Violences post électorales au Foutah : des victimes interpellent Alpha Condé…

PITA- Les faits remontent à 2010, après la présidentielle qui a porté au pouvoir le Président Alpha Condé. Au lendemain de l’annonce de la victoire du candidat du Rassemblement du Peuple de Guinée, plusieurs de ses militants et ceux de son allié Bah Ousmane, avaient été victimes d’actes de violence. Certains parmi eux ont tout perdu. Leurs maisons ont été incendiées, et d’autres objets de valeur emportés.
Elles sont en tout 89 familles victimes de ces violences à interpeller le Président Alpha Condé et son principal allié au Foutah Bah Ousmane. Ces victimes avaient leurs maisons à Pita, Dalaba et Labé.
« Depuis que nos domiciles et nos familles ont été attaquées en 2010 nous avons mené toutes les démarches nécessaires en vain. Nous sommes allés voir le grand-imam de Conakry qui nous a fait savoir qu’il n’a pas pu rencontrer le président alors que nous avions passé deux nuits à la belle étoile dans l’enceinte de la mosquée Fayçal de Conakry. Pendant la campagne de 2015, nous avions rencontré le président à Pita, il avait dit qu’il va voir ; nous n’avons eu aucune suite. Maintenant nous prions le professeur Alpha Condé et le ministre Bah Ousmane à cause desquels nos biens ont été incendiés, de nous aider à réhabiliter nos maisons ; il y a des pauvres personnes parmi nous. Certains sont presque devenus fous à cause de cette affaire. C’est vrai que certains ont reçu 20 millions, 15 millions, 7 millions, mais c’est insignifiant pour quelqu’un qui a perdu sa maison et tout son contenu ; Nous avons compris que la politique n’est pas une religion ; si nous sommes dédommagés nous allons militer, à défaut, nous resterons dans l’oubli », a déclaré en Sanglot Mamdou bailo Doumbouya la soixantaine, militant de première heure de l’UPR à Pita.
Fodé Cissé a 69 ans, il militait au sein du RPG ; depuis 2010 il vit un cauchemard.
« Nous sommes en location maintenant. Nous n’avons pas de moyens pour payer le loyer et subvenir en même temps aux besoin de la famille. Nous demandons de l’aide ; tous les guinéens sont les mêmes ; seul l’Etat peut nous aider ; c’est lui seul qui dispose de moyens pour nous aider », a t-il déclaré au micro de notre correspondant.
A Dalaba, Alseny Diallo qui menait une vie normale avant ces évènements violents, ne sait plus à quel saint se vouer. Il affirme tout de même avoir reçu 7 millions.
« Ce que j’ai perdu est énorme ; j’ai pu reconstruire ma maison avec un financement de plus de 250 millions de nos francs ; le devis est disponible. Je voyageais en Europe ; mais des individus sont venus ramener ma famille à zéro. Depuis ça c’est seulement 7 millions que j’ai reçus ; là aussi c’est récemment qu’on ma fait savoir que c’est l’initiative de Bantama Sow. J’étais arrêté à la véranda, un bon matin un véhicule s’est garé devant ma concession, on m’a appelé pour me remettre 7 millions ; j’ai demandé de quoi il s’agit ; l’intéressé m’a dit que c’est le président de la République qui me donne. J’ai remis cet argent à ma femme afin qu’elle achète des habits pour les enfants parce que tout avait été réduit en cendre. Le problème aujourd’hui il faut que les gens cessent de penser que c’est l’Etat qui m’a remboursé ; non ils se trompent ; je me suis débrouiller moi-même », rappelle Alseny Diallo.
Une femme victime résidente à Labé déplore le silence des responsables politiques ; elle déclare n’avoir jamais s’approcher d’un parti politique ; elle a été plutôt victime collatérale d’un voisin visé
« Ce qui est arrivé devrait arriver ; ce qu’il faut déplorer c’est le silence et la non assistance aux victimes ; certains veulent faire croire qu’ils ont remboursé les victimes mais c’est faux ; nous sommes toujours à l’attente. Moi par exemple je ne suis pour aucun parti politique ; c’est des gens qui ont dit que la famille de mon voisin est cachée chez moi ; du coup les gens sont venus faire tous ces dégâts. Ce jour seul Dieu sait comment je me suis retrouvée dehors avec ma famille sans que nous soyons tués », a témoigné une autre victime qui vit à Labé.
Les victimes de ces violences postélectorales estiment à plus de 10 milliards les pertes subies par l’ensemble des familles dans les régions de Labé et Mamou.
Alpha Ousmane Bah
Correspondant régional d’Africaguinee.com
A Labé
Tél. : (00224) 664 92 45 45
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