Interview : Aboubacar Makhissa Camara, l’homme et ses ambitions à la tête de la Direction Nationale des Impôts…

Aboubacar Makhissa Camara, Directeur National des Impôts

CONAKRY- Il fait partie des jeunes cadres promus par le Président de la République. Aboubacar Makhissa Camara entend poursuivre les reformes déjà engagées à la Direction Nationale des Impôts. Au lendemain de sa désignation comme « Meilleur Gestionnaire Africain des Régies Financières d’Etat », le Directeur National des Impôts a bien voulu nous accorder une interview. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous accueilli le prix du Meilleur Gestionnaire des Régies Financières d’Etat qui vous a été décerné le 28 octobre dernier à Casablanca ?

ABOUBACAR MAKHISSA CAMARA : Merci pour cette opportunité que vous m’offrez. Je dirais que c’est une opportunité pour la Guinée, pour la jeunesse guinéenne, je dirais même africaine, et également une belle opportunité pour démontrer que la Guinée est présente aux rendez-vous internationaux. C’est pour moi et ma famille, et même mes collègues, un motif de satisfaction. C’est aussi une interpellation à lus de courage dans le travail.

Au niveau de la direction nationale des impôts, des reformes ont été enregistrées, parlez nous de ces quelques reformes ?

C’est vrai qu’à la Direction Nationale des Impôts il y a eu pas mal de reformes mises en œuvre grâce au soutien du ministre du budget mais aussi le président de la république. Ces reformes passent d’abord par le droit de timbre sur les véhicules d’occasion, mais aussi sur les vignettes. D’autres reformes sont également en perspective comme la sécurisation et la mobilisation de la TVA au niveau de tous les secteurs de l’économie nationale à travers deux projets qu’on a identifiés et qui sont aujourd’hui inscrits au niveau dans la matrice du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale.  Il s’agit donc des projets qui vont permettre de tracer la TVA à la source et disposer des informations fiables sur une base d’équité mais aussi de justice.

Le 25 octobre dernier la Guinée a été classée par la Banque Mondiale parmi les pays les plus performants en matière de reformes visant à attirer les Investissements Directs Etrangers. Quelle a été la partition de la Direction Nationale des Impôts dans le cadre de l’attraction des investisseurs vers la Guinée ?

C’est vrai les investisseurs doivent venir en Guinée mais pour que cela soit nous devons prendre des dispositions à l’interne parmi lesquelles l’on passe par la fiscalité. Au niveau discal nous avons tout récemment avec l’Assemblée Nationale revu les textes fiscaux pour mieux les simplifier et les rendre plus accessibles aux contribuables, mais aussi rassurer les investisseurs qui vont venir s’installer en Guinée. A ce titre il y a eu la révision de certains textes comme la CFU (contribution foncière unique) qui est passée de 10% à 5% pour les propriétaires occupants, sachant que chaque industriel qui viendra s’installer en Guinée va devoir installer du matériel lourd. Nous avons également ramené le taux de la TVA de 20% à 18% pour encourager les investisseurs, pour permettre à ces sociétés d’accroître leur productivité. Sur le droit d’enregistrement, le taux a été ramené à 2%. L’impôt sur les sociétés, nous sommes entrain de travailler pour permettre de rétablir la justice fiscale entre les sociétés minières, mais aussi entre les autres industriels qui ne sont pas dans les mines. A ce niveau vu que l’IS (Impôt sur les sociétés, Ndlr) est de 30% au niveau des sociétés minières, et 35% au niveau des autres sociétés, on s’est dit que c’était une injustice fiscale qu’il faille réparer pour permettre aux entreprises locales de se renforcer pour une imprimer une nouvelle dynamique et les permettre de souffler avec les banques, d’avoir une plus grande productivité locale pour soutenir l’économie. C’est pourquoi il était important pour nous de penser à ramener le taux de l’impôt sur les sociétés de 35 à 30%. Cette reforme est un projet que nous avons bien voulu soumettre à l’appréciation de l’Assemblée Nationale. Nous pensons que ça va être une bonne mesure fiscale qui sera prise de commun accord avec l’Assemblée, pour soutenir l’économie locale.

A Casablanca, nous avons suivi les différents experts marocains qui ont mis un accent particulier sur le rôle que la politique doit jouer dans le renforcement des capacités, dans le soutien aux entreprises locales. Pour que l’Etat puisse permettre à ces structures d’exister et d’être plus compétitives et ne pas être absorbées par les grands groupes, il est important qu’on pense à elles, qu’on essaye de les renforcer, qu’on essaye de les stabiliser, qu’on essaye de faire en sorte que la productivité locale puisse être au rendez-vous pour que les banques les fassent confiance et leurs donnent de l’argent pour mieux investir et développer la Guinée.

Le Ministre d’Etat Kassory Fofana qui est en charge des investissements et des partenariats public-privé a confié dans une interview qu’il nous a accordée que la Guinée ambitionnait un taux de croissance de 7% pour l’année 2018. Quel rôle la Direction Nationale des Impôts pourrait jouer pour que cet objectif soit atteint ?

Le DNI aura une partition très importante dans la mesure où nous devons travailler sur le renforcement des capacités humaines, mais aussi sur la mobilisation et la sécurisation des recettes, de façon responsable sans que cela n’impacte sur l’équilibre des sociétés. Les sociétés doivent être considérées comme étant la colonne vertébrale du développement économique, mais aussi elles doivent être interpellées à plus de responsabilité. Mais pour que cela soit, en tant que responsables de l’administration fiscale, qu’on puisse échanger en partenaires pour que nous puissions ensemble définir les bases nécessaires pour mieux travailler sur les opportunités fiscales, sur les opportunités économiques, voir quelles sont les faveurs qu’on peur leur accorder dans le cadre des exonérations, mais aussi également les inviter à être des partisans des reformes que nous allons mettre en place pour soutenir l’économie nationale. Pour que cette croissance soit soutenue il faut de la responsabilité dans les actions fiscales. Cela passe par la sensibilisation des agents, ça passe aussi par la sensibilisation des contribuables. Il faut que les guinéens aient confiance à leur administration fiscale, il faut que l’administration fiscale aussi démontre sa volonté de rapprochement vers les contribuables ; Elle doit également démontrer à travers son engagement dans la transparence, et que l’argent qui va être collecté va être reversé au Trésor.

Au Maroc on a dit que les stratégies économiques émergentes existent mais que les populations ne profitent pas, ne suivent pas ces stratégies. Notre vocation aujourd’hui est de faire comprendre au citoyen lambda que l’impôt qu’il paye, le retour est aussi social, donc il doit toucher le panier de la ménagère, il doit contribuer à son épanouissement.

Quelles vont être vos priorités pour l’année 2018 ?

Nous comptons renfoncer la dynamique des reformes. Nous avons été distingués meilleur gestionnaire africain des régies financières, pour moi c’est à la fois une joie mais aussi une interpellation, interpellation à plus de sérieux et d’engagement mais aussi au travail bien fait. La confiance c’est ce qu’on mange à vie. Il ne sert à rien de s’enrichir si on a pas la confiance, et que demain ce qu’on collecte de façon injuste et qu’on met dans sa poche de façon injuste se retourne contre sa personne pour être traité de n’importe qui, et ne plus continuer à exercer ses ambitions, ne plus continuer à mettre en œuvre la vision du Président de la République. Il n’y a que lui qui doit avoir la vision, il n’y a que lui comme leader, tout le monde doit l’accompagner. L’accompagner c’est aussi être sérieux, l’accompagner c’est de mettre sa politique en application et de commenter cette politique au plus haut niveau pour que le citoyen lambda comprenne qu’il y a un travail de fonds qui est entrain d’être fait, et que ce travail doit bénéficier aux guinéens. Il n’y a pas de distinction de race ni d’ethnie. Ce qui se fait en Guinée n’appartient pas aux sousous ou au guerzés, ça appartient à tous les guinéens. Donc ces actions publiques porteuses de croissance, ces actions publiques qui touchent à la sensibilité de la population doivent appuyées dans tous les sens pour que le guinéen puisse être à un niveau de débat plus responsable pour le devenir de la Guinée.

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 1 novembre 2017 10:09

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