Nouvel épisode dans la série des ponts qui s’écroulent : Mali bientôt coupée du reste de la Guinée
Devant l’imminence de l’écroulement du pont de M’Bagou, situé entre Labé et Mali, autorités communales et populations de Yembering se sont rendues sur les lieux le 11 septembre dernier. Objectif, colmater les brèches pour éviter le pire. A la place des bois ronds, ils ont posé des madriers sur les parties de l’ouvrage où il y a désormais de très gros trous béants. Ils espèrent que ce bricolage va tenir pour quelques jours encore.
Ce pont, situé à 52 km au sud de Labé, sur la route de Mali, pourrait connaitre rapidement le même sort que celui de Linsan a connu cet été. Même s’il ne bénéficie pas le même intérêt. Si rien n’est fait, ce sont 8 sous-préfectures et le chef-lieu de la préfecture de Mali qui seront bientôt coupés du reste de la Guinée.
Le risque d’effondrement de cet ouvrage d’une longueur de 16 mètres 50 et d’une largueur de 5 mètres, inquiète responsables de la commune rurale de Yembering, syndicat et union des transporteurs de Mali. Ils se mobilisent depuis le début de cette situation. Certaines décisions avaient été prises, dont entre autres l’interdiction aux gros camions de passer sur le pont et l’aménagement d’une déviation. Responsables et usagers de la route décident alors de mobiliser 50 millions de francs pour l’aménagement de la déviation.
Mises au courant de cette initiative, les autorités régionales anticipent et décident de prendre en charge l’aménagement de ladite déviation. Une équipe, conduite par 3 ingénieurs, accompagnés du Directeur Préfectoral de Travaux publics de Labé ainsi que 2 représentants de la Compagnie Géo-ingénierie de Chine (CGC), se rend sur les lieux en juillet dernier.
La société citée plus haut pose le diagnostic suivant : affaissement des travées du pont côté Mali, affouillement de l’autre culée côté Labé, rupture des murs en aile, inclinaison du tablier… Cette société obtient de facto le marché de réalisation de la déviation dont on ignore le montant. Certaines sources affirment que ce montant est de 400 millions que la société se serait engagée à préfinancer.
La CGC draine une véritable armada de machines dont un porte-char, une machine polyvalente de marque Hitachi et 3 camions bennes. Le tout utilisé par une douzaine d’ouvriers supervisés par un ingénieur chinois.
Pour la réalisation de ces travaux gigantesques, il fallait trouver de pierres latéritiques. Prospection faite, il y avait que quelques-unes dans la zone. Mais elles se trouvaient dans un champ dont le propriétaire a déjà semé le fonio. On devait choisir entre le pont et le champ. On opte pour le premier. D’où la nécessité de négocier avec le propriétaire du champ. Ce dernier indique avoir semé 10 mesures de fonio paddy. Chaque mesure donnant potentiellement 40 à la récolte. Calcul fait, il fallait indemniser le champ en raison de 10 paniers de 40 mesures chacun, sur la base de 220 000 le panier. Les 2 200 000 ont été remis au cultivateur dont le champ sera littéralement dévasté par les machines.
Peu de temps après le début des travaux, beaucoup de pièces de la machine polyvalente sont abimées. A Yembering, situé à peu près à 15 km, les soudeurs sont incapables d’effectuer les travaux de soudure nécessaires. Devant les difficultés tous azimuts, le chinois quitte les lieux après avoir déclaré que la déviation est opérationnelle. Ce qui est loin d’être le cas. Un gros lac s’est formé sur la déviation. Rendant les pierres invisibles, surtout pendant les crues.
A ce jour, aucun camion n’ose s’aventurer sur cette déviation. On accuse les chauffeurs de violer l’interdiction de passer sur le pont. Ils rétorquent qu’ils n’ont aucun choix que de prendre le risque de passer sur le pont qui, un jour ou l’autre, emportera un camion et tout son contenu.
Habib Yembering Diallo
664 27 27 47
Créé le 15 septembre 2018 14:21Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Echos de nos régions, Mali