Violences à Conakry: Voici le témoignage de commerçants en colère (reportage)

Mohamed Bah, Commerçant-Photo: A.Bah-Africaguinee.com

CONAKRY- Au lendemain des élections présidentielles, le  commerce fonctionne partiellement  à Madina, le plus grand marché du pays. Plusieurs  commerçants  victimes  ont exprimé ce vendredi  leur colère suite aux pertes qu’ils ont subis lors des affrontements entre militants du  camp présidentiel et  ceux  du parti de Cellou Dalein Diallo , a constaté sur place Africaguinee.com.


Selon le constat, ce marché qui a enregistré des pertes énormes, n’arrive toujours pas à reprendre normalement ses activités.Depuis une dizaine de jours certains magasins et boutiques sont toujours fermés. 

Assis devant son magasin vidé de son contenu, en colère, ce commerçant  accuse les forces de l’ordre d’être responsables des pertes qu’il a subis.

«  J’ai été témoin des faits,  lorsque plus de 200 personnes sont venues au centre Koumi pour brûler et emporter les biens. Dans mon magasin  plus de 600 matelas ont été vandalisés aux environs de 22 heures le 8 octobre  dernier, par les loubards appuyés par les forces de l’ordre.   Actuellement, je n’ai rien. Je ne sais pas comment subvenir aux besoins de ma famille », se lamente Ismaël Bah . 

Une autre victime, un cambiste a enregistré de nombreuses pertes raconte: " Mon bureau de change  a été saccagé par les loubards avec la complicité de la gendarmerie", dit-il avant d'accuser "les policiers et gendarmes d’avoir  transporté dans leurs véhicules leurs biens. En  déplorant cet acte,  Bah Mohamed Lamine a demandé que Madina soit sécurisé par le gouvernement car dit-il "c'est le poumon économique du pays".

Son bureau et douze de ses véhicules ont été incendiés, Koumi Baldé dit avoir tout perdu. Selon lui, une trentaine de magasins ont été saccagés et brûlés.

Mamoudou Cissé, qui  a vu son magasin de stocks de  bidons et de cubes Mila Tank pillé exprime son mécontentement. « Franchement on n’est pas content, j’accuse surtout la gendarmerie et la police, parce que qu’on a détruit ici devant eux et ils n’ont rien fait.  J’ai perdu un peu plus de 166 millions  de francs guinéens », a déclaré M. Cissé  

Une autre victime, Kaba Sofiane, dit que les vandales ont emporté  47 congélateurs qui étaient stockés dans son magasin. Il ne cache pas sa déception face au comportement des forces de l'ordre.   «  Comment des personnes peuvent venir détruire des magasins alors que les agents de sécurité sont là ? Le président a nommé  le Général Ibrahima Baldé et Mohamed Diaré  à la tête de l’unité de sécurisation des élections présidentielles.  Alors pourquoi les gendarmes et les policiers ne protègent  pas les commerçants ? C’est eux qui organisent tout cela, il faut qu’on enlève les chefs comme ça  », a souhaité  ce commerçant au centre Koumi, Thierno Amadou Diallo.  

Quand à Barry Abdourahamane, il raconte que ses boutiques de produits cosmétiques et des matériels électroniques ont été pillées.   

Pour rappel en 2010,  les opérateurs économiques avaient subis  des pertes  de leurs biens lors des élections présidentielles, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas été indemnisés  malgré la promesse du Gouvernement. La plupart des victimes de ces pillages disent ne plus faire confiance au Gouvernement.

De son côté, le gouvernement guinéen a nié toute indemnisation des victimes d'actes de vandalisme lors des violences pré-électorales à Conakry. Dans un communiqué, le gouvernement a affirmé qu'une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités dans cette affaire, avant de prendre les mesures  qui s'imposent.

 

Un reportage de  BAH Aïssatou

Pour africaguinee.com

Tél : (+224) 655 31 11 14

Créé le 24 octobre 2015 10:39

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