Retour avorté de Dadis en Guinée : les révélations de l’ancien Ministre Idrissa Cherif (Interview)
ABIDJAN-Le retour manqué de l’ancien président de la transition guinéenne, Moussa Dadis en Guinée, continue de susciter des réactions dans la sphère politique guinéenne. L’ancien ministre de la Communication sous le règne de Moussa Dadis Camara, Idrissa Cherif donne son analyse face au blocage à Ouagadougou, de l'ancien chef de la junte guinéenne. Le président du Front Patriotique Guinéen (FPG) qui vit en Côte d’Ivoire, lève aussi un coin du voile sur la réaction des autorités ivoiriennes dans cette affaire. Exclusif !!!
Africaguinee.com: M. Cherif bonjour!
Idrissa Cherif: Oui bonjour !
Selon vous qu’est-ce explique le blocage de M. Dadis Camara à Ouagadougou ?
Je dirais que Dadis a exprimé devant la nation guinéenne qu’il souhaite rentrer dans son pays; je pense que le peuple l’attendait à bras ouvert à Conakry. Contre toute attente on ne sait par quel moiyen Dadis a été encore retenu à Ouagadougou. Il n’a même pas pu franchir la porte d’entrée de l’aéroport d’Ouagadougou pour venir. Pour le moment, je ne peux pas dire que ce sont les autorités guinéennes qui l’ont empêché de rentrer.
Il y a une voie ou une piste qui veut nous dire que les autorités ivoiriennes ne veulent pas qu’il (Dadis) atterrisse à Abidjan. La version selon laquelle, une certaine autorité Burkinabé aurait eu à dire à Moussa Dadis Camara; s’est avérée véritablement fausse. D’ailleurs ce qui est évident, quand il arrive à Abidjan il sera en extra territorial, donc le Burkina n’a rien à voir dans ça. Donc étant en extra territorial, on ne peut pas l’empêcher de partir. Et de surcroit, c’est un citoyen de la CEDEAO qui souhaite rentrer tranquillement dans son pays.
Je pense que ce n’est pas le moment de mettre de l’huile sur le feu, on doit chercher plutôt à temporiser la situation parce qu’on a toujours besoin de paix en Guinée. Dadis montre sa volonté de revenir au pays, donc il est important qu’on le laisse rentrer. S’il y a autre chose à faire, arriver à Conakry cette chose pourrait se régler. Ce qui se passe, on l’a bloqué à Ouagadougou, c’est ça la vérité. Les autorités Burkinabé doivent laisser Moussa Dadis Camara accomplir sa volonté.
Quelle est la version des autorités ivoiriennes dans cette affaire ?
Le ministre ivoirien de l’intérieur m’a dit qu’il n’est même pas informé. Actuellement il n’est pas en Cote d’ivoire, il est en vacance en Italie. Donc le problème ne se pose pas à ce niveau, ce ministre Ahmed Bakayoko est un ami personnel. Je suis certain que les autorités ivoiriennes n’étaient pas informées de cette situation. On les a fait échafauder quelques choses pour ne pas que Dadis rentre. Sinon, c’est une chose qui passe inaperçu en Côte d’ivoire.
Avez-vous échangé avec M. Camara depuis cet épisode ? Si oui, qu’est-ce qu’il vous a dit ?
C’est vrai, premièrement il a le moral tranquille, il est toujours en train de chercher la voie pour quitter la capitale Burkinabé, mais des voies avec beaucoup de négociations. Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour obtenir gain de cause.
Il y a quelques jours, le ministre guinéen de la justice affirmait que Dadis pourrait bien rentrer en Guinée pour préparer sa défense dans le dossier du massacre du 28 septembre. Qu’en dites-vous ?
En dehors même du ministre de la justice, le président Alpha Condé lui-même a dit que le président Dadis peut rentrer au pays quand il voudra. En ce moment, il n' y avait pas de poursuite contre sa personne. Aujourd’hui, il y a une inculpation d’accord, mais cela ne l’empêche pas de rentrer et de faire face à certaines obligations. Le ministre de la justice doit absolument joindre l’acte à la parole, ça doit être l’implication de tous pour que Dadis rentre.
Je suis certain que le pouvoir n’a aucun intérêt de barrer Dadis dans sa volonté de retourner au pays puisque eux-mêmes ont dit haut et fort qu’il est libre de rentrer.
Maintenant, il faut qu’on nous dise pourquoi il (Dadis) ne rentre pas ? Et qui est derrière ce coup ? Pour le moment le pouvoir de Conakry n’a pas ouvertement montré son opposition contre le retour au bercail de l’ancien président. C’est un peu tôt d’accuser le pouvoir mais je cherche la main mise qui est derrière cet empêchement. C’est dangereux, c’est humiliant d’empêcher un citoyen dans sa liberté.
Des informations ont circulé dans certains medias en ligne comme quoi M. Dadis Camara serait détenu dans le camp militaire de Pô…
C’est faux ! C’est une allégation mensongère. Le président Dadis est dans sa résidence à Ouagadougou, il n’est pas dans un camp comme certains le prétendent. Je réitère encore il n’est pas dans un camp, il est chez lui, je ne vois pas d’ailleurs la raison qui va le conduire dans un camp qu’est ce qu’il a fait ? Je confirme qu’il est chez lui. Tout ça ce sont des fausses informations, comme votre site est sérieux, vous avez cherché à vérifier. J’échange avec lui au quotidien, mais ça n’a jamais été envisagé de le mettre dans un camp. Il faut que les gens arrêtent de faire des spéculations.
Votre mot de la fin ?
La Côte d’Ivoire n’a aucun n’intérêt à empêcher Dadis à rentrer chez lui via son territoire, puisque le président Ouattara lui-même appelle chaque jour ses compatriotes qui sont en exil au Ghana un peu partout dans le monde à rentrer pour contribuer au développement de leur pays. Donc, je ne vois pas dans quel sens le pouvoir ivoirien va empêcher un citoyen qui souhaite regagner son pays de passer par la Côte d’ivoire.
Côté guinéen, Alpha Condé a dit que Dadis peut rentrer, lui aussi doit le laisser rentrer, c’est valable pour le ministre de justice qui a fait la même annonce. Ceux qui sont venus voir Dadis pour lui dire que les autorités ivoiriennes empêchent qu’il atterrisse, (qu'ils sachent) qu'on peut passer par Bamako ou Dakar mais la réalité est toute autre.
Je demanderais aussi aux burkinabé de prendre de la hauteur et de savoir que Monsieur Dadis Camara a soif de rentrer chez lui. Quand il rentrera, on parlera entre guinéens. Je me demande pourquoi le retour Dadis fait peur. Ce qui est malheureux, il n’a même été à l’aéroport de Ouagadougou, on commence à crier que Abidjan a marqué son refus, ce qui est faux. La constitution ivoirienne ne permet pas, les règles élémentaires ne permettent pas d’empêcher le transit des vols, quelque soit les passagers qui s’y trouve.
Merci Monsieur Cherif !
Je vous en prie!
Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 20 août 2015 11:16
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