Enquête exclusive : immersion dans le monde des lesbiennes de Conakry…
CONAKRY- La pratique de l’homosexualité gagne du terrain à Conakry. Elles deviennent de plus nombreuses ces personnes qui trouvent du plaisir à entretenir des relations amoureuses avec des personnes de même sexe. La pratique est pourtant tabou; voire considérée comme ignominieuse dans nos sociétés. Mais elle existe bel et bien à Conakry. Dans cette première enquête consacrée aux homosexuels, Africaguinee.com vous plonge dans le monde des lesbiennes de Conakry où on trouve presque toutes les catégories socioprofessionnelles.
Elles vivent dans la clandestinité et sont très prudentes. Pour comprendre leur mode de fonctionnement, nous avons rencontré certaines d’entre elles. Elles ont des lieux isolés où elles se rencontrent. Toutes ces précautions visent à éviter de subir des agressions, car dans nos sociétés, cette pratique est reprouvée par bon nombre des citoyens. Elles sont dans toutes les activités socio-professionnelles qu’on croyait loin de ce phénomène. On les trouve dans le milieu de la presse, des services de sécurité, des célébrités, et même des personnalités publiques.
Nous avons rencontré Mia, une lesbienne qui nous a conduits dans trois endroits différents à Conakry où la pratique donne des frissons. Lambanyi, Kaporo et Gbessia. Dans ces lieux, certaines sont en couple. D’autres sont en relation simple. Avant de faire immersion dans ce monde « hard » très spécial, il y a des conditions qu'il faut absolument respecter. Pour les approcher il faut laisser de côté, téléphones, enregistreurs, camera, appareils photos. Les explications ont été données par écrit sur place et hors micro de peur d’être reconnues à travers leurs voix ou des images. La raison est simple : Certaines d’entre elles ont subi des agressions dans leur quartier à cause de leur orientation sexuelle.
Sur les lieux nous découvrons que notre guide est en couple avec une policière en service à Conakry. D’autres couples lesbiens étaient aussi dans la cour, très animée, où l’alcool coule à flot. Elle explique comment elle est rentrée en relation avec son amant.
« Il y a près de 5 ans maintenant, j’étais partie à l’intérieur pour couvrir la tournée d’une mission dans laquelle il y avait une dame lesbienne. Je ne la connaissais pas. Mais à chaque fois elle était logée quelque part, soit dans une habitation, soit dans un hôtel. Un jour elle m’a demandé d’être auprès d’elle. Du coup je l’ai considérée comme une mère qui prenait soin de moi. Un soir, étant dans la chambre d’hôtel, j’ai constaté des attouchements, des mouvements sur mon corps. Au début c’est comme si c’était un rêve. Je me suis réveillée en sursaut. J'ai trouvé que c’est cette dame qui était sur moi en train de faire tout (…). J’ai haussé le ton sur elle menaçant de dire aux gens le matin. Elle m’a prié, m’expliquant que c’est sa vie, elle m’a demandé pardon. Elle m’a offert de l’argent un montant un peu élevé », raconte-t-elle.
Je ne peux plus m’en passer…
A leur retour à Conakry, se souvient-elle, la dame s’est à nouveau approchée d’elle lui expliquant tout. « Je ne sais pas comment le goût est arrivé, sa façon de me tenir avec tendresse, me parler, j’ai commencé à éprouver du plaisir comme si c’était un homme. J’ai vu beaucoup de femmes célèbres à Conakry qui sont dedans. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans ce monde, je ne peux plus m’en passer. Mais finalement j’ai rompu les relations avec cette dame, présentement comme vous le voyez je suis en relation avec cette policière qui joue le rôle d’homme, moi la femme. Je n’ai pas envie d’autres personnes » a témoigné notre guide.
Cette lesbienne raconte qu’elle a mis fin à beaucoup de projets de mariages avec des hommes qui voulaient convoler en noce avec elle. Le réseau des lesbienness à Conakry est très vaste, précise-t-elle.
Elle nous a conduit chez Ricardo, son mari, une policière en service à Conakry. Ses membres supérieurs et inférieurs sont musclés à l’image d’un homme. La policière qui est en couple avec la jeune fille, notre guide, dit vivre ce phénomène discrètement connaissant les réalités du pays et la mentalité des citoyens. Son nom à l’état civil M.T mais se fait appeler Ricardo.
« Nous vivons notre vie comme chaque citoyen malgré l’acharnement, nous nous retrouvons ici à tout moment pour se faire plaisir et repartir. Le réseau s’agrandit. Mais pour le moment, nous ne sommes pas arrivés au stade de mariage. C’est dans la clandestinité que tout se passe d’abord. Parce que dans la rue tu ne peux savoir qui est qui ou au travail. C’est quand on se retrouve ici que chacun joue son rôle après on laisse tout ici pour partir. Quand vous le faites publiquement, si vous n’êtes pas arrêtées, vous serez victimes d’agression. On se rappelle d’un cas à Gbessia où des jeunes ont attaqué un couple gay dans une maison, il y a plus d’un an déjà », se remémore Ricardo.
Ça grignote, ça fume, ça boit et on s’offre du plaisir…
Elles promettent de sortir bientôt dans la clandestinité. Car leur réseau ne fait que grandir. Ce n’est pas tout. Elles ont le soutien d’autres associations très riches basées dans certains pays occidentaux.
« Nous sortirons de la clandestinité bientôt avec l’ensemble de notre association bien que d’autres évoluent hors de l’organisation. En tout cas notre vie c’est comme ça, notre plaisir c’est ici et nulle part, nous serons majoritaires parce qu’on se bat avec le contact des autres réseaux qui ont des moyens dans d’autres pays développés », promet Ricardo.
Sur leurs lieux de rencontre, toutes ces "filles" prennent la vie du bon côté. On vient pour s’offrir du plaisir, rien que ça. Ça grignote, ça mange, ça fume, ça boit et on s’offre du plaisir… charnel. Alors que certaines font la cuisine, grillent des brochettes, d’autres boivent de l’alcool çà et là, et fument. Tout se partage. Une collègue à notre guide avec qui nous avons échangé fait savoir qu’un jour une jeune journaliste l’a tenu d’une manière pour lui parler. Mais elle n’a pas compris le message. C’est après avoir découvert le monde dans lequel elle est plongée qu’elle a compris la signification de son geste. Elle confie que depuis qu’elle a rejoint le monde des homosexuels, elle s’est beaucoup tirée d’affaires. Aujourd’hui, elle roule dans une voiture qu’elle a achetée dans cette affaire de lesbiennes. Et la vie continue…
A suivre…
Une enquête réalisée par Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 664 93 45 45
Créé le 28 mars 2018 14:15Nous vous proposons aussi
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étiquettes: Homosexualité, Reportages