L’avocat de Toumba Diakité parle : « les craintes de mon client… » (Exclusif)
DAKAR- Depuis sa cellule dans la prison de Rebeuss, le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba », a exprimé des craintes. L’ex aide de camp de Dadis Camara ne veut pas retourner à Conakry. Toumba Diakité dit craindre pour sa sécurité. Quels sont les arguments dont dispose la défense pour faire aboutir ce vœu exprimé par ce présumé auteur du massacre du 28 septembre 2009 ? Comment vit Toumba Diakité dans la cellule qu’il partage avec deux codétenus ? Son avocat Maître Baba Diop s’est confié ce Jeudi 29 décembre 2016 à notre rédaction. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Maitre Baba Diop bonjour ! Comment se porte aujourd’hui votre client Toumba Diakité près de deux semaines après son arrestation à Dakar ?
MAITRE BABA DIOP : Il se porte à merveille. Ses conditions de détention sont extrêmement biens. Il est dans une cellule avec deux personnes. Donc sur ce plan là, je crois qu’on ne se plaint pas. Maintenant nous attendons avec impatience la demande d’extradition ainsi que le dossier du Gouvernement guinéen pour pouvoir aller discuter devant la chambre d’accusation pour voir si les conditions sont réunies pour que Mr Diakité puisse être extradé en Guinée en vue de son éventuel jugement.
Avez-vous des craintes par rapport à sa sécurité ?
Oui. De toute façon, lui-même, il le dit. Parmi les raisons qui font qu’il s’oppose à cette demande là, au niveau du Procureur de la République tout comme au niveau du procureur général, la question lui a été posée. C’est-à-dire est-ce qu’il est d’accord pour son extradition. Par rapport à cette question, lui-même a répondu en disant qu’il connait mieux la Guinée que nous-mêmes. Il a dit qu’il ne serait pas opposé, s’il était conscient qu’un jugement juste et équitable l’attend en Guinée. Mais le problème pour lui, il craint pour sa sécurité. Donc lui, en tant que militaire, en tant que commandant de l’armée guinéenne, je pense qu’il y a quand même véritablement mesuré toute la dimension de cette question pour s’opposer à la demande de son extradition. Aujourd’hui il s’oppose pour une raison très simple : Il craint pour sa sécurité.
Quelles marges de manœuvre avez-vous pour empêcher son extradition ?
Les marges de manœuvres sont dans la loi sénégalaise elle-même. Ici nous avons la Loi 71 et 77 du 28 décembre 1971 relative à l’extradition. D’après cette loi, il y a des conditions qui sont énumérées par les dispositions de l’article 5. Parmi ces conditions, il y a naturellement les raisons sécuritaires qui se posent. Cette loi dispose que lorsque les faits pour lesquels la personne est poursuivie ont une certaine connotation politique, ou ont été commis en temps de guerre, la personne ne peut pas être extradée. Aujourd’hui nous avons au moins cette disposition de la loi qui s’oppose à son extradition. Hormis ça, il y a également les dispositions de forme parce qu’il y a une procédure très méticuleuse. L’expiration ne serait-ce que d’un seul jour du délai peut faire annuler la procédure et conséquemment faire demeurer la personne.
Voulez-vous dire que ce délai-là a expiré ?
Pas encore, mais entre les étapes, j’estime qu’il y a un petit problème ne serait-ce que sur le délai de l’interrogatoire. Parce que la Loi (sénégalaise) parle de 24 heures après l’arrestation. Et il a été entendu 48 heures après l’arrestation. Donc, nous estimons que sur ce premier délai, il y a un problème. Maintenant nous attendons de voir si d’autres délais vont être respectés. Parce que l’Etat guinéen a également un délai pour apporter son dossier. Or jusque-là, le dossier n’est pas encore là. Nous attendons de voir si ce délai va être respecté. De toute façon au terme de ce dernier délai-là, nous pouvons saisir directement la chambre d’accusation pour sa libération. Maintenant si le délai est respecté et qu’on soit devant la chambre d’accusation, on pourra discuter des conditions de fond. Les conditions de fond, comme je l’ai tantôt dit, nous estimons qu’aujourd’hui qu’il y a une qui cause problème. C’est-à-dire : c’est la question de la sécurité de Monsieur Diakité en Guinée. Véritablement si l’Etat guinéen ne peut pas nous convaincre sur sa sécurité en Guinée, normalement la Loi (sénégalaise) s’oppose à son extradition.
Les autorités sénégalaises et guinéennes entretiennent de très bons rapports. Ne pensez-vous pas que les chances de voir Dakar refuser l’extradition de Toumba soient quand même assez minces ?
La Justice sénégalaise est suffisamment indépendante pour ne pas prendre en compte certains intérêts entre les Etats. Aujourd’hui la chambre d’accusation ne doit avoir aucune crainte. S’il y a un problème de légalité qui se pose, je pense que la chambre n’aura aucune crainte à dire le Droit. Par conséquent, à ce niveau-là, je n’ai pas de crainte par rapport à l’indépendance et à la crédibilité de la Justice Sénégalaise.
En Guinée beaucoup de gens s’interrogent sur les véritables raisons de l’arrestation de M.Diakité d’autant plus qu’il était connu de tous ou presque qu’il vivait à Dakar depuis de longues années. Qu’en dites-vous ?
Pour être plus exact, c’est depuis six ans qu’il vit au Sénégal, c’est lui-même qui l’a dit devant le Procureur Général. Il a dit qu’il vit au Sénégal depuis six ans sous une autre identité. Maintenant nous ne savons pas pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour pouvoir l’inculper.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel. : (00224) 655 311 112
Créé le 29 décembre 2016 10:21
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