Le pape François critique « la voracité consumériste » de l’humanité
Le pape François, chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a vivement critiqué lundi soir, dans son homélie de la nuit de Noël, la "voracité consumériste" des hommes. Il a appelé à réfléchir au sens spirituel de la vie et au partage avec les plus pauvres.
"L'homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie", a constaté le souverain pontife, devant une dizaine de milliers de fidèles rassemblés comme chaque année dans la basilique Saint-Pierre à Rome.
"Une insatiable voracité traverse l'histoire humaine, jusqu'aux paradoxes d'aujourd'hui; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d'autres n'ont pas de pain pour vivre", a martelé le pape argentin, infatigable défenseur des pauvres, en appelant les fidèles à "ne pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme".
"Le petit corps de l'enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie: non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner", a plaidé le pape lors de la messe de la nuit de Noël, qui commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem.
Basilique de la Nativité
Le pape, qui vient de fêter ses 82 ans, adressera son sixième message de Noël "Urbi et orbi" ("à la ville et au monde") mardi devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre.
En attendant, des pèlerins du monde entier se sont rassemblés lundi pour Noël près de la basilique de la Nativité à Bethléem, fréquentée cette année par un nombre de visiteurs en hausse. Comme de coutume, des scouts palestiniens habillés de bleu, jaune ou beige ont défilé vers midi au son des cornemuses et des tambours sur la place de la Mangeoire, située près de la basilique, où se dresse un imposant sapin de Noël.
L'archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, a célébré en soirée la traditionnelle messe de minuit dans l'église Sainte-Catherine, située à proximité de la basilique de la Nativité. Le président palestinien Mahmoud Abbas et d'autres dignitaires palestiniens y ont participé.
La basilique de la Nativité, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, demeure une destination religieuse et touristique majeure, même si les chrétiens ne sont plus les plus nombreux par rapport aux musulmans à Bethléem et ses alentours en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.
"Respect"
En 2017, les célébrations de Noël y avaient été assombries par les tensions résultant de la reconnaissance américaine de Jérusalem en tant que capitale d'Israël. "Cette année c'est beaucoup plus tranquille, bien mieux que l'an dernier", s'est réjouit une Palestinienne chrétienne originaire de Beit Sahour, une localité proche de Bethléem.
Après plusieurs années de baisse de fréquentation dues aux retombées du conflit israélo-palestinien, le tourisme enregistre en 2018 sa meilleure saison depuis des années à Bethléem. Les hôtels affichent des taux d'occupation particulièrement élevés pour la période de Noël, a indiqué Elias Al-Arja, président de l'association des hôtels palestiniens.
Ailleurs, la ville de Barcelone, déjà victime d'un attentat en 2017, était en état d'alerte après un avertissement des autorités américaines au sujet d'un risque d'attaque terroriste pour les fêtes de fin d'année.
La reine Elizabeth II profitera de son côté mardi de son traditionnel discours de Noël pour appeler les Britanniques, très divisés sur le Brexit, à faire preuve de "respect" les uns envers les autres, selon des extraits publiés à l'avance.
Aux Etats-Unis, le périmètre, où déambulent habituellement les passants autour de l'"arbre de Noël national" près de la Maison-Blanche, était fermé, en raison de la troisième journée de "shutdown", la fermeture de l'administration fédérale américaine, après l'échec des tractations au congrès sur le financement d'un mur à la frontière mexicaine voulu par le président américain Donald Trump.
AFP
Créé le 25 décembre 2018 07:12