Confidences d’El hadj Mamadou Sylla : Pourquoi Alpha Condé m’a déçu?

El hadj Mamadou Sylla, leader de l'Union Démocratique de Guinée

CONAKRY- Le divorce est-il consommé entre le Président Alpha Condé et le chef de file de l’Union Démocratique de Guinée ? El hadj Mamadou Sylla est frustré ! Il a exprimé sa colère dans cette interview exclusive accordée à notre rédaction. Au milieu de la colère, El hadj Mamadou Sylla fait également des révélations sur les promesses qu’Alpha Condé lui aurait faites. Dans cet entretien, le leader de l’UDG fait également des confidences sur Sidya Touré et Kassory Fofana. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : El hadj Mamadou Sylla bonjour !

EL HADJ MAMADOU SYLLA : Bonjour Monsieur Souaré !

Le week-end dernier vous avez annoncé la mise en place d’un nouveau bloc politique appelé « Front Uni pour la Démocratie ». Peut-on savoir ce qui a motivé cette décision ?

En ce qui me concerne, c’est une question de frustration. Vous savez un homme frustré peut même se donner la mort, ou il trouve la solution ailleurs. Tous les guinéens savent que je suis une personne fidèle dans son amitié. Pour preuve j’étais un ami intime au défunt président Lansana Conté. Avec Alpha Condé, avant même qu’il ne soit président, nous étions les acteurs politiques du pays. Mais pendant les cinq ans de sa présidence, notre partenariat n’a pas été avantageux pour moi. On n’est jamais consulté par le président pour des prises de décisions (…). Bien sûr c’est le chef de l’Etat, mais il y a quand même des amis et des alliés auxquels il peut se référer pour certaines choses. Entre Mamadou Sylla et Alpha Condé il n’y a aucun problème particulier. C’est le respect qui prime. Je l’appelle grand –frère et il m’appelle jeune frère. Parfois il y a des ruptures entre nous, mais à chacune de nos rencontres on se concerte pour parler de l’avenir.

Toutes les fois qu’il y a eu une sorte de rupture dans notre amitié, je n’ai jamais été fautif. En guise d’exemple, après les élections de 2010, il n’y a avait aucun contact téléphonique au moins pendant six mois, avant qu’il ne se rétracte. Autre chose, je suis tombé malade pendant quatre mois, il ne m’a jamais appelé, et quand c’est moi qui tente de l’appeler, il ne décroche jamais. Un autre cas, c’est quand j’ai donné un bureau au député uninominal de Boké qui est Alpha Boké, je sais ce qu’il a fait. Il est passé par tous les moyens pour retirer ce bureau à ce monsieur qui appartenait au parti de Sidya Touré qui était de l’opposition. A l’époque d’ailleurs le président nous disait que Sidya et Kassory Fofana sont de mauvaises personnes et qu’il ne fallait pas s’en approcher. Mais ironie de l’histoire, tous les deux travaillent avec Alpha Condé. Ce qui est grave, il te dit de mauvaises choses au sujet de quelqu’un et après tu le vois avec cette personne.

Je vais vous dire, je suis président de parti et je dois rendre compte à mes cadres. Ils ne peuvent pas comprendre que leur président par exemple nomme à des postes de responsabilité des gens inconnus par nous  et voir même parfois des personnes considérées comme des ennemis à lui et de laisser les cadres des partis qui sont proches et alliés à lui. C’est pourquoi je dis que je suis un homme frustré.

Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que vous regrettez d’avoir soutenu Alpha Condé lors des élections présidentielles de 2010 et de 2015 ?

Oui. Vous savez, je ne ressemble pas à un démagogue, ni à quelqu’un qui a sa langue dans sa poche. Si je dis le contraire, j’aurais menti. Notre alliance, notre partenariat, n’ont pas été bons. Vous savez que le respect est très important dans nos sociétés africaines. Pour le moment je suis à paris, où j’ai rencontré deux personnes qui sont aussi frustrées que moi (allusion faite à Papa Koly et Makanéra, ndlr). Pour la petite histoire, le ministre Makanéra a tout fait pour que mon parti fusionne avec le RPG-arc-en-ciel. Je lui ai dit à l’époque qu’il ne connaissait rien dans la politique et qu’il ne fallait pas faire ce pari risqué. Je crois que l’histoire m’a donné raison. A notre rencontre ici à Paris, les deux m’ont approché et m’ont expliqué le bien fondé de leur démarche. Comme nous partageons les mêmes idéaux j’ai accepté leur proposition.

A trois, vous avez décidé de mettre en place un bloc politique qui se réclame du centre. Pourquoi vous n’avez pas rejoint le camp de l’opposition ?

Vous savez en politique, il faut toujours aller pas à pas. Pour le moment je dis que je suis un homme frustré et je sais qu’en Guinée, il y a assez de guinéens qui ont perdu leur vie pour la démocratie. Nous n’avons pas encore oublié les massacres du 28 septembre 2009. Je suis pour la légalité et la justice et nous battrons pour que ces morts ne soient pas morts pour rien. Il y a eu rupture entre nous, une rupture provoquée par le président Alpha Condé lui-même. C’est vrai que s’il n’a plus besoin de moi, c’est le bon moment pour moi de partir. Nous sommes déjà en pourparlers avec d’autres personnes outre Papa Koly et Makanéra. Pour le moment Alpha Condé est président jusqu’en 2020. Après 2020, la constitution ne le permettra pas de briguer un autre mandat. Donc chacun se cherche, et en ce moment on va voir avec qui partir.

Il se dit que personnellement vous êtes frustré parce que le président Alpha Condé n’aurait pas respecté l’engagement qu’il aurait pris à votre niveau concernant le  remboursement de toutes ses dettes que l’Etat guinéen reste vous devoir. Qu’en dites-vous ?

Vous savez qu’il y a un papier qu’on a signé au départ. Comme témoin le Général Facinet Touré (médiateur de la république, ndlr) est là, vous pouvez toujours le lui demander s’il a le courage de le dire, il vous le dira. Avant même que le président ne soit élu, il m’a promis de me remettre dans mes droits une fois à la tête du pays. D’ailleurs il avait dit que ça allait être le premier travail de son ministre des finances. Les cinq ans sont passés et rien. Cela a trop trainé. Depuis trois ans, le dossier est mis en délibéré avec un juge à Conakry. Rien n’est fait, toutes les preuves sont irréfutables. Vraiment je ne comprends pas comment on peut traiter son ami de la sorte. Je ne demande pas grand-chose au président, mais de m’aider à rentrer en possession de mon argent c’est tout. Il est là maintenant depuis six ans.

En tant que leader politique, quelle observation faites-vous de la crise politique actuelle avec les nombreuses menaces de l’opposition qui n’exclue pas de reprendre ses manifestations de rue ?

J’avoue qu’il y a deux mois que je ne suis pas à Conakry. Je suis là pour une intervention chirurgicale au niveau d’un œil. Je ne sais pas réellement de quoi il s’agit.

Après ce divorce avec le RPG Arc-en-ciel, comptez-vous quitter la mouvance présidentielle au niveau du Parlement ?

Pour le moment on n’est pas arrivé à cela. Chaque chose à son temps.

Est-ce que l’UDG va présenter des candidats lors des élections locales ?

Bien sûr que Oui. Notre parti est fait pour aller aux élections. Vous savez c’est pourquoi je n’ai pas accepté la fusion de mon parti au sein du RPG-Arc-en-ciel, j’ai préféré être un parti allié. Vous savez j’ai une grande famille et des enfants qui ont des licences et d’autres qui font leur Masters, toutes ces potentialités peuvent renforcer l’UDG dans le futur. Donc c’est pour vous dire que la fusion n’est pas d’actualité chez nous.

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 1 mars 2016 11:04

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