Kassory Fofana annonce : « Dans les deux années à venir… » (Interview)
VIENNE- La Guinée vient d’être classée par la Banque Mondiale parmi les cinq pays au monde les plus performants en matière de réformes visant à attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE). Qu’est-ce a prévalu au choix de la Guinée ? Quel impact cette distinction aura-t-elle sur le climat des affaires en Guinée ? Depuis Vienne, la capitale d’Autriche, Africaguinee.com a joint le Dr Ibrahima Kassory Fofana, Ministre d’Etat à la Présidence en charge des investissements et du partenariat public-privé pour aborder toutes ces questions. Ce proche collaborateur du Président Alpha Condé promet un meilleur avenir pour son pays dans les années à venir. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : La Guinée vient d’être classée par la Banque Mondiale parmi les cinq pays au monde les plus performants en matière de réformes visant à attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE). Qu’est-ce qui a permis à la Guinée de bénéficier de cette distinction ?
DR IBRAHIMA KASSORY FOFANA : Sur le plan africain, les pays performants sont la Guinée, le Ghana, l’Ethiopie (…). Ailleurs, nous avons la Birmanie et la Serbie. Ce sont ces pays qui ont été jugés performants dans la compétitivité de l’investissement global. C’est la première édition. C’est une rencontre du secteur privé international au sommet et les gouvernements réformateurs qui se tient à Vienne. Il s’agit dans un dialogue constructif de voir ensemble qu’est-ce qui peut être amélioré davantage dans le climat des affaires dans nos pays et qu’est-ce qui peut être fait de leur côté pour créer les meilleurse conditions de rapatriement de leurs investissements dans nos pays. Donc il s’agit aussi regarder les contraintes à l’échelle globale et les solutions à l’échelle globale.
Ce qui a pesé pour nous, c’est essentiellement les conditions de négociation avec les partenaires étrangers. Vous remarquerez que depuis la mise en place du Conseil présidentiel des investissements que je dirige, on a une nouvelle approche. Quand le partenaire vient, il est reçu par le Conseil présidentiel, tous les ministres autour du président, nous discutons des conditions, nous fixons les axes et puis les ministres vont travailler sans rentrer dans des difficultés.
D’un point de vue opérationnel, les conditions de création d’entreprise en Guinée le tout prend 72heures. Quand vous venez avec l’APIP (Agence de Promotion des Investissements Privés, Ndlr) c’est très rapide. Tout est facilité. Et du côté du ministère des mines, les choses ont évolué de manière très favorable. Le ministère des Mines a fait un bon travail pour l’attractivité de la Guinée. La durée d’attribution des licences qui prenait six mois à un an est réduit à deux voire trois semaines, il y a le online service qui a été mis en place pour la transparence du cadrage minier.
Donc on a un environnement favorable en termes de dispositifs législatifs réglementaires et on a un environnement favorable en termes d’institutions, c’est-à-dire, d’institutions en charge de coopérer avec le secteur privé international qui sont des institutions visibles et crédibles à l’échelle internationale. Le pays c’est vrai vient de loin, même si nous sommes à la queue de liste dans le doing business, on a gagné 17 points sur ce classement, mais cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont réglés mais ce qui signifie que la Guinée va à une vitesse soutenue et appréciable par les reformes. Certes les guinéens diront qu’on ne voit rien, c’est une réalité comme ça ne va pas dans la bouche des gens en termes du panier de la ménagère pour le moment, mais quand on regarde le volume des investissements annuels nous parlons de près de 4 milliards (…), quand tu prends le secteur minier ou énergétique tout cela en l’espace de deux ou trois ans (…).
Ce qui fait aujourd’hui de la Guinée, le premier exportateur de bauxite en Chine et nous sommes sur la position d’être premier exportateur de bauxite dans le monde. Alors si vous voulez, pour encore illustrer le caractère dynamique des reformes, en 2013 par exemple, le volume d’exportation était à peine 16 ou 17 millions de bauxite, aujourd’hui on est à 40 millions de tonnes de bauxite et d’ici 2020 on sera dans près de 70 millions de tonnes de bauxite. L’année prochaine, l’usine de Fria va commencer à fonctionner. Quand on parle de qualité de la réforme et de la vitesse de cette réforme cela se ressent à travers les chiffres. Un pays qui redémarre une usine éteinte depuis plusieurs années et qui va ouvrir d’autres sites miniers que sont Dian-Dian ou d’autres comme la SMB (Société Minière de Boké, Ndlr), Henan-Chine, tout ça en moins de trois ans, ce sont des performances qui sont à saluer par cette reconnaissance mondiale.
Quand on nous dit que cela ne reflète pas la réalité, je dirais que ce sont des observateurs indépendants dont les calculs reposent sur des faits et des chiffres. Ce n’est pas une perception théorique mais qui sont fondées sur la réalité objective des choses et confortées par des chiffres. Toutes les transformations règlementaires, législatives ont donné un nouveau souffle à l’économie guinéenne qui s’est traduit ainsi. Malgré Ebola, qui a éprouvé le pays, la Guinée était à 0% de croissance, deux ans à peine nous sommes à 6% et nous allons finir l’année à 7%. Soit le taux de croissance le plus élevé dans la sous-région.
Vous insistez beaucoup sur les projets miniers, est-ce que c’est le seul secteur qui pourrait servir de levier à l’économie guinéenne ?
Non, nous avons l’énergie aussi. Pour ces trois dernières années, nous passons d’une production très limitée il y a quelques années à une production accélérée. Aujourd’hui nous avons kaleta pour 240 mégawatts, on a garafiri pour 75 mégawatts et on va faire Souapiti qui en construction pour 450 mégawatts. Reconnaissez, quand même pour une économie de trois ans qui a triplé sa capacité énergétique est un pas important. Regardons du côté de l’agriculture ce qui se passe où de nouvelles filières se créent afin d’avoir des revenus consistants pour les exploitants (…), je veux parler de l’anacarde. Voyez tout ce soutien à l’agriculture à travers le volume des intrants importés par le pays par le Gouvernement et surtout que ces intrants sont subventionnés par le Gouvernement. Quand nous prenons les engrais, nous avons l’habitude d’utiliser entre 10.000 à 20.000 tonnes annuel, l’an dernier, vous le savez, grâce à la coopération marocaine, nous en avons importé 100.000 tonnes, vous vous rendez compte, donc ce ne sont pas que les maga projets miniers.
Mais je suis très optimiste pour les deux années à venir, le look économique de la Guinée va complètement changer et nous aurons des conditions de vie et de travail beaucoup plus favorables aujourd’hui.
Monsieur le Ministre vous conviendrez avec nous que pour développer un pays il y a des préalables, notamment la sécurité des personnes et leurs biens, la construction de certaines infrastructures. Est-ce que cela fait partie de vos priorités ?
Votre observation est exacte, mais ce que je dois dire, les mesures déjà prises vont dans le bon sens. Quand vous prenez le paquet chinois et la première génération de projets concernés dans ce paquet et qui vont bientôt être exécutés, vous verrez que le problème d’infrastructures routières a un premier élément de réponse. Quand on parle du port, pour les deux dernières années, il y a eu deux ports construits dans la région de Boffa et Boké, il y a aussi l’extension du port de kamsar qui est en route et celui du port de Conakry, cela veut dire que vous avez quatre investissements portuaires réalisés et en cours de réalisation depuis les trois dernières années et qui vont finir d’ici 2020 avec cela, vous ne pensez pas que la question d’infrastructures est en train d’être résolue ? Ma réponse est oui.
Quand vous prenez le problème de réfection des routes de la voirie urbaine de Conakry qui est l’un des points d’application avec les chinois, vous conviendrez avec moi que c’est une bonne réponse aux problèmes du trafic urbain de la capitale guinéenne. Ce programme de cette première tranche va concerner plus de 150 km de routes dans la seule ville de Conakry. Si vous ajoutez à cela la route nationale Coyah-Mamou-Dabola sur 300 km, on va réhabiliter dans ce programme chinois vous ne pensez pas que c’est une bonne réponse aux problèmes posés sur les priorités d’infrastructures ? Je suis en train de dire Oui. Les actions sont en cours et oui les actions sont programmées pour résoudre progressivement de manière graduelle la question d’infrastructures pour ce pays.
Après la Chine, la Russie, et même la Turquie, c’est quoi votre prochain objectif ?
Le mandat que je me suis donné avec l’approbation du Chef de l’Etat, est de renforcer la coopération avec les pays émergents pour diversifier les sources de financement et de coopération. Avec la Russie, les choses sont en bonne voie, le cadre est défini et les orientations et programmes sont clairs. La prochaine cible c’est l’Inde et vous ne serez pas surpris de me voir effectuer assez de missions dans ce pays pour construire un partenariat beaucoup plus consistant avec ces pays émergents.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 111
Créé le 27 octobre 2017 20:31Nous vous proposons aussi
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