Guinée forestière : Yomou, une préfecture oubliée?

La route N'Zérékoré-Yomou, en Guinée forestière

YOMOU-A voir l’Etat des infrastructures de la préfecture de Yomou située à plus 1000 kilomètres de Conakry, c’est à se demander si elle n’est pas oubliée. Cette localité qui longe la frontière libérienne est privée d’infrastructures et se trouve depuis des années dans un état critique indigne d’une préfecture.


Certes le manque d’infrastructures sociales de base  frappe de pleins fouets les habitants de Yomou, mais le plus préoccupant est le déficit de routes. Les images des infrastructures routières sont saisissantes. L’axe Nzérékoré-Yomou, n’a jamais connu de bitume. En cette saison hivernale le calvaire des usagers s’exacerbe. La route est dans un état impraticable. Si rien n’est fait, la préfecture de Yomou risque de se couper du reste de la région forestière. Pour les citoyens de Yomou, leur préfecture est complètement oubliée par le Gouvernement.

‘’Yomou est vraiment oublié. Parce que nous vivons des réalités que les autres préfectures ne vivent pas. On a comme l’impression que nous sommes isolés et les gens n’ont pas besoin de nous. Nous n’avons pas de route, nous n’avons pas d’électricité a plus forte raison de l’eau. Mais si les mois qui suivent le gouvernement ne fait pas face à cette route, je vous jure que Yomou sera coupé du reste de la Guinée. Ça serait fini pour Yomou’’, confie, inquiet Etienne Kpoghomou, un jeune professeur.

« Yomou est oublié. Tu prends la Guinée en général, Yomou est la plus enclavée. Tu rentres à Yomou, tu ne trouves rien qui peut t’attirer. En matière d’infrastructures, tous les centres sont inachevés. Il faut prendre la route de Yomou aujourd’hui tu seras déçue », déplore Alain Gbanamou, président de la jeunesse des ressortissants de Yomou à Nzérékoré.

Lors du 55ème anniversaire de l’indépendance guinéenne célébré à Nzérékoré, quelques infrastructures avaient été réalisées dans cette préfecture. Parmi elles, certaines sont encore inachevées, explique Mathieu Kpoghomou, président de la délégation spéciale de Yomou.

‘’Lors du 55ème anniversaire, il y’a des infrastructures qui ont été réalisées comme la mairie, un hôtel, la gendarmerie et la rénovation du bloc administratif de la préfecture. Le commissariat central a été construit en R+1 mais inachevé puisque l’entrepreneur est décédé en cours d’activité. Il y’a le nouveau marché pour le moment inachevé aussi. Puisque c’est en partie, il y’a quelques annexes qui ont été implantés, des toilettes, des hangars pour femme. Mais le reste n’était pas réalisé nous avons donné en bail aux citoyens ’’, témoigne Mr. Kpoghomou.

Dans cette agglomération, aucune station de carburant n’existe dans la commune urbaine. Les citoyens sont obligés de venir jusqu’à Nzérékoré ou Péla pour se procurer du carburant dans des bidons, avec tous risques que cela entraîne. Ce qui fait que le prix du carburant y est à la hausse.  Aux dires de ce chauffeur de citerne qui a l’habitude de transporter du carburant à Péla l’une des sous-préfectures, le carburant se vend de nos jours à 13.000 GNF. « A l’heure actuelle, c’est 13.000 puisqu’il n’ya pas de route. Sauf des motards qui viennent à Nzérékoré charger des bidons pour y aller vendre en détaillant à 13.000 par litre », témoigne Mr. Kandé.

Face à cette situation lamentable, les citoyens de cette préfecture lance un appel au gouvernement. ‘’Nous voulons dire au gouvernement guinéen de venir en aide à la préfecture de Yomou. Souvent quand il y’a des élections, Yomou bat le record. Mais on a comme l’impression que ceux-ci là utilisent la préfecture de Yomou pour des fins politiques. Au finish on laisse tomber les gens. Il faut que l’Etat repartisse équitablement des services qui s’occupent des réparations des routes en Guinée’’, indique Mr. Etienne.

« Il n’a qu’à comprendre que Yomou fait partir de la Guinée. Pourquoi l’Etat peut nous oublier alors que Yomou n’est pas du Libéria ni de la Sierra Léone. On fait partie de la Guinée. Ce qui nous préoccupent aujourd’hui c’est surtout l’affaire de route », confie un autre citoyen.

Dans quelques mois, si des dispositions ne sont pas prises pour faire face au tronçon Nzérékoré-Yomou, la préfecture risque d’être coupée du reste de la Guinée, préviennent plusieurs citoyens. Ils accusent également les cadres de la préfecture de ne rien faire pour leur contrée.

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguionée.com

A Nzérékoré

Tél. (00224) 628 80 17 43

 

Créé le 29 août 2018 10:21

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