Burkina Faso : Blaise Compaoré devant la justice le 27 avril
En exil en Côte d'Ivoire, l'ancien président et son dernier gouvernement seront jugés par contumace dans son pays, le 27 avril prochain. Que risque-t-il ?
« En cas de condamnation, la justice burkinabè demandera l'extradition des exilés pour qu'ils rentrent purger leurs peines au Burkina Faso. » L'ex-président déchu Blaise Compaoré, ainsi que les membres de son dernier gouvernement, dont le Premier ministre Luc-Adolphe Tiao dont il était lui-même le ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, sont poursuivis pour « complicité d'homicide volontaire » et « coups et blessures volontaires », annonce la Haute Cour de justice du pays ce 10 avril.
Ce que la justice leur reproche
La justice reproche aux ministres leur participation au conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014, alors que les mouvements de la société civile et de l'opposition manifestaient contre la modification de la Constitution. « Au cours de ce conseil des ministres, il a été décidé de prendre une réquisition complémentaire spéciale faisant appel à l'armée pour maintenir l'ordre avec usage d'armes à feu. »
Parmi les 34 membres du dernier gouvernement, Clothilde Ky (déléguée au Budget) et Yacouba Ouédraogo (Sport), qui n'avaient pas participé à ce conseil des ministres, ont bénéficié d'un non-lieu. Les autres ont été inculpés mais bénéficient d'une liberté provisoire avec interdiction de quitter le pays. Selon la Haute Cour de justice, sur 34 membres que compte ce gouvernement, 7 n'ont pas répondu aux convocations. Il s'agit de Blaise Compaoré (président) et des ministres Salif Lamoussa Kaboré (Mines et Énergie), Marie Lucien Bembamba (Finances), Koumba Barry/Boly (Enseignement de base), Assimi Kouanda (présidence du Faso), Salif Ouédraogo et Tinga Jérémy Ouédraogo (Ressources animales).
La peine de mort pour tous les accusés
Selon les sources officielles, 33 personnes ont été tuées lors de ces manifestations. Toutefois, le gouvernement déchu est poursuivi pour complicité présumée d'assassinat de « 7 manifestants » à Ouagadougou et pour « 82 » blessés. Le parquet général requiert la peine de mort pour tous les accusés.
Une source judiciaire précise que les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, absents lors du procès du 27 avril, seront jugés par contumace. Le jugement relatif à l'insurrection populaire de fin octobre 2014 est très attendu de la population burkinabè. Après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré avait tenté de modifier la Constitution en 2013 pour briguer un cinquième mandat. Cette tentative avait marqué le début du soulèvement populaire, fatal à son régime.
Lepoint
Créé le 11 avril 2017 21:03