Lansana Kouyaté : « J’accuse Cellou Dalein Diallo… » (Interview)

Lansana Kouyaté, leader du PEDN

ABIDJAN- L’accord politique, son retour en Guinée, la rencontre entre Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, l’ancien Premier Ministre Lansana Kouyaté dit tout ! Le Président du parti de l’espoir pour le développement national a réservé l’exclusivité de cette interview à notre rédaction.


 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Lansana Kouyaté bonjour !

LANSANA KOUYATE: bonjour !

Quelle lecture avez-vous faite des accords issus du dialogue politique inter-guinéens ?

Je suis vraiment déçu pour les résultats qui ont été atteints ou du moins les non-résultats qui n’ont pas permis d’avancer d’un pouce. D’abord l’ordre du jour est presque le même que les négociations du 20 août 2015. Et quand vous comparez les chapitres, point par point, vous verrez que ce sont des répétitions inutiles. Par exemple, la libération des prisonniers, ça été dit en 2015 qu’il faut accélérer leur libération pour calmer la tension politique. Cette fois-ci c’est presque la même chose. C’est incantatoire tout ça !

Avant d’aller à cette négociation, le PEDN a exigé que ce ne soit plus pour venir ressasser les mêmes choses. Il s’agit de prendre les anciens accords et leur donner un timing pour les appliquer. Un point, c’est tout. Or ici, quelque soit ce que vous prenez, si c’est la question du fichier électoral, comparez simplement les accords d’août 2015 à ceux du 12 octobre 2016, vous trouverez que c’est la même chose. A l’exception malencontreuse, à l’exception dommageable de la partie qui a trait aux élections des quartiers et les districts. Là, C’est un recul qui a été enregistré. Parce que dans l’accord de 2015, il est bien dit que toutes ces questions ne seront réglées que quand il y aura des élections transparentes depuis la base, des élections locales jusqu’aux élections présidentielles. Or dans l’accord du 12 octobre 2016 l’on ne veut plus que les citoyens élisent les responsables qui sont les plus proches d’eu c'est-à-dire dans les quartiers et dans les districts.

Dans cet accord il est  dit qu’en lieu et place des   élections locales, ce sera la désignation des conseils de quartier et de district au prorata des voix gagnées dans les communales.  Prenez l’Accord en question et lisez le point 7 du chapitre 1 et le point 15 (a) chapitre 2 qui sont en contradiction totale. Le premier fait référence aux élections locales tandis que le deuxième stipule la composition au prorata des résultats à l’élection communale.  C’est un déni du pouvoir du Peuple qui, de la base au sommet à la base, est la seule source de légitimité. Comment voulez-vous que nous puissions apposer notre signature sur de telles incongruités ?

Pourquoi le représentant de votre parti, s’est retiré avant la fin du dialogue ?

Il s’est retiré l’avant-veille de la fin du dialogue. On a participé activement. Et d’ailleurs le ministre de l’Administration nous a envoyé une lettre de félicitation pour notre participation active. Notre représentant a été d’une très grande pugnacité. Mais à l’avant-veille, on a compris que comme les précédentes fois, on est en train de faire la même pâtisserie. Et nous, nous n’avons pas voulu nous prêter à ce jeu. Alors on a quitté. Le jour de la signature on n’ a été appelé qu’à 7heures du matin  pour nous dire qu’il y a la signature au Bureau de Monsieur le Premier Ministre. Nous avons refusé d’y aller parce que de toutes les façons, on n’allait pas signer  l’accord qui en est sorti.

Ne pensez-vous pas que l’indemnisation des victimes des manifestations politiques de 2013 soit un point positif de ces accords ?

Attendez que ça soit fait.

Vous n’êtes pas optimistes quant à leur application ?

Non ! On nous a habitués à l’inapplication malheureusement. Vous  pensez que c’est le premier accord ? En 2013, on a signé des accords. En 2015, on a signé des accords. Je vous dis que c’est la même chose. Dans ce genre d’exercice, même si un des points est bon, mais si les  trois quarts sont mauvais, on n’appose pas sa signature. L’Accord est un tout.

Quel va être l’avenir du PEDN dans son combat sans ses anciens pairs de l’opposition ?

Quel sera plutôt leur avenir sans nous. Vous auriez pu aussi poser cette question. On est un parti libre. On a appartenu à un groupe. Vous vous rappelez qu’il y avait le Collectif des Partis politiques pour la Finalisation de la Transition, composé essentiellement des Premier ministres Sidya Et Cellou avec d’autres. Et il y avait le groupe ADP (Alliance pour la Démocratie et le Progrès, Ndlr), qui comprenait mon parti, celui d’Aboubacar Sylla, de Jean Marie Doré et d’autres. Ce sont ces deux groupes qui formaient une opposition, mais chacun avait son identité. Quel sera notre avenir ? Notre avenir c’est de continuer à défendre ce qui est juste, à défendre ce qui doit être défendu, ne pas jouer aux petits politiciens en faisant des  vas-et-viens en fonction de nos intérêts propres. Ça ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est comment tirer la Guinée de la situation léthargique dans laquelle elle se trouve.

Un mot sur le rapprochement « spectaculaire » entre Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé qui, dans un passé très récent étaient presque opposés sur tout…

Est-ce à moi de répondre à cette question ? Je suis un citoyen libre qui constate. Et pour cela, je ne parle même pas en tant que chef d’un parti, mais je peux simplement constater que ce ralliement a  été trop rapide sinon brusque à tel point que ça donne le tournis à tout le monde. Ceux qui ont marché quelques jours avant où il y a eu un mort enregistré, ajouté  à plus de 60 morts par le passé lors de similaires manifestations pacifiques . A l’époque on allait même au cimetière de Bambéto, quand on finissait de prier sur les morts. Sur la route de Bambéto, la procession funéraire était  souvent attaquée entrainant d’autres blessés. Alors comment brusquement le président de l’UFDG peut dire qu’il faut faire confiance à celui qui a fait tout ça ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’ils se sont dit ? Sur quoi sont-ils tombés d’accord ? Ce n’est pas à moi de répondre à ces questions. Je pose les interrogations. Mais j’accuse le président de l’UFDG de m’avoir ainsi qu’à d’autres fait courir de tels risques et finir comme laudateur de celui qui était à nos yeux à tous comme coupable de ces drames.

Votre retour au bercail a été annoncé plusieurs fois. Vous êtes toujours hors du pays et pendant ce temps, certaines  langues fourchues estiment que vous manqueriez de moyens. Qu’en dites-vous ?

On ne répond pas aux langues fourchues. Les langues fourchues appartiennent à des serpents très venimeux. J’ai entendu d’autres dire que certains leaders ne voyagent plus à l’extérieur parce qu’ils manquent de moyens. Vous voyez que rester au pays ou voyager aboutit au même résultat quant à l’appréciation «  de la riches ».Pauvre de nous. Je dépense énormément en Guinée autant en étant à l’intérieur qu’à l’extérieur. J’en suis heureux. Je suis heureux d’aider les nécessiteux pour raison de maladie, pour cause de décès, de baptême, de pèlerinage etc. Si j’ai un conseil à vous-même  méfiez vous de relayer leur rumeur malveillante, vous finirez par être contaminé .Que Dieu vous aide à ne pas tomber dans ce travers minable venant de pauvres esprits.

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : (00224) 655 31 11 12

 

 

Créé le 19 octobre 2016 11:02

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