Communales 2018 en Guinée : Attention, ça risque de chauffer à Mafara (Dalaba)
DALABA- Un risque réel d’affrontements existe à Mafara, une localité située dans la préfecture de Dalaba. Depuis la publication des résultats controversés des élections communales du 04 février 2018, les partisans du parti au pouvoir, RPG arc-en-ciel se regardent en chiens de faïences avec ceux de l’opposition.
Au lendemain des élections communales du 04 février 2018, la commission électorale sous préfectorale indépendante (CESPI) de Mafara, une sous-préfecture très enclavée situé à 60km du chef-lieu de Dalaba, avait publié les résultats provisoires en donnant la victoire au candidat de l’union des forces démocratiques de Guinée (opposition) qui avait eu 6 sièges contre 5 pour le rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Les mêmes résultats ont été confirmés par la CENI le mardi 13 février 2018. Quelques jours plus tard (le vendredi 16) contre toute attente, cette même commission électorale nationale indépendante est revenue sur ces résultats de cette localité en donnant cette fois-ci la victoire au candidat du RPG arc-en-ciel.
Alors que le camp du parti au pouvoir exulte, celui de l’opposition se demande comment cela a-t-il pu arriver pendant que les procès-verbaux établis par la centralisation avaient confirmés une victoire de l’UFDG. Ce rétropédalage de la CENI risque de soulever des vives tensions à Mafara. Car aucun des partis ne comptent céder « sa victoire » à l’autre. Chacun menacent de s’opposer à l’installation de son adversaire. Alimou Diakité, candidat du RPG arc-en-ciel, prévient que personne ne peut lui dire qu'il ne sera pas Maire à partir du moment où la CENI s'est prononcée en sa faveur. Il donne ses raisons.
‘’J'étais le maire de cette commune rurale. Les votes se sont passés ici dans le calme. Au bureau de Ketiguia ils ont votés pour les aventuriers et même pour les morts. Mais nous on a fermé les yeux. Finalement j’ai remporté. J'ai eu six sièges et eux ils ont eu cinq. C’est seul le bureau de vote de ketiguia qui a été annulé. En première position ils avaient dit que c’est l’UFDG qui a gagné. Mais après vérification ils ont trouvé que c’est le RPG arc en ciel qui a gagné. Le jour où on avait dit qu’ils ont remporté, ils ont fait des tirs ici jusqu'à 100 balles. Mais moi depuis ça je suis là calme et j’attends mon installation. Mon adversaire avait promis de descendre dans la rue si toutes fois les résultats arrivaient à changer. C’est ainsi que j’ai appelé le gouverneur de Mamou pour qu’il envoie des gendarmes et des policiers car j'avais eu peur. C’est ce qui fut fait. Mais jusqu'à maintenant il n'y a pas eu d’affrontement d'abord. Je suis et je serai le nouveau maire de Mafara », a averti le candidat du RPG arc-en-ciel.
Son adversaire Abdouramane Diallo qui avait été déclaré vainqueur dans un premier temps menace de descendre dans la rue. Il met en garde ouvertement que quelqu’un d’autre à part lui ne peut pas dirigé cette commune rurale si ce n’est l'UFDG.
« On a voté pour l’UFDG. On a remporté. À la centralisation ils m’ont déclaré vainqueur. À Dalaba la même chose. À Conakry la CENI a confirmé notre victoire. Mais quelques jours après, ils ont dit que c’est le RPG arc-en-ciel qui a gagné. Ils ont amené des gendarmes et policiers pour nous effrayer. Mais on n’aura pas peur. On ne va pas céder. S'ils disent le contraire c’est eux qui le savent. On a porté plainte on attend le résultat. C’est nous qui avons gagné et c’est nous qui allons gérer. C'est un seul bureau de vote qui a été annulé ici. Ça aussi c’est le président de la CESPI qui a occasionné tout cela. Il a donné des papiers de dérogation là où il y'avait plus de militants pour le RPG. Nos militants ont retrouvé leurs cartes d’électeurs dans les mains des militants du parti au pouvoir dans ce bureau de vote. Même le président de la CESPI m'a demandé de le sauver. Car dans ce bureau ce qu'il avait fait est extraordinaire. Donc nous n’allons pas l’accepter. Nos militants sont prêts. On attend notre installation », a mis en garde M. Diallo qui a porté les couleurs de l’UFDG dans cette localité.
Ces tiraillements politiques inquiètent la notabilité. Pour cet imam rencontré, indique que les autorités veulent déstabiliser ce petit village jusque-là paisible.
« C’est mon père qui est le fondateur de cette sous préfecture. Ils veulent détruire ici mais on ne va pas l’accepter. Ils ont nommé le sous-préfet, et les fonctionnaires. Ils ont dit pour les communes c’est un vote. On a voté le Dimanche. Ils ont validé le lundi. La CENI a validé. Mais brusquement on a vu des militaires et gendarmes ici. Après ils nous ont dit que c’est le RPG qui a remporté. Mais nous, nous sommes d’ici. C’est nos enfants qui seront tabassés, c’est nos femmes qui seront violentées, c’est nos maisons qui seront détruites. C’est pour cela on n’a pas voulu que la pagaille règne ici. Moi je suis de la ligue islamique. Je ne défends personne mais nous connaissons la réalité. Les militaires ont effrayé tout le monde. Je demande à l’état de suivre la vérité », a formulé l’imam Amara Fofana.
C’est la paix qui règne ici pour le moment, explique ce citoyen qui représente le parti Guinée pour tous de Kassory Fofana donné. Il demande à ce que les populations s’alignent derrière les résultats donnés par la CENI.
« Moi je suis le représentant de GPT dans cette sous-préfecture. J'ai soutenu la liste du RPG car on nous a dit que notre leader soutien le parti au pouvoir. Les votes se sont passés dans des bonnes conditions. Nous vivons ici ensemble et dans la paix. J'ai appris que c’est l’UFDG qui a gagné en première position. On nous a encore dit que c’est le RPG en fin. Nous restons derrière ça », lance-t-il.
Ces tensions politiques interviennent dans cette localité alors que l’ancien sous-préfet de Mafara soupçonné d’être en collusion avec l’UFDG a été limogé deux mois avant les communales. Son successeur qui vient de prendre fonction s’abstient de tout commentaire sur ce sujet pour le moment.
De retour de Mafara, Habib Samake
Pour Africaguinee.com
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Créé le 26 février 2018 11:52Nous vous proposons aussi
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