Formation professionnelle en Guinée : Entretien avec le DG de l’ONFPP, Lucien Guilao…
CONAKRY- La nouvelle Direction Générale de l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnel nourrit de grandes ambitions. Après avoir lancé un programme d’autonomisation de 15.000 femmes vivant en milieu rural, l’ONFPP ambitionne de faire de la formation professionnelle un des leviers pour le décollage économique de la Guinée. Le Directeur Général de cet office, Lucien Guilao, revient dans cette interview sur les grands axes du vaste programme de reforme de l’ONFPP, et surtout, ses priorités pour les prochaines années…
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Lucien Guilao bonjour !
LUCIEN GUILAO : Bonjour mon cher ami!
L’ONFPP vient d’initier un vaste programme d’autonomisation des femmes vivant en milieu rural et péri urbain, par la formation et l’apprentissage, pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, nous venons de lancer ce vaste programme national. Ce qu’il faut savoir c’est que l’objectif visé par ce programme c’est de venir en appui au dispositif déjà existant d’autonomisation des femmes vivant en milieu rural et péri urbain par le renforcement de leurs capacités intellectuelles, managériales et entrepreneuriales.
Pour atteindre cet objectif l’ONFPP a identifié 5 axes d’intervention qui sont, l’alphabétisation, la formation aux activités génératrices de revenus, l’accompagnement à la mise en place de structures féminines auto encadrées, la formation à la gestion de ces activités génératrices de revenus, et l’appui à l’augmentation des capacités économiques des groupements féminins. Ces axes d’intervention sont complémentaires et ont pour objectif de concourir à l’épanouissement des femmes Guinéennes vivant en milieu rural et péri urbain en leur permettant de mieux participer à la gestion de la cité, à la scolarisation de leurs enfants et à la réduction de la pauvreté.
Ce programme impactera 15.000 femmes pendant 3 ans pour un coût global de 14,73 milliards de francs guinéens entièrement financés sur par l’ONFPP. Dans la mise en œuvre de ce programme l’ONFPP agira en partenariat avec AFRILAND FIRST BANK Guinée.
Pourquoi avoir choisi les femmes et spécialement celles qui vivent en milieu rural et péri urbain ?
Les raisons sont simples et évidentes, et disons que nous sommes rattrapés par la réalité qui est là, toute nue. La réalité nous dit qu’en Guinée, les femmes constituent plus de 50% de la population et que 70% d’entre elles vivent en milieu rurales et péri urbain. Ces chiffres montrent que lorsqu’elles ont accès à l’éducation et la formation les femmes deviennent incontestablement l’un des principaux moteurs de la croissance pro pauvre. La réalité nous dit aussi que sur cette planète que 2/3 des adultes analphabètes sont des femmes et qu’en même temps 70% des personnes les plus pauvres sont des femmes.
Est-ce que vous savez que dans certains pays en développement, il est plus probable et donc plus facile pour une fille de mourir à la naissance que d’aller à l’école ? La réalité nous rattrape et elle nous effraie en même temps qu’elle nous rassure en nous ouvrant des portes. Elle nous dit que lorsque les femmes ont accès à la formation, elles prennent de plus en plus soin de leurs enfants avec pour effet immédiat une baisse des taux de mortalité infantile et de mutilations génitales par exemple. Et enfin, ce qui est bien chez les femmes, c’est que lorsqu’elles gagnent de l’argent, elles réinvestissement 90% dans leur foyer. La réalité nous rattrape et on est obligé d’agir.
Le programme doit impacter 15.000 femmes je sais que c’est énorme, mais en même temps j’ai envie de dire que c’est peu compte tenu de la réalité que vous nous expliquiez tout à l’heure, qu’en pensez-vous ?
Vous avez parfaitement raison et c’est la raison pour laquelle nous lançons aussi une opération de parrainage pour donner à tout le monde la possibilité de participer à ce vaste programme. Nous espérons que cette opération de parrainage pourra porter le niveau nettement au-dessus des 15.000 initialement prévus.
Comment se porte l’ONFPP ?
L’ONFPP se porte bien, nous sommes en pleine mutation, nous essayons de mettre en place notre projet d’entreprise. Nous nous organisons afin qu’à l’horizon 2020 l’ONFPP soit une institution forte au service de son public cible, une institution moderne, bien implantée dans nos régions, disposant d’un personnel qualifié, compétent, suffisant et motivé ,une institution bénéficiant de la confiance des partenaires techniques et financiers, celle des entreprises et enfin une institution mobilisant efficacement les ressources.
Avez-vous les moyens de votre politique ?
Ce qu’il faut savoir c’est que l’Etat à lui seul ne peut pas financer la formation des femmes, des jeunes et la reconversion de leurs ainés et c’est pour cette raison qu’il a créé l’ONFPP et comme je vous l’ai dit plus haut il nous appartient de mobiliser et d’actionner tous les leviers que la loi met à notre disposition pour mobiliser les ressources nécessaires pour mener à bien notre mission. Nous allons donc nous donner les moyens de notre politique.
Comment se porte globalement la formation professionnelle en Guinée ?
Elle est en pleine mutation, et elle s’est fixée pour objectif de relever les différents défis qui se présentent à elle. Le défi des infrastructures est sur le point d’être relevé avec la rénovation, qui est plus proche de la construction ex nihilo, de grands centres et grandes écoles d’enseignement technique et de formation professionnelle, la construction des écoles régionales des arts et métiers.
Avec l’appui des partenaires techniques et financiers, le Ministère de l’Enseignement technique de la formation professionnelle, a entamé un vaste programme de rénovation de l’offre de formation. Ce programme passe par la mise en place d’une nouvelle organisation et de nouvelles procédures, le renforcement des compétences des formateurs, la rénovation du dispositif de formation continue surtout dans les domaines porteurs de croissance, l’élaboration et la mise à niveau des programmes de formation, etc. Comme vous le voyez, il s’agit d’un travail de fond sans lequel, rien n’est possible.
Pour l’instant il n’est pas visible pour certains mais ceux qui suivent de près notre actualité sont séduits et ce n’est pas pour rien que le nombre d’inscrits dans les centres et écoles professionnelles augmente de façon géométrique tous les ans depuis 5 ans.
Cet accroissement nous met la pression et nous oblige d’être à la hauteur des espoirs placés dans le système de formation professionnel par ces jeunes.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 12 février 2016 18:16
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