à ces communales ne se répète pas. Je crois que tous les guinéens sont attachés à la paix et que tous veut que le lendemain des élections ne soit plus troublé. Donc, nous avons recensé assez d’anomalies pour que lorsque l’occasion se présentera, qu’on puisse discuter. Ce travail a été fait en collaboration avec la commission électorale du parti.
On vient d’assister à la création d’un nouveau bloc dans l’opposition qui est dénommé convergence de l’opposition démocratique. Beaucoup pensent que Cellou Dalein Diallo risque un isolement politique. Que répondez-vous ?
Je ne verrai pas ça sous cet angle. Je vois ça sous l’angle positif. Cellou Dalein avec son parti est à la recherche du Pouvoir. Il veut être Président de la République. Tous ceux qui sont dans le nouveau bloc visent aussi la même chose. On crée un parti politique parce qu’on veut accéder au Pouvoir. On ne crée pas son parti politique pour venir aider un autre parti. Donc, il faut concéder à tous les partis politiques le droit de s’organiser pour atteindre cet objectif. Nous ne voyons pas d’inconvénients. On ne vient pas l’opposition républicaine pour aider Cellou. On vient parce que d’abord on a des idées qui convergent. Il ne faut pas confondre les alliances électorales et les plateformes politiques qui sont battis autour de certains idéaux. L’alliance électorale par contre, elle est faite pour aller conquérir le pouvoir (législatif, communal ou présidentiel).
C’est là où souvent les gens font des confusions. Aujourd’hui, la Guinée est confrontée à un défi. C’est celui des velléités de modification de la Constitution en vue d’avoir un troisième mandat. Voilà le problème qui se pose. Nous avons tous flétri le fait que la démocratie a eu du recul dans ce processus des élections communales et qu’il faille en sortir. Donc, toute personne, tout parti politique qui lutte pour le respect des principes démocratiques, qui lutte pour l’alternance au pouvoir, qui lutte pour le respect de la Constitution, nous sommes des alliés potentiels. Même si nous ne sommes pas ensemble, nous convergeons vers le même point qui est celui de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de Droit dans notre pays. Nous leur souhaitons bon vent et tout le succès possible dans cette lutte. Mais lors des élections, nous irons tous à la compétition. Et comme on dit : que le meilleur gagne.
A suivre…
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 311 112
Créé le 24 février 2019 11:05Nous vous proposons aussi
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