Dr Alpha Diallo : « Alpha Condé, je l’ai connu en 1989… »

Dr Alpha Diallo

PARIS- Depuis la France, Dr Alpha Diallo, le fils de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, a réagi suite à l’attaque contre le véhicule du Chef de file de l’opposition guinéenne. Ce membre du Bureau exécutif de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a dans une interview qu’il nous a accordée, fait une rétrospective de ses liens avec le Président Alpha Condé. Merci de lire le contenu de cet entretien que ce médecin chirurgien a bien voulu nous accorder…


 

AFRICAGUINEE.COM: Quel regard portez-vous sur le PUP, cette formation politique fondée par votre père ?

DR ALPHA DIALLO: Mon père fut le fondateur et le premier secrétaire général du parti de l'unité et du progrès. Je tiens à préciser que la dénomination PUP, est du président Lansana conté lui-même. Ce fut un parti politique national, où toutes les sensibilités politiques se sont retrouvées. Les premiers militants cadres du parti furent ses anciens élèves et étudiants Dabadins, ensuite suivront les anciens responsables du PDG. Après  les premières  législatives, les clivages à l'intérieur du parti ont commencés suite aux ambitions des uns et des autres, certains voudraient rentrer dans le gouvernement, d'autres voulant le poste de secrétaire général, en vue de remplacer Lansana conté plus tard. Cette lutte a créé des  courants   au niveau du bureau exécutif.  Affectant sérieusement les relations entre le Président de la république et le Président de l'assemblée nationale, cela durant toute la moitié de la législature, jusqu'à l'arrestation du député Alpha Condé sans la levée de son immunité parlementaire, s'en est suivie une escalade animée par des ambitieux bien camouflée. De là le PUP a commencé à perdre  son authenticité. La démagogie a pris la place, jusqu'à la mort de Lansana conté. Ce qui  plongea le PUP dans une longue  hibernation ; pour réanimer le PUP, il faut revenir à ses fondamentaux – Parti de l'unité et du progrès, je pense qu'il reprendra sa place dans l'échiquier politique nationale. 

Quel héritage votre père El-hadj Boubacar Biro Diallo, laisse- t-il au parlement guinéen?

Tout d'abord, ce fut le premier parlement multipartite, répondant aux fondamentaux du PUP, parti majoritaire à l'assemblée nationale, le débat était libre, les missions des partenaires étaient mixtes, les groupes parlementaires étaient concurrentiels, ne s'affrontaient pas de façon partisane contre l'intérêt national. On avait des groupes tels que celui de Siradio Diallo qui se réclamait du centre gauche, celui de Bah Mamadou qui se réclamait de la droite, et le RPG qui était perdu  entre Trocsisme et le communisme , le PUP qui était plus tôt libéral …En somme, c'est un héritage de débat d'idées. 

Malgré votre appartenance à la principale formation politique de l’opposition, en l’occurrence l’UFDG, on a appris que vous êtes un ami au Président Alpha Condé. Qu’en est-il ? 

Alpha Condé, je l'ai connu en 1989, par le biais de son frère Malick Condé. Ce dernier  m'a été présenté par un collègue, médecin biologiste Malien du nom de Modibo Keita, au moment où j'étais interne de chirurgie viscérale à l'hôpital Laënec à Paris 7e. De là nos relations ne se sont limitées qu'au niveau connaissance. À l'époque, je travaillais beaucoup, le temps me manquait pour les visites de courtoisie, de sorte c'est Malick, de son travail à la FNAC de Montparnasse venait me voir à l'hôpital, on était dans le même quartier, donc  voisins de travail. 

En 1991, je suis venu en vacance à Conakry, le Dr. Kandia Barry, lors d'un dîner chez lui à Kipé, m'a parlé de Alpha Condé comme étant un ami, ayant su que je le connais, à mon retour à Paris, j'ai repris contact avec lui, déjà il démarchait des cadres pour ses ambitions politiques,  par le biais de Alpha Sow . À la libération politique en Guinée, c'est Dr. Kandia Barry, qui l'a présenté à mon père comme étant un ami commun. Jusqu'à l'installation du parlement et même avant, il a toujours soutenu nos relations en fréquentant assidûment mon père. Ce mettant à disposition pour tout, comme il sait le faire, jusqu'à son arrestation à Piné dans des circonstances qui lui sont propres,  on l'a défendue du fait que son immunité parlementaire  a été violé, d'où le divorce avec Lansana conté.

On a continué nos relations amicales à sa sortie de prison, jusqu'à son avènement à la PRÉSIDENCE. Sa  dérive dictatoriale et meurtrière sur fond de délinquance économique ont fait que j'ai pris mes distances. L'intérêt de la Guinée avant tout. 

Quelle appréciation faites-vous de la crise politique née des dernières élections locales ?

C'est notre histoire qui nous rattrape, dès lors qu'on refuse de faire la lecture collective et sereine de notre passé. Notre pays est fait de violences  politiques depuis son indépendance et même avant. Entre autre aux législatives de  1954, les animateurs du PDG à l'époque les Momo N'jo, Mafory Bangoura, Kasimodo, Tourou Sylla, Kourouma alias  "Peaux de panthère", hier encore Briki Momo, aujourd'hui Damaro, Baffoué, Kiridi Bangoura…, animent  des  clans, qui nous ont éloignés de la république dont nous rêvons tous. 

L'esprit qui entoure l'élection communale, qui est une élection de proximité, fut malheureusement une confrontation ethniciste, partisane sur fond de mercantilisme. Ce plan d'action opérationnel fut conçu, planifié par Alpha Condé lui-même, exécuté par Damaro et sa bande.  Ce qui me paraît positif  en Damaro, c'est sa permanence dans la médiocrité, sur fond de haine et de culture de la violence, souvenons-nous du  putsch militaire raté de Diarra Traoré,  le nom de Damaro était cité en bonne place ; ce monsieur est resté fidèle à lui-même dans ce jeu macabre. J'attire l'attention de nos compatriotes, sur la dangerosité de Mrs. Damaro, Baffoué et consorts qui sont des génocidaires potentiels. Notre différence constitue notre richesse nationale, loin de notre scandale géologique, tant vanté par nos démagogues. 

A Kindia et dans beaucoup d’autres localités, il y a eu des violences. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cela selon vous ?

On s'est éloigné du cadre légal des élections de proximité, il faut laisser les citoyens choisir librement leur représentation. Aujourd'hui, il ne s'agit plus  d'élections, c'est le club gouvernemental de Alpha Condé, qui a instruit  à son  administration : Gouverneurs, préfets, sous- préfets de nommer les conseils municipaux. Quand les forces de la terreur font violence aux populations civiles, entraînant des morts, des blessés, des destructions de biens et de matériels, semant la misère et la désolation dans toute l'étendue du territoire national. On n’est pas dans un état de droit, mais dans un pays de terreur.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle portant sur la présumée tentative d’assassinat contre la personne de Cellou Dalein Diallo ? 

Je fus choqué, on n’avait pas atteint un tel niveau du terrorisme d'État. Encore quand j'entends les commentateurs  parler de projectiles, mais ça peut être une balle de fusil, une pierre, et même un morceau de bois, pourquoi pas un fruit pourri. Je vois que Baffoué a appris son métier de policier sous la table de la cuisine de sa grand-mère, quand il se permet de  décrire  la trajectoire de ce  qu'il a appelé "projectile ", cassant le pare-brise, se logeant dans le coffre du véhicule de Cellou , avant de finir par la lunette arrière, c'est que votre Baffoué est un flibustier en balistique et non  un  policier, à plus forte raison un Général. Même le plus profane en balistique,  aux vue des images verrai  que c'est un impact par balle . L'objectif commun à tous les guinéens d'où qu'ils se trouvent : c'est de faire partir Alpha Condé du pouvoir avant qu'il ne soit trop tard pour tout le monde.oyez-vous à une victoire de l’UFDG en 2020 ? 

Je crois fermement à la victoire de la vérité en Guinée, avant même 2020. Alpha Condé, est loin d'organiser des élections en Guinée. La raclée qu'il a subie pendant les élections municipales au bénéfice de l'UFDG,  l'ont fait comprendre  qu'il est un cheveu dans la soupe des guinéens, personne n'en veut de lui. Il se raconte même dans certains cercles parisiens, que le PM Kassory va démissionner en janvier 2019, en quête de légitimité, pour être candidat en 2020. Mais qu'à cela ne tienne : La seule légitimité, c'est Cellou Dalein Diallo, seul garant de la paix, de l'unité nationale et de  la stabilité dans notre beau pays. 

 Votre dernier mot?

Mon dernier mot, c'est d'appeler nos compatriotes à  ne pas répondre aux appels avilissants du clan Alpha Condé, prônant la division ethniciste .De  se mobiliser avec l'UFDG  qui est un parti national, pour chasser  les prédateurs  qui nous gouvernent.

 

Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 12

Créé le 28 octobre 2018 18:43

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