Aboubacar Soumah prévient : « Il va y avoir une année blanche… »

Aboubacar Soumah

CONAKRY-Faut-il craindre une année blanche en Guinée ? Quel avenir pour le mouvement de grève lancé par le SLECG ? Aboubacar Soumah, le meneur de la grève des enseignants a tranché. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée prévient que l’UNESCO (Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la science et la culture) va déclarer une année blanche en Guinée si les cours ne reprennent pas jusqu’en fin décembre. Avec le leader du SLECG, nous avons également abordé d’autres sujets. C’est une exclusivité Africaguinee.com !


 

AFRICAGUINEE.COM : Plusieurs enseignants ont repris le chemin de l’école dans les villes de l’intérieur du pays, n’avez-vous pas le sentiment que votre mouvement est en train de s’essouffler ? 

ABOUBACAR SOUMAH :Ceux-là qui disent ça, ça les engage. Nous, en ce qui nous concerne, nous savons que notre mouvement tient encore la route. Ceux qui racontent ça sont nos détracteurs. Ils ont toujours voulu faire comprendre que notre mouvement n’est pas suivi. Nous continuons jusqu’au bout. Nous savons que notre mouvement est bien suivi.

On a eu des chiffres dans certaines localités comme quoi 70% des enseignants ont repris la craie depuis lundi ? 

Ce n’est pas vrai. Vérifiez vous-mêmes sur le terrain. Nous avons des représentants partout, dans toutes les préfectures. Nous savons où il y a eu des tentatives de reprise. Ce sont des reprises qui n’ont pas d’impact sur notre mouvement. Si dans une préfecture, il y a une école qui reprend, ça ne veut pas dire qu’il y a une reprise effective. C’est un semblant. Nous ne sommes pas contre que les élèves viennent à l’école. Ils peuvent venir en grand nombre, mais les enseignants titulaires sont à la maison. C’est quand les élèves viennent en classe, certains font croire qu’il y a cours. Mais il faut vérifier dans les classes, vous verrez s’il y a effectivement cours. L’important n’est pas que les élèves soient là en grand nombre.  L’important c’est qu’il y ait des cours qui sont dispensés.

Plusieurs enseignants ont été condamnés par la justice. Ne redoutez-vous pas des sentiments de découragement et de peur ? 

Tous les enseignants qui sont arrêtés et condamnés, une fois sortis, ils sont encore plus galvanisés que par le passé. Il n’y a aucune crainte à ce niveau. C’est un facteur d’encouragement. Ils ont tous réitéré l’engagement à poursuivre la grève.

Les autorités de l’éducation menacent de licencier tous les enseignants qui seront en grève jusqu’à la fin de ce mois. Que répondez-vous ? 

C’est ce que nous allons vérifier. En ce qui nous concerne, nous continuons la grève jusqu’en décembre. Ils n’ont qu’à licencier, on verra avec la Loi si la grève n’est pas Constitutionnelle. On nous dira si le gréviste mérite d’être licencié. Nous verrons si nous sommes dans un Etat de Droit ou si nous sommes dans un Etat exceptionnel. 

Après décembre qu’est-ce qui va se passer ? 

Cela veut dire, comme le Gouvernement donne un moratoire jusqu’au mois de décembre, nous aussi nous continuons notre mouvement. La grève continue tant qu’on n’est pas satisfait.

Est-ce qu’il y a à ce jour une perspective d’ouverture des négociations autour de vos revendications ? 

Tout ce que je peux dire peut-être comme perspective, c’est la lettre qui a été adressée par l’USTG au Premier Ministre. En réponse à cette lettre qui est arrivée hier au siège de l’USTG, le Premier ministre a déclaré qu’il est prêt pour le dialogue social. Peut-être qu’après ça, il va donner l’occasion d’ouvrir des négociations. Mais de toutes les façons, nous continuons notre mot d’ordre de grève. Nous poursuivrons notre combat autant que faire se pourra. 

Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre dit qu’il est ouvert au dialogue. Est-ce que cette réponse vous rassure ? 

Nous continuons notre lutte, la grève se poursuit. Et quand le mois de décembre est consommé, ça veut dire que c’est l’année blanche qui va être déclarée par l’UNESCO. On a déjà fait deux mois et quelques jours sans cours. Si le mois de décembre est consommé, ça veut dire que c’est fini. De toute façon, nous continuons notre combat. Les enseignants sont déterminés. En matière de grève, même si c’est 40% de réussite, c’est déjà considérable. Or, pour le moment nous sommes au-delà de 90% de réussite. Même si on crie par-ci par-là que la reprise est effective. NON, ces reprises n’ont aucun impact, aucune incidence malheureuse sur notre mouvement.

Qu’est-ce que vous avez demandé au Premier Ministre dans votre courrier ? 

On lui a demandé d’ouvrir les négociations dans un délai de rigueur faute de quoi on enverra une lettre de menace. Mais on a une lettre réponse dans laquelle le Premier ministre a dit qu’il est prêt à ouvrir les négociations. Maintenant la balle est dans son camp. C’est à lui de décider quand est-ce il va les ouvrir. Mais au niveau de l’USTG, s’il n’ouvre pas, on va encore faire autre chose. 

C'est-à-dire ? 

Quand ça viendra, vous le verrez.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 28 novembre 2018 13:22

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