Bah Oury : « J’ai dit au Premier Ministre Kassory Fofana… »
CONAKRY- Quel message Bah Oury a adressé au Premier Ministre Kassory Fofana qui lui a accordé une audience ce lundi 29 octobre 2018 ? Que faut-il faire pour sortir de l’impasse politique en Guinée ? Bah Oury a fait ses propositions au Chef du Gouvernement guinéen avec qui il a abordé plusieurs autres sujets dont la crise que traverse le système éducatif du pays.
Le Président du mouvement « Renouveau » s’est confié à notre rédaction…
AFRICAGUINEE.COM : Sur quoi avez-vous échangé avec le Premier Ministre Kassory Fofana ?
BAH OURY :Comme vous le savez, le pays connaît des troubles ; Il est important de rencontrer les autorités au plus haut niveau pour leur faire part de notre préoccupation et apporter nos préconisations dans une dynamique constrictive pour assurer la stabilité du pays. C’est dans ce contexte, avec une équipe du renouveau, qu’on est parti rencontrer le Premier Ministre.
Quelles sont les propositions de sortie de crise que vous avez faites au Premier Ministre ?
Là j’ai été très clair ! Les troubles politiques sont dues à des accords qui ont dans une large mesure violé les principes de nos lois ; Et c’est la raison pour laquelle les accords qui sont des arrangements ne peuvent pas faire prospérer la stabilité et la paix. Ce n’est pas la première fois qu’on a eu à le dire et j’ai été très clair lorsque j’étais avec le premier ministre. Nous avons alerté mainte fois les autorités sur la question de l’organisation des élections communales, sur la volonté de certains acteurs de mettre la loi à côté et chercher à avoir des arrangements, nous avons stigmatisé le fait que le ministère de l’administration du territoire a dans ses prérogatives, abdiqué devant les pressions de certains de leurs amis pour que la loi et le vote ne soient pas constatés effectivement par l’installation des conseillers communaux dès après l’élection et la proclamation des résultats définitifs par la CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr). Ça, ça cause des dommages extrêmement importants à la crédibilité nationale de notre pays et aussi aux populations qui ont perdu du temps sur l’indispensable nécessité de prendre en charge leur propre destin en gérant par elles-mêmes et pour elles-mêmes les collectivités locales. Nous avons également insisté sur le fait que la loi telle qu’elle a été votée par l’Assemblée Nationale, ne devrait pas souffrir d’une entorse ou d’une violation. Si on rentre dans cette dynamique c’est la stabilité du pays qui va être perturbée pendant très longtemps. Mais le fait de considérer que pour la paix il faut des arrangements, tout cela ce sont des façons de faire qui en fin de compte privilégient des intérêts catégoriels au détriment des intérêts collectifs. Et là on a ni le respect de la loi, ni la stabilité, on a des troubles, on a des violences, on a des morts, et ceux qui ont été à la base de ça ce sont ceux-là qui ont concocté ces genres d’accords ou d’arrangements pour satisfaire les intérêts personnels et là il faut que la République soit de ce point du vue restaurée dans toute sa plénitude, il faut que cela s’arrête.
Avez-vous exprimé au Premier Ministre votre préoccupation suite à l’attaque du véhicule du Chef
Nous n’avons pas évoqué cela parce que ça rentre dans le domaine judiciaire. Il y a une information judiciaire qui est lancée, les enquêteurs sont en train de faire leur travail et nous ne pourrons nous prononcer que lorsque le rapport définitif de la police qui est épaulée par la police scientifique des Nations-Unies sera diffusé. A partir de ce moment-là on se prononcera : Mais dans le contexte actuel mieux vaut s’abstenir de toute déclaration qui risque d’être considérée comme étant légère au regard de la gravité des déclarations que nous avons entendues les jours précédents.
Au-delà de cette crise politique il y a également ce bras de fer entre le Gouvernement et le syndicat de l’éducation. Est-ce que vous avez également abordé ce sujet avec Kassory Fofana ?
Nous avons indiqué qu’il faut faire preuve de pédagogie. Parce que le contexte nécessite que tous les acteurs puissent cerner et comprendre les contraintes qui pèsent sur le pays pour avoir l’attitude la plus responsable et qui peut correspondre à l’intérêt général. Et là le Premier Ministre est dans son rôle d’assurer cette catégorie indispensable pour que tous les acteurs qui appartiennent aux syndicats, aux parents d’élèves, aux élèves et à l’opinion de manière générale, puissent comprendre et savoir ce que l’Etat peut faire comme effort et ce que l’Etat ne peut pas faire comme effort, et mettre en place les moyens et les dynamiques permettant dans un laps de temps que la gouvernance puisse permettre de générer de nouvelles ressources permettant de satisfaire légitimement les travailleurs de notre pays. Et ça c’est un effort collectif parce que notre pays depuis très longtemps vit sur un système d’endettement qui est devenu chronique. Il faut que cela soit changé pour que les ressources nationales soient mieux gérées et mieux collectées pour pouvoir satisfaire la demande sociale. Mais ça, ça ne peut pas se faire en un seul jour, il faut du temps et là c’est par la pédagogie, par la concertation et par une mutuelle compréhension par les uns et par les autres que nous pourrons permettre au pays de sortir de cette impasse et de sauver l’éducation de nos enfants.
Selon vous le dialogue est indispensable entre les syndicats et le Gouvernement ?
Bien entendu ! On ne peut rien faire sans négocier, sans discuter, on ne peut rien faire sans une compréhension mutuelle parce que ce pays nous appartient tous. Donc il faut nécessairement parler, faire comprendre aux uns et aux autres où sont les problèmes pour que de part et d’autre chacun en âme et conscience sache ce qu’il faut faire pour sauvegarder l’intérêt national et sauver l’intérêt de tous les enfants de ce pays qui sont dans l’enseignement principalement public.
Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 31 octobre 2018 12:51Nous vous proposons aussi
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