Le premier maire de Kindia fut Ibrahima Sambégou Diallo, rappelle Habib Yimbering Diallo

Habib Yimbering Diallo

Eviter l’amalgame


Dans un pays où les citoyens sont très politisés, chacun peut s’ériger en analyste politique. Surtout depuis que les réseaux sociaux ont mis fin au monopole de l’information aux seuls journalistes. Ces derniers font désormais face à une farouche concurrence dans l’information.  Malheureusement le plus souvent les concurrents jettent de l’huile sur le feu.

Raison pour laquelle les hommes des médias ont plus que par le passé un rôle primordial et déterminant à jouer dans le traitement de l’information. Ils doivent sortir des sentiers battus pour aller plus loin que Monsieur tout le monde. Surtout pour calmer le jeu dans une crise comme celle que la Guinée traverse actuellement.

En analysant cette situation déplorable qui prévaut en Guinée, et plus particulièrement à Kindia, ces derniers temps, nous pouvons dire que cette crise a été artificiellement créée par des hommes politiques. La fin justifiant les moyens, ces derniers ont instrumentalisé des chefs religieux ou traditionnels qui, consciemment ou inconsciemment, ont joué le jeu : celui de la division.

Cette crise a déjà fait des blessés et beaucoup de dégâts matériels. Si jamais elle enregistre de mort d’hommes, celui ou ceux qui ont prôné la division dans cette ville porteront la responsabilité. Car il faut éviter l’amalgame. Ce n’est pas parce qu’un homme a dit une chose qu’il faille attribuer sa parole à tous les autres. Jusqu’à la preuve du contraire, personne ne peut nous convaincre que les habitants de la Basse Guinée en général et les Soussous en particulier sont ethnocentristes. Les exemples ne finissent pour illustrer cela.

Peut-on comprendre que Kindia accepte au début des années 90, un maire originaire du Fouta- et sous le règne d’un fils de la Basse Guinée- et que la même ville refuse aujourd’hui un autre ? Même s’il y avait eu des incidents à l’époque aussi. Il faut rappeler que le premier maire de cette commune fut Ibrahima Sambegou Diallo de l’UPR. Le président Lansana Conté était un véritable homme d’Etat. Il aimait profondément son pays. L’officier avait humblement accepté les résultats des urnes alors qu’il pouvait user et abuser des moyens de l’Etat ou instrumentaliser les « siens » pour imposer un maire autochtone et de surcroit de son parti.  

Peut-on nous convaincre que les habitants de la Basse Guinée sont capables d’exclure quelqu’un à cause de son ethnie ou sa région ? La réponse est bien évidemment non. Les habitants de la Basse côté sont connus pour leur hospitalité légendaire. 

Ce sont eux qui sont capables de donner à leur hôte ce qu’ils ont de plus précieux voire de plus sacré. A commencer par leur fille en mariage. Ensuite leur terre avec ou sans quelques noix de kolas. Enfin l’honneur de diriger la prière à la mosquée qu’ils ont construite. 

Qu’un homme politique, déguisé en chef religieux ou traditionnel, nous dise que, subitement, ces populations si accueillantes ont changé à 180 à l’heure, qu’elles font désormais de l’ostracisme leur cheval de bataille, personne ne peut le croire. Ce n’est pas vrai. Cela ne ressemble pas aux Soussous. Dans cette affaire les deux parties sont victimes. 

Mais à l’image d’un autre projet peu catholique conçu au début de la décennie 2010, cet autre va lamentablement échouer. En effet, le projet Manding Djallon avait pour objectif de diviser des citoyens qui vivent ensemble dans une parfaite harmonie depuis plusieurs siècles. Ces citoyens de deux camps ont compris que le piège. Celui-ci n’a pas prospéré. Heureusement pour tous les Guinéens. Car on sait où commence un conflit. Mais on ne sait jamais où et comment il va finir. 

Pour terminer, les deux protagonistes dans la crise actuelle, que sont le RPG et l’UFDG, devraient tirer les leçons du passé au lieu de commettre des excès. Les militants du RPG devraient s’inspirer de l’exemple du PDG et du PUP. Les deux puissants anciens partis au pouvoir sont aujourd’hui parmi les derniers du pays. Quant aux militants de l’UFDG, eux aussi doivent s’inspirer de l’exemple du RPG lui-même. Aujourd’hui ce sont le plus souvent ceux qui ont persécuté les militants de ce parti hier qui sont aux commandes aujourd’hui. 

En conclusion, il faut retenir qu’il n’y a jamais une ethnie au pouvoir. Tout comme il n’y a jamais une ethnie dans  l’opposition. Il y un groupe, issu de toutes les ethnies et de toutes les régions, partageant et défendant les mêmes intérêts qui est au pouvoir. Les plus extrémistes au sein du RPG ne sont pas du groupe ethnique du chef de l’Etat. De même, il y a un autre groupe, lui aussi luttant pour la même cause, dans l’opposition. Le jour où tout le monde comprendra cela, la démocratie aura droit de cité dans notre pays.

Habib Yembering Diallo

habibydiallo@gmail.com

664 27 27 47

Créé le 18 octobre 2018 14:42

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