Lutte contre le tabagisme : Qu’en est-il du cas de la Guinée ?

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CONAKRY- La Guinée va renforcer son arsenal juridique pour mieux lutter contre la consommation du tabac. Avec environ 3 à 4 millions de fumeurs (données de 2004), la Guinée disposera dans les prochains jours d’une loi qui règlementera davantage la commercialisation et la consommation du tabac dans le pays.


L’association guinéenne de lutte contre le tabagisme entend déposer une proposition de loi au bureau de l’Assemblée Nationale. Cette nouvelle loi devrait entre autres interdire la publicité et permettre l’application de la réglementation portant sur les paquets génériques. Les différentes marques de cigarette devraient perdre leur identité sur ces différents emballages. Aussi, des slogans comme « Le tabac tue ! » vont également être mis sur chaque paquet de cigarette. A défaut, les fabricants vont devoir mettre l’image des poumons d’une personne qui ne fume pas et ceux d’une autre accro à la cigarette à titre comparatif.

En 1993, la Guinée disposait d’un taux de 57% de fumeurs, avec 10% de sexe féminin, nous renseigne le Dr Lansana Sandry Camara, Président de l’Association Guinéenne de lutte contre le Tabagisme.

Depuis 1994, cette association mène des actions pour freiner la consommation du tabac. A ce jour, elle a à son actif, la mise en place des clubs de santé dans les établissements scolaires.

« Aujourd’hui, il est par exemple interdit à tout élève et même à un encadreur de fumer dans l’enceinte d’un établissement scolaire », se félicite le Dr Sandry Camara.

En attendant l’adoption de la prochaine loi, une autre existe déjà en matière de réglementation du secteur du tabac en Guinée. La loi L/2012/039/CNT parle des dispositions applicables à certains lieux publics, les dispositions applicables à la publicité sous toutes ses formes, celles applicables à l’étiquète, de l’emballage, ainsi que les dispositions pénales qui prévoient des peines privatives de liberté et des peines pécuniaires.

Malgré ses graves conséquences sur la santé publique au niveau mondial, l’industrie du tabac est légale. En 2015, cette industrie a généré 150,3 millions de dollars comme contribution fiscale. Elle avait à la même année créé 2 201 emplois directs avec ses 156 800 points de vente.

L’Association Guinéenne de lutte contre le tabagisme dont 60% des actions sont financés par l’Organisation Mondiale de la Santé, promet de continuer le combat. Avec à sa tête le Dr Lansana Sandry Camara, cette ONG entend mettre en place des centres d’écoute et de sevrage tabagique.

La Guinée est membre à part entière de la Convention Cadre pour la Lutte Antitabac (CCLAT) depuis 2008. Prévue au mois de novembre prochain en Inde, la CoP 7 qui regroupe des représentants des 180 pas ayant ratifié la convention, sera essentiellement axée sur l’exclusion du tabac des accords commerciaux internationaux ; le paquet et la cigarette neutres ; l’augmentation des taxes sur le tabac à hauteur de 75% du prix de vente au détail. En Inde, il sera également question de la stricte réglementation et/ou l’exclusion des produits à nocivité réduite.

S’agissant du premier thème qui sera abordé lors de la CoP7, il sera question de rendre impossible pour un Etat de bénéficier d’avantages commerciaux.

L’augmentation de la taxe à 75% vise quant à elle à décourager les consommateurs.

En dépit de ces ambitions projetées par l’OMS, certains observateurs prévoient un échec de la prochaine CoP. Le Dr Gary Johns est ancien Ministre australien qui publié récemment un rapport. Selon lui, la prochaine convention internationale de l’OMS sur le tabac n’a pas la transparence et le dialogue requis, et qui sous-tendent les valeurs des Nations-Unies.

« La Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS est un club fermé qui utilise l’exclusion pour empêcher le débat. Ceci est l’une des nombreuses questions auxquelles le prochain Directeur Général de l’OMS doit apporter d’urgence des réponses pour la survie de l’organisation », a soutenu le Dr Johns.

L’ancien Ministre issu du parti travailliste australien recommande une politique qui intègre tous les acteurs.

« Toutes les parties intéressées doivent être autorisées à suivre les procédures de la CoP7, puisqu’elle est une procédure commune à d’autres conférences des Nations-Unies. L’alternative est que les consommateurs de tabac seront exposés à plus de nocivité que le cas contraire », estime le Dr Gary Johns.

 

SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 27 septembre 2016 16:00

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