Baidy Aribot : ‘’Pourquoi l’opposition veut reprendre les manifestations de rue…’’ (Interview)
CONAKRY- Que faut-il pour éviter de nouvelles manifestations en Guinée ? Après le départ de l’opposition guinéenne du dialogue politique, le Secrétaire Nationale de l’Union des Forces Républicaines, Baidy Aribot a évoqué les motifs de la reprise prochaine des manifestations. Sans langue de bois, le député de la circonscription électorale de Kaloum fait des propositions de sortie de crise en Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Honorable Baidy Aribot bonjour !
BAIDY ARIBOT : Bonjour !
Pourquoi l’opposition a décidé de quitter le dialogue politique alors que tout semblait être bien parti ?
Parce que les deux points d’achoppement qui sont les points cruciaux du dialogue, c'est-à-dire le problème des élus locaux et de la CENI, n’ont pas été traités comme il le fallait. Les leaders qui représentaient l’opposition, comme vous le savez sont arrivés au palais du peuple pour rencontrer les facilitateurs et les représentants de la communauté Internationale, mais à leur grande surprise on leur tend un papier en leur disant que ce sont les conclusions du dialogue. Chose qu’ils ont refusé de parapher, avec bien sûr certains diplomates comme l’Ambassadeur des Etats-Unis. Mais en dépit de tout, l’opposition est prête encore une fois d’examiner des propositions allant dans le sens de satisfaire les demandes sur les deux points.
Mais pendant ce temps, vous menacez aussi de reprendre vos manifestations de rue…
Oui, tout à fait, c'est-à-dire nous croyons aux vertus du dialogue si franchement l’autre partie (camp présidentiel, ndlr) souhaite aller au dialogue. Mais si la mouvance pense que le dialogue peut être la condition sine qua non de la paix civile et d’une stabilité dans le pays, l’opposition n’a pas d’autre choix, que de manifester dans le cadre des lois de la République.
Pensez-vous que c’est nécessaire de reprendre les manifestations dans le contexte actuel du pays, vu qu’il y a eu assez de morts avant d’obtenir ce dialogue ?
Pourquoi les manifestations sont synonymes de morts ? Pourquoi l’on colle toujours le problème de morts aux manifestations ? Une manifestation qui est un droit consacré par le législateur au citoyen guinéen, comment on peut en faire un problème de mort. Donc ce qui veut dire aujourd’hui, que les gens sont dans l’optique de la boucherie. C’est ce qui veut dire en quelque sorte que c’est eux qui ont derrière cette idée, de ne pas avoir des manifestations politiques légales et pacifiques dans ce pays, ont dans le viseur, de faire du mal aux citoyens qui ne sont pas d’accord avec eux (pouvoir en place, ndlr) et qui manifestent. Ce qui n’est pas du tout normal.
Le pouvoir vous accuse de ne pas respecter la loi en refusant d’adresser des courriers d’informations aux autorités communales avant d’organiser vos manifestations. Qu’en dites-vous ?
Qu’est-ce que la loi dit sur les manifestations ? A partir du moment où l’on a décidé de manifester, on a un devoir d’information, l’autorisation n’est pas nécessaire.
Mais c’est ce que vous ne faites pas ?
Mais bien sûr qu’on le fait. A partir du moment, où l’opposition est considérée comme une Institution Républicaine, puisque vous avez vu que la loi instituant le chef de file de l’opposition a été votée à l’Assemblée Nationale (…). L’opposition comme je vous le dis fonctionne conformément aux textes en vigueur dans ce pays. Cette opposition que nous incarnons, est responsable. En plus quand nous nous retrouvons après une plénière en disant que nous allons marcher pour réclamer un certain nombre de choses, c’est au pouvoir de prendre des dispositions nécessaires, non seulement pour encadrer la manifestation, mais aussi faire en sorte surtout qu’il n’y ait pas mort d’hommes. En plus ce que je déplore, et me pose comme équation, est-ce que les armes de guerre utilisées par les services de maintien d’ordre sont considérées comme des armes classiques dans le maintien d’ordre face à des populations désarmées qui manifestent pacifiquement selon les droits que lui confère la constitution ?
Que répondez-vous à ceux qui disent que l’opposition guinéenne est aux abois ?
Alors si l’opposition est aux abois il ne faut pas qu’on les intimide et que l’on tire sur ses partisans. Vous savez, je n’aime pas discuter sur la base de propagandes inutiles. Si l’opposition est aux abois, que l’on respecte au moins les lois de cette République. Et qu’une fois au dialogue, qu’on signe des documents qu’il faut en respectant les lois, dans le cadre des conditions posées par l’opposition et qu’on aille aux élections dans la transparence, on verra si l’opposition est aux abois. Ce qui est fondamental aujourd’hui est que le dialogue est bloqué.
Que proposeriez-vous pour une sortie de crise en Guinée ?
C’est simple, nous avons nos propositions avec les facilitateurs et les représentants de la Communauté Internationale. Pourquoi eux, ils ne font pas des contrepropositions dans ce sens pour faire évoluer le dialogue ? On vient comme ça et dire aux gens de signer un document à sens unique.
Quelles sont les concessions que l’opposition serait prête à faire ?
Toute négociation c’est du donnant-donnant. L’opposition a lâché du lest dans ce dialogue, mais en retour qu’est-ce que nous avons obtenu de la part des autres, rien du tout.
L’annulation du calendrier des Communales qui étaient prévues en 2016…
C’était normal, puis que les communales ne pouvaient pas se tenir techniquement avant les présidentielles. Il n’y a pas à vanter un effort dans ce sens. Le nœud gordien de ce point, c’est les trois points qui sont le fichier électoral, le problème de la CENI et celui qui concerne les élus locaux. Sur ces questions, il n’y a pas eu d’évolution.
Pensez-vous que le partage des élus communaux et élus locaux en fonction des résultats obtenus par chaque parti lors des dernières élections serait une piste de solution ?
C’est la meilleure solution qu’on peut faire si on veut satisfaire tout le monde dans le sens de l’impartialité. C'est-à-dire le poids de chacun par rapport aux élections législatives est déterminant de leur représentativité dans ces institutions.
L’ancien Premier Ministre Jean Marie Doré estime pour sa part que ça serait une grosse erreur de la part de la classe politique d’adopter un tel raisonnement. Qu’en dites-vous ?
Mais qui viole les lois dans ce sens ? On a demandé de respecter les lois et d’aller vers les élections, quitte à repousser la présidentielle. Ceux qui ne veulent pas disent qu’ils ne peuvent pas le faire conformément à la loi. Donc il faut passer par le consensus. Je trouve vraiment que les observateurs là sont hypocrites. Pendant que l’on demande que la loi et la constitution soient respectées, ils (observateurs, ndlr) ne dénoncent pas cette illégalité, c’est maintenant qu’on les entend dire que c’est une violation des lois, mais qui viole ces lois ?
Hororable Baidy Aribot merci !
C’est moi qui vous remercie !
Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 12
Créé le 12 juillet 2015 02:22
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