Aboubacar Soumah : « Je n’ai pas peur… » (Interview exclusive)
CONAKRY- La détermination des syndicats à l’origine de la grève générale qui paralyse le secteur de l’éducation en Guinée ne faiblit pas. Au terme d’une rencontre ce mercredi 29 novembre 2017 avec plusieurs leaders religieux, le Chef de file des grévistes a annoncé le maintien de la grève. Aboubcar Soumah s’est confié à un journaliste de notre rédaction…
AFRICAGUINEE.COM : Vous avez rencontré ce mercredi 29 novembre 2017 plusieurs chefs religieux dont le Grand-imam de Conakry, peut-on dire que les négociations avec le Gouvernement sont maintenant entamées ?
ABOUBACAR SOUMAH : Pour le moment Non ; c’est seulement les personnalités religieuses que le Gouvernement a dépêché, qui ont pris contact avec nous d’abord, notamment le Grand-imam et l’archevêque de Conakry qui se sont engagés à faire la médiation. Les soucis évoqués c’est la quiétude sociale, ils nous ont demandé de suspendre la grève pour une période d’un mois seulement, en contre partie ils s’engagent à trouver la solution.
Avez-vous marqué votre accord ?
Pour le moment nous n’avons pas répondu. Nous leur avons dit qu’il faudrait qu’on se réfère à la base à l’occasion de l’assemblée générale que nous avons convoquée pour demain vendredi (1er décembre 2017, Ndlr) ; si l’assemblée estime qu’on peut suspendre pour un mois on va le faire, et si l’assemblée oppose un refus la grève va continuer.
Vous n’avez pas le pouvoir de suspendre la grève ?
Non je ne peux pas lever moi seul, il faut absolument l’aval de la base, parce que c’est la base qui a décidé de déclencher la grève, c’est elle seule aussi qui doit lever.
Vous semblez manquer d’interlocuteur ; Avec qui devriez-vous négocier ?
Dans les conditions normales c’est avec la fonction publique, les représentants de la fonction publique et ceux du département du budget et des finances ainsi que les représentants du Département en charge du système éducatif avec une médiation assurée par l’inspection générale du travail.
Si le Gouvernement ne venait pas vers vous, que feriez-vous ?
Bon c’est à L’Etat de voir dans quelle mesure il faut trouver la solution. De notre coté tant que nous ne sommes pas satisfaits, notre mot d’ordre restera maintenu. On ne descend pas dans la rue, on invite personne dans la rue, nous restons à la maison.
Après plusieurs jours de « vie clandestine », vous êtes finalement sorti de votre cachette. Avez-vous eu des garanties pour votre sécurité ?
Je n’ai pas peur du tout, mes collègues m’ont dit plutôt de me livrer pour résoudre définitivement le problème. C’est pour des raisons tactiques que j’avais décidé de me mettre à couvert pour ne pas que le mouvement échoue.
Vous n’êtes plus menacé ?
Les menaces continuent parce que chaque fois des pick-up de gendarmes passent autour de mon domicile, des policiers viennent constater si je ne suis pas chez moi. Ma femme m’appelle souvent pour me faire le compte rendu.
Avez-vous un message à l’endroit des élèves, leurs parents et les enseignants ?
Mon message particulier c’est de dire aux élèves, aux parents d’élèves de se ressaisir. Le combat que nous menons c’est dans l’intérêt de tous, et pour eux et pour nous, parce qu’une bonne éducation il faut un enseignant motivé. Pour la qualification de l’éducation il faut des enseignants qualifiés. C’est pourquoi nous demandons qu’on soit mis dans des conditions minimales pour assurer une bonne formation des élèves et étudiants. C’est pourquoi nous demandons aux élèves et étudiants de rester sereins. C’est pour tout le monde.
Merci Monsieur Soumah !
Je vous en prie !
Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 664 93 45 45
Créé le 30 novembre 2017 12:08Nous vous proposons aussi
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