Damaro Camara : « Ce qu’Ousmane Gaoual oublie… » (Interview)
CONAKRY- Doit-on s’attendre à un nouveau bras de fer entre les deux mouvances politiques du pays à l’Assemblée Nationale ? Malgré les dénonciations de l’opposition, le camp présidentiel campe sur sa position au sujet du remplacement d’El hadj Dembo Sylla à son poste de secrétaire parlementaire. Le Chef de la majorité présidentielle, El hadj Amadou Damaro Camara qui s’est confié ce Mardi 14 Février 2017 à notre rédaction, a répondu aux accusations du député Ousmane Gaoual Diallo. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Honorable Amadou Damaro Camara bonjour ! L’opposition vous accuse de violer le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale en remplaçant le député Dembo Sylla à son poste de premier secrétaire parlementaire parce qu’il a changé de camp politique. Que répondez-vous ?
AMADOU DAMARO CAMARA : J’avoue que ça ne fait pas plaisir pour un groupe ou pour un président de Groupe parlementaire de perdre un député. Nous l’avouons. Mais c’est un choix que des adultes ont fait et que nous respectons. Mais que ça soit dans la vie ou dans la politique, tout choix engendre des conséquences. Ils ont librement choisi de quitter notre groupe parlementaire. Ne serait-ce que pour leur propre crédibilité, ils doivent en assurer les conséquences. De quoi s’agit-il ?
Le bureau de l’Assemblée Nationale est composé par des députés fournis ou proposés par les groupes parlementaires. El-hadj Dembo Sylla est premier Secrétaire Parlementaire parce que ce poste revenait au groupe parlementaire RPG arc-en-ciel. J’avoue que le règlement intérieur n’a rien prévu sur les cas de transhumance. Le règlement intérieur ne traite que des cas de démission en tant que député ou de décès. Mais quand la loi ne dit rien ou bien elle est muette, il y a ce qu’on appelle la jurisprudence ou la pratique. Nous avons eu des cas quand on a exclu Dr Ousmane Kaba (du RPG-arc-en-ciel), nous l’avons remplacé. Quand les honorables Sila Bah et Téliano ont quitté le groupe de l’alliance des Républicains, ils ont été remplacés par les députés de l’UPG qui ont rejoint le groupe parlementaire de l’alliance républicaine. Quand après qu’il y ait eu d’autres altercations entre Sila Bah et l’UFDG, il a quitté l’UFDG pour se déclarer non-inscrit. Il était président de commission, il a perdu son poste.
Alors quand on a eu cette pratique, on ne doit pas s’étonner que quand on quitte un groupe, tu ne peux pas vouloir continuer de bénéficier des avantages de ce groupe. S’il n’y a pas de lois, il y a au moins une logique. Tu ne peux pas quitter un groupe pour des raisons qui te sont propres et vouloir continuer à représenter ce groupe au niveau d’une instance. On a dit ça. Ce n’est pas négociable. Nous respectons son choix, mais il ne peut plus continuer à nous représenter au niveau du bureau. Alors le jour où on aura le nouveau règlement intérieur, on va recomposer le bureau. Si l’UFDG veut l’envoyer au Bureau, ce serait aux postes revenant à l’UFDG mais pas aux postes revenant à la majorité.
Je vais vous dire aussi que ceux qui crient aux violations des Lois envoient des articles qui n’ont rien à voir avec les cas de transhumance. Mieux, dès qu’ils ont quitté la signature de leur alliance avec l’UFDG, ils sont allés s’assoir dans le groupe de l’UFDG (les libéraux-démocrates) alors que le règlement intérieur au moins précise que quand on change de groupe, quand on démissionne ou quand on adhère, on doit faire une déclaration solennelle et remettre la lettre au Président de l’Assemblée avant de changer de groupe. On annonce à la plénière qui en prend acte. Mais au lieu de tout ça, ils sont venus s’assoir sans faire de déclaration. Deux jours après nous avons eu la plénière, ils sont venus changer de groupe physiquement sans faire de déclaration. Il était donc de notre devoir à nous majorité de faire cette déclaration et demander au président de l’Assemblée d’en prendre acte. Ce n’est pas négociable ! Elhadj Dembo Sylla est un monsieur qui est bien, nous avons de très bonnes relations personnelles, j’ai du plaisir à voyager avec lui. Mais vouloir s’accrocher à son poste, c’est comme si on dit on démissionnait du Gouvernement puis on dit « je ne donne pas mon bureau, je ne donne pas mon véhicule tant qu’il n’y a pas un autre remaniement ministériel parce que je suis venu par décret ». Ne serait-ce que pour la dignité même quand on dit qu’on a renoncé à quelque chose, on renonce à tout et à tout ce qui est lié à cette chose. On n’a même pas besoin de se tirer sur ça.
L’honorable Ousmane Gaoual Diallo vous accuse personnellement d’influencer le Président de l’Assemblée Nationale, l’honorable Kory Kondiano, pour violer le règlement intérieur. Qu’en dites-vous ?
Ce que Gaoual oublie ou ce qu’il feigne d’oublier, c’est que je suis le Président de la majorité. Pour n’importe quelle loi si la majorité ne vote pas, il n’y a pas de loi. Il doit souffrir de me voir à ce poste. Je n’ai été désigné, je n’ai pas été nommé. C’est après les élections que le peuple de Guinée nous a donné plus de 50 députés et à eux moins de 40 députés. En attendant les élections prochaines, ils doivent souffrir de cet état de fait, c’est aussi ça la démocratie. Mais j’avoue que les sorties de Gaoual ne me laissent ni chaud ni froid. Ça m’amuse d’ailleurs parce que tout le monde s’en est habitué.
Ousmane Gaoual Diallo dit je cite : « la mouvance a désigné 22 membres de leur groupe parlementaire pour voter contre le code électoral rejetant ainsi l’accord politique et replonger la Guinée dans une autre crise ». Qu’en est-il réellement ?
Si on le voulait, on n’aurait pas eu besoin de stratagèmes, on aurait simplement dit qu’on ne vote pas. Parce que les accords ne nous obligent pas à voter. Aucun accord ne nous oblige, aucune autre institution, aucun forum, aucune concertation ne peut enlever au député son droit de dire oui ou non à un texte qui lui est proposé. Je le dis pleinement. Donc, je n’ai pas besoin de stratagème. Si je ne veux pas donner de consigne, je dirais ne votons pas. Et ce ne serait pas une violation des accords si l’assemblée ne vote. Mais il y a quelque chose de plus intéressant que ces sorties de vacarme.
Etes-vous optimiste quant à l’adoption du code électoral au cours de cette session extraordinaire pour pouvoir aller enfin aux élections locales maintes fois reportées ?
Oui c’est ça notre objectif ! Pourquoi voulez-vous qu’en tant que président d’un groupe parlementaire que je me prononce au nom des députés avant le vote. Je les respecte. Ce sont des personnes responsables. Ce que je fais, pendant l’explication de vote, j’essaie de les convaincre de la nécessité d’aller dans un sens ou dans un autre. Mais je ne peux pas dire, par respect que j’ai pour eux, oui ils vont voter. Je respecte mes députés. Ce ne sont pas mes élèves, je ne suis pas un berger de troupe. Ils m’ont librement mis à leur tête et je respecte leur volonté. Je ne les commande pas pour aller dans un sens ou dans un autre.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel. : (00224) 655 311 112
Créé le 15 février 2017 10:44
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