Réinsertion des prisonniers : La fondation « Terre des Hommes » vole au secours des autorités…
CONAKRY-La fondation Terre des Hommes a mis en place un projet portant sur la faisabilité du travail d’intérêt général en Guinée. Ce projet rentre dans le cadre du Programme d’Appui à la Réforme de la Justice (PARJU). Son objectif est l’amélioration des conditions sanitaires et matérielles pour trois mille détenus des 9 prisons pilotes et l’amélioration de la réinsertion socioéducative, socioprofessionnelle de ces détenus qui arrivent en fin de peine, mais aussi à la mise en place d’opportunités de formation à l’intérieur des prisons.
Terre des Hommes est une organisation Suisse qui travaille depuis une trentaine d’années en Guinée. La représentante de cette fondation à Conakry a expliqué qu’ils ont un défi à révéler dans ce programme.
« En 2017, Terre des Hommes a eu l’occasion de pouvoir contracter un appui avec l’Union Européenne, une contribution dans le cadre de ce programme d’appui à la réforme de la justice. Donc Terre des Hommes a été mandatée sur deux volets plus spécifiques. C'est-à-dire tout ce qui touche à l’amélioration des conditions des détenus. C’est dans ce cadre que 9 structures carcérales sont retenues par les autorités ici au niveau de Conakry, de Coyah, Boké, Labé, Kindia, Mamou, Kankan, Siguiri et N’zérékoré. Le volet de la réinsertion touche l’aspect social. Il s’agit de la réinsertion éducative et professionnelle selon l’âge du détenu et son expérience. Nous avons commencé à mettre en place à l’intérieur d’un certain nombre de prisons des ateliers de formation. A Kindia il y a un atelier de couture, à N’zérékoré un atelier de broderie, un atelier de saponification à Kankan, très prochainement ça sera fait dans les autres établissements pénitentiaires. Parallèlement à cela, Terre des Hommes travaille aussi à la prise en charge des détenus en fin de peine pour veiller à ce que le lien familial soit maintenu », a expliqué Marie-Jeanne Hautbois.
Le conseiller technique régional en justice juvénile à Terre des Hommes en Afrique de l’Ouest revient sur la mesure appelée intérêt général. Selon Boubacar Tchombianoles, les données récoltées au niveau des communautés et au niveau des autorités ont montré que toutes ces entités sont favorables à la mise en application du programme du travail d’intérêt général pour faciliter la réinsertion des prisonniers.
« Nous avons mené une collecte des données au niveau des communautés, des autorités judiciaires, au niveau d’un certain nombre de services administratifs et au niveau même de la population carcérale pour prendre un peu les perceptions de tous ces gens-là que nous avons interviewés quant à la faisabilité de ce travail d’intérêt général ici en Guinée ou pas. Les toutes premières tendances montrent que les communautés sont favorables à l’exécution et l’application du travail d’intérêt général, ici en Guinée. Puisque les communautés arrivent à comprendre qu’il ne sert à rien qu’un enfant pour une infraction délictuelle simple se retrouve en prison alors qu’il y a des mesures qu’on aurait pu lui appliquer pour le récupérer très rapidement au niveau de la société. Les autorités judiciaires que nous avons rencontrées, d’une manière générale les décideurs que nous avons rencontrés, sont également favorables à ce que le travail d’intérêt général puisse voir le jour en Guinée. Parce que c’est une réalité aujourd’hui notoire que le surpeuplement carcéral est l’un des éléments sur lequel il faut extrêmement travailler pour favoriser la réinsertion des enfants », a-t-il détaillé.
Ce programme s’inscrit dans le cadre global de la réforme de la justice, programme dont le ministère de la justice a bénéficié avec l’Union Européenne. Dans ce programme de réforme de la justice il y a un volet qui concerne la réhabilitation et la réinsertion socioprofessionnelle au niveau de 9 prisons pilotes, a précisé Lamine Kaba, le Directeur National de la Législation.
« Ce programme connait aujourd’hui une avancée d’autant plus que dans le cadre même de ce programme nous avons bénéficié avec l’appui de Terre des Hommes, aussi l’Ambassade de France, d’un voyage d’études au niveau de Paris pour assister au congrès mondial sur la justice juvénile », a-t-il conclu.
Faut-il noter que Terre des Hommes a démarré ce projet en mai 2017. De nos jours 235 jeunes ont pu être sortis de prison et réinsérés dans une formation, dans leur famille, qui sont suivis par les travailleurs sociaux des organisations partenaires de cette fondation.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 octobre 2018 11:19