Faya François Bourouno : « Pourquoi le PEDN ne prendra pas part à la manifestation de l’opposition… » (Interview exclusive)
CONAKRY- Pourquoi le parti dirigé par l’ancien Premier Ministre Lansana Kouyaté ne prendra pas part à la manifestation de l’opposition prévue le 4 août prochain ? Le Parti de l’Espoir pour le Développement National a t-il changé de camp politique ? Son chargé de communication vient d’apporter des précisions sur son positionnement politique. Dans cette interview, Faya François Bourouno se prononce également sur la situation politique guinéenne…Exclusif !!!
AFRICAGUINEE : Bonjour Monsieur BOUROUNO !
FAYA FRANCOIS BOUROUNO : Oui bonjour !
Pourquoi le PEDN a décidé de ne pas prendre part à la manifestation de l’opposition le 4 août prochain ?
On a décidé de ne pas participer à cette manifestation pour des raisons qu’on a déjà évoquées. C'est-à-dire, nous ne sommes pas décideurs de cette manifestation donc par conséquent nous ne pouvons pas être des suiveurs, c’est l’une des raisons. Secundo, on a tiré les leçons du passé. Il faut être objectif quand on fait une lutte politique (…). Nous préférons pour l’instant ne pas aller dans une telle stratégie (…), sans pour autant la condamner puisqu’elle est reconnue par la constitution. Nous respectons l’opinion des autres, parce que nous concourrons tous à la construction et à la consolidation de la démocratie dans notre pays. En plus de cela, nous estimons tous que la méthode d’action de cette opposition doit intégrer beaucoup plus le social que des questions politiques pour lesquelles nous luttons aujourd’hui. Nous parlons au nom des citoyens. Au-delà des questions électorales par exemple ces guinéens ne se retrouvent plus dans la gouvernance économique et sociale de notre pays. Ils se sentent assez divisés et très divisés d’ailleurs. La méfiance ne fait qu’augmenter. Au-delà de cela la misère et la pauvreté ne font qu’accroitre. La preuve par le passé nous étions à 54% du taux de pauvreté, de nos jours le pays est autour de 59%. Ici pas de classe moyenne. Pendant six ans de gouvernance le pouvoir n’a rien fait pour créer une classe moyenne. Donc au jour d’aujourd’hui les jeunes chôment et les femmes ne trouvent plus de conditions faciles d’accès au marché. Toutes ces questions doivent être désormais à l’ordre du jour. Au niveau du PEDN ça sera l’ordre du jour que nous déroulerons prochainement avec nos futurs alliés avec les quels nous allons discuter.
Qu’est-ce que vous proposez en lieu et places des manifestations à votre niveau ?
Nous n’excluons pas de manifester (…). On ne peut pas proposer quelques choses à la place des manifestations, étant donné que ce sont des instruments valables, d’usage politique. Donc pour l’instant nous sommes en phase de négocier avec des partis pour une alliance au sein de cette opposition politique. Nous attendons de la finaliser pour mettre en place une méthode de combat politique qui doit être très cohérente vis-à-vis des objectifs que nous nous fixerons. Un parti politique c’est la quête du pouvoir, un parti politique ne joue pas à se fixer comme objectif celui de rester éternellement dans l’opposition. Le PEDN est un parti d’opposition politique, mais nous comptons dans les prochaines périodes être le parti majoritaire de la mouvance présidentielle. C'est-à-dire celui qui a le pouvoir en Guinée.
Quelle est la vraie position du PEDN dans la sphère politique guinéenne ?
Nous sommes un parti d’opposition, notre position n’a pas changé. Vous savez, l’opposition est une conviction, mais pas contre une personne, mais plutôt contre le système qu’Alpha Condé a mis en place. Nous nous opposons contre ce système qui n’est pas bon. Ce régime a créé un calvaire et donc c’est contre cela que nous luttons. C’est ce qui définit notre position dans l’opposition actuelle. L’opposition n’est pas la maison de quelqu’un, mais plutôt la conviction globale de désapprobation de la gouvernance en place. D’ailleurs notre parti reste le plus cohérent dans cette opposition. A chaque fois que cette opposition a pris une décision, le PEDN est le seul parti à respecter cette décision. Vous comprendrez à l’époque, on avait des ministres au Gouvernement quand l’opposition a décidé de quitter ces institutions, nous avons retiré nos ministres du Gouvernement. Nous avions aussi un représentant au CNT (Conseil National de la Transition, Ndlr) qu’on a retiré de cette institution aussi, parce que c’était une décision de l’opposition. Après les législatives l’opposition a dit qu’on ne siège pas à l’Assemblée Nationale, le PEDN a été le seul parti qui a souscris à cette demande. Nous ne l’avons pas fait pour respecter la décision de l’opposition ? Nous sommes le parti le plus constant dans cette opposition. Notre objectif c’est de créer une alternance politique pour que le PEDN puisse avoir le pouvoir. Notre objectif ce n’est pas de faire des Vas-et vient autour du pouvoir et de jouer la complaisance avec eux tout en demeurant dans l’opposition.
Quel est votre point de vue sur le dialogue politique inter guinéen ?
Notre point de vue est que pour l’instant il n’y a pas de dialogue en place. Pas véritablement de processus de dialogue en place. Ce qui est sûr il y a des tentatives que nous avons constatées depuis très longtemps et que nous avons vécues depuis six ans (…). Le problème c’est d’identifier qui bloque et de voir pourquoi l’entité ou la personne bloque le dialogue. Notre participation dépendra des conditions préjudicielles. Il faut comprendre que par le passé il y a eu assez de conclusions qui n’ont pas abouties. Qu’-est-ce que nous avons fait des relevés de conclusion qui ont été signés au cours des dialogues précédents ? Nous réitérons quand même notre position de disponibilité pour le dialogue politique puis que c’est la voie la plus ultime et qui est à privilégier. Il appartient aux acteurs aussi de comprendre la nécessité de mettre en place un cadre de dialogue pérenne, qui avait d’ailleurs été sollicité lors du dialogue de 2013. Nous sommes disposés au PEDN à dialoguer, mais nous souhaitons qu’il y ait des préalables à un dialogue pérenne soient réunies.
Où est-ce que vous en êtes avec la mise en place de votre nouvelle alliance politique ?
Ce processus avance beaucoup. On a fait uneplateforme et un document qui est partagé et lu par les différents partis politiques engagés dans cette alliance politique au sein de l’opposition. A ce jour les discussions sont très avancées. Au retour du président Lansana Kouyaté vous verrez que cette alliance sera signée avec le nombre de partis qui maintiendront cet engagement. Nous engagerons à dérouler aussi la stratégie de conquête politique que je vous annonçais tantôt.
Votre mot de la fin aux lecteurs d’Africaguinee.com…
J’appelle les guinéens au courage et à la vigilance. La manipulation politique est entrain de prendre les devants sur la réalité politique. Il faut qu’on se débarasse de cela. Notre pays n’a plus besoin de cette démagogie, il faut qu’on sorte de cela pour qu’on voit de vrais projets de société. Les débats politiques doivent être désormais autour des idées et des valeurs. Il faut qu’on sorte des débats communautaires et claniques pour permettre aux guinéens de choisir le leader le plus apte qui va aider le pays à décoller.
Merci Monsieur Bourouno !
C’est à moi de vous dire merci !
Interview réalisée par
BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 655 31 11 13
Créé le 30 juillet 2016 11:49
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