Conakry capitale mondiale du livre : Soulay Thiâ’nguel, le grand absent !
CONAKRY- L’événement « Conakry capitale mondiale du livre » connaîtra certainement un grand absent. Un as de la culture guinéenne dont le travail était très attendu ne sera pas à ce rendez-vous planétaire. Souleymane Thiâ’nguel Bah, plus connu sous le sobriquet « Soulay Thiâ’nguel », devait commémorer les vingt ans de la disparition de Williams Sassine, ce célèbre écrivain guinéen mort le 9 février 1997, à travers une adaptation des œuvres de l’écrivain insoumis (tout autant que lui) pour en faire une comédie musicale. L’ancien étudiant de Lille et de Lyon où il a marqué son passage, devait prendre part également au festival Univers des mots. L’auteur des célèbres « Tranchantes de Thiâ’nguel » étant le metteur en scène associé de cette fabrique des écritures dramaturgiques africaines en Guinée depuis la création de la résidence.
Soulay Thiâ’nguel est bien connu dans le monde de la culture ; aussi bien en Guinée qu’à l’étranger. Ses spectacles au centre culture franco-guinéen refoulent toujours du monde. « Danse avec le Diable », une de ses dernières pièces de théâtre qu’il a montée, avant qu’il soit hors des frontières de son pays qu’il a toujours aimé et servi, a connu un succès époustouflant. Elle a d’ailleurs été primée meilleur spectacle de théâtre de l’année 2016.
Pour mieux comprendre l’amour que Soulay Thiâ’nguel a pour la culture en général, il faut remonter un peu l’histoire. En 1990, avec certains amis, il crée la troupe Djibril Tamsir Niane au lycée Yimabaya. De cette année-là en passant par celles de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Conakry, ce féru de la culture se confronte au théâtre par le jeu d’acteur et s’essaie déjà à l’écriture dramaturgique, sous l’œil avisé de Ansoumane Djessira Condé. Il fortifiera sa formation de comédien et se lancera dans la mise en scène en passant la rigoureuse école de Fifi Tamsir Niane, dont il sera d’ailleurs l’Assistant pendant quelques années. Il continuera cette aventure théâtrale en France, à Lyon, où il créera la Compagnie Grain de Sable. Après l’obtention de son doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication, quelques années d’enseignement à Lyon et aux Antilles, il part pour l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, d’où il démissionnera après un an et demi de bons et loyaux services pour rentrer en Guinée avec un contrat à l’Unicef. De retour, le théâtre ne le quitte pas. Alors il crée la Compagnie Laborato’Arts.
Connu et reconnu comme étant un garçon très intelligeant et qui a horreur de l’injustice, Soulay Thiâ’nguel, cette facette de dénonciation, il la revendique publiquement et elle se décline dans tous ses spectacles et toutes ses chroniques. Ses pièces ont une particularité : elles véhiculent des messages forts, dénoncent avec véhémence, mais toujours avec une part de rire et d’ironie.
C’est en tant que Consultant en communication qu’il fera un pas vers la politique.
En 2010, il intègre l’Union des Forces Démocratiques de Guinée. Cellou Dalein Diallo, le leader de cette formation politique, a très vite compris qu’il avait une « chance » à saisir. Soulay Thiâ’nguel était une perle rare dont il fallait s’approprier. Il le nomme Directeur de la Cellule de Communication de la première formation politique d’opposition en Guinée, puis en 2015, au congrès du parti, il est élu Secrétaire National chargé de l’Information et de la Communication.
« C’est lui pratiquement qui a donné un sens à la communication du parti. A son arrivée, beaucoup ignoraient c’était quoi la vraie communication politique. Au delà de l’UFDG, de nombreuses formations politiques se sont inspirées de son modèle. », a confié un proche collaborateur de Cellou Dalein Diallo. C’est peut-être d’ailleurs le seul chargé de communication d’un parti politique en Guinée qui a un tel niveau d’expertise et qui pratiquait déjà ce métier avant de s’engager en politique.
Frileux, souvent dans l’ombre, mais très engagé, Soulay, comme de nombreux autres jeunes interpelés par la situation de la Guinée en 2009, se rendra au stade du 28 septembre. C’est cette prise de risque qui va le conduire à rejoindre l’UFDG dont il n’était pas membre à l’époque.
Au lendemain de la défaite de son candidat, Cellou Dalein Diallo, à la présidentielle de 2010, Soulay décidera de quitter le monde de la politique et se consacrer un peu plus désormais aux médias et surtout à la culture où, beaucoup de ses amis, y compris du camp de la mouvance, pensent qu’il a plus sa place que dans un monde politique fait de manigances et de fourberies. Mais, le Docteur en Sciences de l’information et de la communication n’aura pas d’autre choix que de revenir dans la politique très vite ; plus vite qu’il ne l’imaginait.
Au delà de l’adversité qui est vue par certains comme de l’animosité, Thiâ’nguel prône le débat d’idées, l’argumentation. C’est pourquoi, disait-il, il exerce des métiers qu’il fait. Pour lui, la communication, le théâtre et l’enseignement ont une seule chose en commun : convaincre, par la parole et la force des idées et du raisonnement.
SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 3 mai 2017 10:41Nous vous proposons aussi
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