Angola : plus de 600 guinéens détenus à la prison de Trinta…

Prison de Trinta (Angola)

LUANDA- C’est un témoignage émouvant que vient de faire un ressortissant guinéen incarcéré à la prison de Trinta où les sans-papiers sont détenus par les autorités angolaises. I.D est l’un des nombreux guinéens raflés dans le cadre de l’opération « Transparencia » lancée dans ce pays lusophone. Ils sont détenus dans cette maison carcérale dans des conditions difficiles. Au moins 600 personnes de nationalité guinéenne sont détenues dans cette prison destinée aux étrangers. Ce compatriote qui a été interrogé par Africaguinee.com depuis sa cellule raconte sa vie en prison ainsi que les circonstances de son arrestation. En larmes, il confie son sort au bon Dieu. A la prison de Trinta, les détenus sont partagés entre maladies sans accès aux soins et une mauvaise alimentation. Suivez le récit de I.D…


 « Quand nous avons quitté Lukapa, ils nous ont créé toutes les difficultés jusqu’aux portes d’entrée de la province de Malanze. A la sortie de Lunda Norte, ils nous ont arrêté à 5h du matin pour nous retenir jusqu’à 13 heures avant de nous libérer. C’est à la rentrée de Malanze que nous avons été arrêtés de nouveau. Ils ont demandé à ce qu’on les suive à la direction de l’immigration afin de vérifier nos documents. Nous étions avec deux femmes guinéennes ressortissantes de la Haute-Guinée. J’ai un ami qui s’appelle Zakariou plus le chauffeur, donc au nombre de 5. Nous leur avons proposé 200,000 Kuanza pour nous libérer (monnaie locale, Ndlr) mais ils n’ont pas accepté.

Ils ont retiré tous nos documents y compris ceux du véhicule qui nous transportait. Nous avons ensuite été convoyés à Malanze. Les femmes ont appelé un ressortissant guinéen du nom de Grand Moussa pour nous. Ce dernier a appelé à son tour le responsable de l’immigration dans la zone, il a proposé 3 millions Kuanza (8 500 dollars US) contre notre libération nous 4 après avoir vérifié nos papiers. Mais ils ont refusé, ils ont pris la décision de nous envoyer à la prison de Trinta à Luanda.

Nous sommes restés là 3 jours, tous les jours aux environs de 22 heures, ils enferment tous les hommes au nombre de 38 dans une chambre jusqu’au petit matin. Après ils nous laissent dans la cour toute la journée. Il y avait des congolais, des Erythréens, des mauritaniens et d’autres nationalités. Il y a aussi de nombreux compatriotes guinéens dont certains qui ont le bras cassé. Un d’entre eux m’a raconté qu’il roulait sur sa moto, la police a donné un coup à la moto, il est tombé. Il a eu une fracture. Là, la situation était moins atroce, les guinéens qui habitent la ville de Malanze nous apportaient à manger et à boire. 

Trois (3) jours après, ils nous ont conduit à la prison de Trinta. Ici à Trinta, nous vivons un véritable calvaire, nous ne gagnons pas du tout à manger. Au moins 600 guinéens sont parmi les détenus répartis en 4 salles. La première salle où nous avons été introduits contenait 180 prisonniers de nationalités différentes dont un libanais. Là, gagner à manger c’est tout un problème.

Chaque jour c’est à 11heures qu’ils viennent nous appeler pour nous donner à chacun un verre de Lipton plus un petit morceau de pain. Ce morceau de pain aussi tu ne pourras manger tout parce qu’il y a beaucoup de chose à jeter. De petites chenilles y compris d’autres invertébrés sont contenues dans la farine. Tu ne peux boire que l’eau chaude après on te jette encore en prison.

Entre 14 et 15 heures, ils nous appellent encore pour donner un peu du maïs et du haricot bouillis mais c’est insuffisant aussi. C’est du maïs sans sel et le haricot aussi, il n’y a aucun goût, c’est deux poignets juste après, tu n’auras plus rien. A 17 heures, c’est du riz sans sauce qu’ils offrent avec une petite quantité, c’est comme ci tu n’avais pas mangé quelque chose. Ils donnent des tickets, si tu égares ton ticket tu seras privé toute la journée. Les gens souffrent vraiment ici. Le calvaire est inexplicable. Je prie le bon Dieu de nous venir au secours. Ceux qui veulent quitter Lukapa pour Luanda il faut vous abstenir. C’est impossible de traverser sans se faire arrêter. Quelque soit la chance, tu seras arrêté parce que plus de 15 barrages sont érigés sur la route. Je vous prie de vous abstenir de prendre la route. 

A Trinta ici, beaucoup de compatriotes sont malades avec un sévère amaigrissement sans soins appropriés. Quand vous les voyez, vous ne pourrez pas contenir vos larmes. Ils viennent sélectionner entre 10 et 15 personnes pour les conduire à l’hôpital. Ils offrent deux comprimés paracétamol à chaque malade, quelle que soit la maladie que vous avez c’est du paracétamol qu’ils vous donnent et vous ramènent en prison. Je prie Dieu de libérer tous les détenus à Trinta, qu’ils épargnent ceux qui ne sont pas arrêtés. N’ayons pas peur de rentrer au pays, c’est la solution. Mais je déconseille de prendre la route étant sans-papier les risques sont vraiment élevés. Si vous êtes pris en cours de route, la vérification des papiers ne se fera qu’à Malanze ».

 

Alpha Ousmane Bah

Pour africaguinée.com

Tél. : (00224) 664 93 45 45

Créé le 11 novembre 2018 17:40

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