En quête d’influence, Erdogan entame en Algérie une nouvelle tournée en Afrique
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a entamé lundi en Algérie une nouvelle tournée en Afrique, qui doit le mener ensuite dans trois autres pays de ce continent, où Ankara s'efforce depuis plusieurs années d'accroître son influence.
Le chef de l'Etat turc a atterri lundi soir à Alger, première étape de ce voyage qu'il a qualifié d'"historique" et qui doit le mener jusqu'à vendredi en Mauritanie, au Sénégal, puis au Mali.
"L'Algérie est l'un de nos plus importants partenaires commerciaux dans la région (…) Nous voulons renforcer nos relations sur les plans militaire, sécuritaire et culturels", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Istanbul avant de prendre l'avion.
Le chef de l'Etat turc, accompagné de plusieurs ministres et d'hommes d'affaires, a indiqué qu'il s'entretiendrait avec les dirigeants algériens des relations entre les deux pays, notamment sur le plan de l'énergie, ainsi que de questions régionales.
M. Erodgan, dont c'est la troisième visite en Algérie depuis son arrivée au pouvoir en 2003, rencontrera notamment le président Abdelaziz Bouteflika, âgé de 80 ans et très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, qui reçoit peu de dignitaires étrangers et apparaît rarement en public.
Il doit également ouvrir mardi un important forum réunissant hommes d'affaires algériens et turcs.
Selon les médias étatiques algériens, 796 entreprises turques emploient plus de 28.000 personnes en Algérie. Les investissements turcs s'élèvent à plus de 3 milliards de dollars – surtout dans le textile, la pharmacie et la sidérurgie – faisant de la Turquie le premier investisseur étranger en Algérie, hors hydrocarbures.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont par ailleurs atteint près de 4 milliards de dollars en 2017.
Selon le quotidien gouvernemental El Moudjahid, M. Erdogan inaugurera durant sa visite la "plus grande usine de textile d'Afrique", fruit d’un partenariat algéro-turc, à Relizane (300 km à l’ouest d'Alger).
Dans un entretien au quotidien privé algérien Echorouk, M. Erdogan a souligné que le renforcement des relations économiques passait par la signature d'accords en cours de négociations, "le plus important étant l'accord de promotion et protection des investissements, depuis longtemps en discussion".
Il a critiqué les barrières à l'importation mises en place par l'Algérie "qui freinent le développement des échanges commerciaux entre nos deux pays".
M. Erdogan sera ensuite le premier chef d'Etat turc à se rendre en Mauritanie et au Mali.
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2003, M. Erdogan a entrepris de renforcer les liens entre la Turquie et le continent africain, un effort qui s'est concrétisé notamment par la multiplication des ambassades turques et des dessertes de la compagnie Turkish Airlines.
"Avec chaque jour qui passe, nos relations avec l'Afrique se renforcent, sur les plans du tourisme, de la culture, du commerce et de l'enseignement", s'est félicité le président turc lundi.
En décembre dernier, M. Erdogan avait effectué une autre tournée africaine, se rendant au Tchad, en Tunisie et au Soudan.
En parallèle du renforcement des liens diplomatiques et économiques avec les pays africains, M. Erdogan s'efforce de combattre l'influence qu'y a bâtie le prédicateur turc Fethullah Gülen, bête noire d'Ankara qui l'accuse d'avoir fomenté le putsch manqué en 2016.
M. Gülen, qui nie toute implication dans le coup d'Etat manqué, a ouvert plusieurs écoles sur le continent africain. Nombre de ces établissements ont été fermés depuis un an et demi à la demande d'Ankara.
AFP
Créé le 28 février 2018 09:57